La pâquerette

Les pâquerettes, souvent qualifiées de petites marguerites: elles poussent dans les pelouses, se tressent en bracelets… Mais elles sont aussi médicinales et comestibles.

Un peu de botanique

La pâquerette, Bellis perennis est une plante herbacée commune dans toute l’Europe, de la famille des Astéracées (autrefois nommée Composées). Chaque fleur est en réalité un capitule qui regroupe des fleurs à cinq pétales soudés.

Une plante médicinale

Grandes Heures d’Anne de Bretagne
1503-1508, BNF

La pâquerette figurait dans les traités de médecine de la Renaissance. Elle n’a jamais été une « grande » médicinale, mais n’est pas dépourvue d’intérêt. On utilise les parties aériennes fleuries.

La pâquerette contient des mucilages, adoucissants de la sphère ORL et légèrement laxatifs.

Elle se prescrivait dans la goutte, dans l’hypertension.

Une plante aussi commune fait l’objet de recherches: une étude a mis en évidence des propriétés intéressantes anti-prolifératives (des extraits de Bellis perennis s’opposent à la prolifération de cellules impliquées dans certains cancers du tube digestif).

Une autre équipe a montré, toujours in vitro, que les extraits de pâquerettes peuvent présenter un effet hypoglycémiant, par un mode d’action proche de celui de l’insuline.

Ce sont des études in vitro, sans application clinique dans un avenir proche.

En usage externe, elle est vulnéraire (guérit les plaies et blessures). Une huile de Bellis est facile à préparer, et peut s’utiliser sur des hématomes, comme une huile d’Arnica. Cet usage traditionnel est confirmé par des études récentes: la pâquerette augmente la synthèse du collagène.

Une huile anti-âge?

Plutôt de recourir à des cosmétiques élaborés (onéreux et additionnés de conservateurs, émulsionnants, parfums divers), vous pouvez préparer un macérat huileux: laisser sécher les fleurs, couvrez d’huile (argan, jojoba, avocat…), laisser macérer dix à vingt jours, au soleil pour certains, et filtrer: c’est prêt! Ne préparez pas de trop grandes quantités, il n’y a pas de conservateur!

Cette même huile peut être appliquée sur des bleus, contusions… ou plus rapide, vous préparez une décoction de feuilles et fleurs (faire bouillir 2-3 minutes, puis infuser 10 minutes, laisser refroidir et appliquer une compresse imbibée sur la zone à traiter).

Une plante comestible

Vous n’en ferez probablement pas une salade (encore qu’en Italie, elle soit parfois consommée de la sorte), mais les fleurs sont toujours d’un bel effet .

Vous pouvez facilement en préparer un condiment, avec les boutons floraux macérés dans du vinaigre, comme vous le feriez pour des câpres (j’ajoute toujours du laurier, un ou deux clous de girofle en guise de conservateurs à mes légumes ou fruits conservés au vinaigre).

Les fleurs ajoutées à une pâte à gâteaux donnent un goût insolite, un peu épicé, et un aspect qui suscitera bien des questions!

Et puis l’inutile et le superflu (ou pas)

William Morris
Daisy wallpaper

Pâques ou pâturages?

D’où vient ce nom de Pâquerette? l’étymologie la plus répandue l’associe à la fête de Pâques, pour sa floraison printanière (encore que la pâquerette fleurisse presque toute l’année!). Mais Littré donne une autre origine, pâtis, du latin pascua pâturage: elle habite les prairies ensoleillées (habitat in pascuis apricis.)

Une petite fleur qui porte bien des noms: boutons de célibataire, mesure d’amour, jus aux blessures…

Une fleur à pansements

Les chirurgiens qui accompagnaient l’armée romaine ordonnaient aux esclaves de ramasser des pâquerettes . Ils en préparaient un extrait, dont ils imbibaient la charpie pour panser les plaies des soldats. Le remède aidait à la cicatrisation et réduisait l’épuisement consécutif à la blessure.

Isidorus, fin XVème

Au XVIème siècle, un médecin anglais la désigne comme un remède infaillible à toutes sortes de blessures, qui soigne aussi douleurs rhumatismales et fièvre, ainsi que les ulcères, plaies de la bouche. Mathiole, à la même époque, écrit: « les feuilles mâchées guérissent les inflammations de la bouche et de la langue, contuses, elles dissipent celles des organes génitaux ».

Le mot de la fin

à Alfred Capus (1857-1922)

« Les admirations de bien des gens donnent la mesure de leur taille. Ils admirent ce qui les dépasse comme le gazon la pâquerette. »

William-Adolf Bouguereau (1825-1905)
Daisies

Bibliographie succincte

Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus

F.Dupont, J.-L. Guignard Botanique systématique moléculaire 14ème édition, Ed.Elsevier-Masson

Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus

Nathalie Machon, Eric Motard ça pousse près de chez vous  Diffusion Volumen2016

Marie-Antoinette Mulot herboriste diplômée  Secrets d’une herboriste Éd.Dauphin

Margot et Roland Spohn 450 fleurs Les indispensables Delachaux Ed. Delachaux et Niestlé

http://www.copyrightfrance.com/certificat-depot-copyright-france-8YYX1K5.htm

2 réponses sur “La pâquerette”

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