Un houmous version carrosse de Cendrillon, avec des carottes et de la courge.
La vitamine C
Peut-être la plus célèbre des vitamines!
Comme toutes les vitamines, elle doit être apportée par l’alimentation. Et les humains font figure d’exception à cet égard, puisque la plupart des autres espèces animales synthétisent très bien la vitamine C… La vitamine C est présente dans les végétaux, et pas seulement dans les oranges! Poivrons, persil, choux, en contiennent par exemple bien davantage que les agrumes.
Continuer la lecture de « La vitamine C »Le noisetier
Noisetier, Corylus avellana, Bétulacées
À l’époque Romaine, le centre de culture des noisetiers était la Campanie, autour de la ville d’Avella, aujourd’hui Avella (au Nord du Vésuve): c’est ce nom qui est à l’origine de avellana, mais aussi d’un autre nom commun de la noisette: aveline (et avelinier pour l’arbuste), ainsi que des noms italien et espagnol (avellana).
Corylus, le nom de genre, a donné l’autre nom du noisetier: le coudrier.
Le noisetier se retrouve dans des noms de lieux: de coudrier dérivent Coudray (Eure, Mayenne, Loiret…), de avelanier dérive Lavelanet ( Ariège), et le pré-celtique Vaissa a donné La Vaissie en Dordogne: le noisetier est bien présent ! le mot noisetier est trop récent pour avoir des laissé des marques toponymiques.
On trouve des noisetiers partout en Europe, la France en cultive peu (2000 ha environ, à peine 10% de la consommation), le reste est importé de Turquie principalement, ainsi que d’Espagne et d’Italie
Botanique
Pourquoi un noisetier n’a t-il pas toujours de noisettes en automne?
Le noisetier annonce le printemps! dès février, il fleurit. Cette floraison précoce est précieuse pour les abeilles. Les chatons de noisetier ne passent pas inaperçus: ce sont les fleurs mâles. En revanche, la fleur femelle reste très discrète: on ne voit que de courts stigmates rouge vif qui dépassent d’un bourgeon. L’arbuste porte des fleurs mâles d’une part, des fleurs femelles d’autre part, sur le même pied: c’est une espèce monoïque (étymologiquement, mâle et femelle dans la même οἶκος « maison »: sur le même arbre).
Le pollen des chatons (plusieurs millions de grains par chaton, tout de même!) est transporté par le vent et finit par se déposer sur une fleur femelle pour la féconder. Alors pourquoi un noisetier isolé ne porterait-il pas de noisettes? Parce que les fleurs mâles et femelles d’un même pied ne sont pas « compatibles »… et que, pour davantage de sécurité, les fleurs mâles d’un arbre sont à maturité avant les fleurs femelles: tout est fait pour éviter un risque de consanguinité. Il faut donc compter sur le vent pour déposer le pollen d’un autre noisetier sur nos fleurs femelles.
Usages médicinaux et alimentaires
On pense aux noisettes évidemment: les hommes préhistoriques les consommaient déjà, il y en a des trabces dans eds sépultures néolithiques.C’estun fruit sec riche en magnésium, en lipides insaturés (60%), en protéines en vitamines du groupe B (thiamine et B6), en vitamine E, mais peu de vitamine C. Les noisettes fournissent une huile dont la composition est proche de celle de l’huile d’amande et un excellent véhicule pour les huiles essentielles.
Les feuilles renferment des tanins: la tradition les utilise pour soulager les jambes lourdes, , les mains et pieds froids, contre la diarrhée, les maux de gorge. En usage externe, l’infusion de coudrier soulage une poussée hémorroïdaire.
L’écorce, par sa richesse en tanins, était connue comme fébrifuge, cicatrisante et astringente.
Pas de contre-indication connue: une plante d’usage traditionnel sans risque.
En gemmothérapie le noisetier agit à l’étage des poumons, pour limiter la sclérose et faciliter les échanges. Au niveau mental, la noisette bien à l’abri de sa coque est le symbole de la sagesse intérieure.
Une tradition plus ancienne (mais un peu de gourmandise ne peut nuire) propose un lait de noisette (piler longuement les noisettes jusqu’à les transformer en « beurre » et ajouter un peu d’eau ou de lait: aujourd’hui, on utilise simplement un mixer) pour soigner un rhume qui s’éternise.
Sainte Hildegarde en recommandait les fruits contre l’impuissance.
Et je ne résiste pas à cette recette de Mathiole (1554): la cendre de noisettes mêlée à de la graisse d’ours fait repousser les cheveux des chauves!
Ethnobotanique
Dans la Rome antique, on brûlait des torches de noisetier aux mariages pour apporter du bonheur aux époux.
Le bois de coudrier, flexible et facile à tresser, fournit des barrières légères. Les tiges souples maintiennent les chaumes des toits, sont tressées en paniers. Le bois plus ancien forme des bâtons de marche , des tuteurs pour les jardins.
Et la baguette de coudrier: tantôt baguette de maudite du sorcier, tantôt baguette bénéfique du sourcier! elle indique la présence la présence d’eau avec une précision remarquable, souvent supérieure aux études géologiques! c’est la baguette divinatoire.
La mythologie grecque attribue à Apollon une baguette divinatoire en noisetier.
Les avis sont partagés : d’aucuns affirment que le caducée des médecins est en bois de noisetier, d’autres en platane. Si la baguette centrale est un noisetier, c’est le symbole de l’amour : Mercredi, jour de Mercure (Hermès), est le jour du noisetier, de la concorde entre les Hommes.
Quelques traditions, un peu éloignées des usages médicinaux:
Pour les Celtes, c’est l’arbre de la connaissance. Il fait partie des sept arbres chefs des Druides (Chêne, Houx, Pommier, Noisetier, If, Pin et frêne)
Autrefois, les écoliers anglais n’allaient en classe le 14 septembre (Holy Cross Day) pour ramasser les noisettes.
Une tradition d’Halloween: les amoureux font rôtir des noisettes, si elles restent entières, leur amour est solide, dans le cas contraire, disputes à prévoir!
Dans une autre tradition, les noisettes donnent le nom des soupirants: les jeunes filles jettent les noisettes au feu, c’est le craquement le plus sonore qui désigne le l’heureux élu.
À l’est de l’Angleterre, les tiges de noisetier cueillies le jour des Rameaux et placées devant une fenêtre protègent la maison de la foudre.
Et Saint-Patrick aurait chassé les serpents d’Irlande avec un baguette (magique) de coudrier. C’est aussi une baguette de coudrier qui peut protéger des maléfices lancés par les sorcières.
Dans le Devon, une vieille femme accueille la future mariée à l’église avec un panier de noisettes pour garantir la fertilité.
En Irlande, royaume des elfes s’il en est, trois arbres, le pommier, l’aubépine et le noisetier, forment la frontière entre le monde réel et celui des elfes et des fées.
Le mot de la fin…
à Pierre de Ronsard, où l’on retrouve une variante de les vertus divinatoires du noisetier:
Je mis, pour t essayer encores devant-hier,
Dans le creux de ma main des fueilles de coudrier :
Mais en tappant dessus, nul son ne me rendirent,
Et flaques sans sonner sur la main me fanirent ;
Vray signe que je suis en ton amour moqué,
Puis qu en frapant dessus elles n ont point craqué
Amours de Cassandre, 1552
Pour aller plus loin
Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
Michel Dubray Guide des contre-indications des principales plantes médicinales Ed.Lucien Souny
Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus
Francis Hallé Stéphane Hette Frédéric Hendoux Les arbres amoureux Ed. Salamandre, 2018
Marie-Antoinette Mulot herboriste diplômée Secrets d’une herboriste Éd.Dauphin
Jean-Marie Pelt Des fruits. Petite encyclopédie gourmande. J’ai lu 2009
Michel Pierre Les plantes du bien-être, les remèdes de A à Z éd. du chêne
Henriette Walter , Pierre Avenas La majestueuse histoire du nom des arbres Ed.Robert Laffont, 2017
La symphorine
Symphorine Symphoricarpos albus Caprifoliacées
On l’appelle aussi arbre aux perles, symphorine à fruits blancs ou symphorine à grappes.
Elle est originaire du Nord-Ouest de l’Amérique , introduite en 1817 comme plante ornementale.
Les fleurs fournissent un bon nectar aux abeilles.
Toute la plante est faiblement toxique, en cas d’ingestion , les fruits provoquent douleurs abdominales, vomissements, diarrhée.
D’anciens usages thérapeutiques la proposaient néanmoins comme fébrifuge (tige et racine).
Pour aller plus loin
www.toxiplante.fr consulté le 12 octobre 2018
Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus
Le marronnier d’Inde
Marronnier Aesculus hippocastanum Sapindacées
Chauds les marrons, chauds! Eh non, ces marrons-là ne se mangent pas ! (ce sont les fruits du châtaignier qui deviennent des marrons glacés, et pas les fruits du marronnier!). Mais on nomme aussi marrons les fruits de certains châtaigniers cultivés!
Continuer la lecture de « Le marronnier d’Inde »L’if
If, Taxus baccata, Taxacées
Botanique
L’if à baies est l’espèce européenne. Il se caractérise par ses feuilles (« aiguilles ») sur deux rangs, ses fruits en forme de baie rouge et charnue, renfermant une seule graine. Il est totalement dépourvu de résine.
Tous les ifs ne portent pas de fruits: l’arbre est dioïque (il existe des pieds mâles et des pieds femelles): seuls les arbres femelles portent les fruits. C’est le vent qui transporte le pollen , mais la fleur femelle est réduite à un ovule enserré dans des écailles: difficile de capter le pollen. Lorsque l’ovule est prêt, la fleur sécrète un liquide sucré qui suinte au sommet des écailles: le pollen y adhère et atteint ainsi l’ovule.
C’est un arbre d’une rare longévité: on estime à 3000 ans l’âge du plus gros if connu (en Écosse).
Ethnobotanique
L’if était un symbole de mort: d’une part, il est particulièrement toxique, d’autre part, c’est un arbre sacré (chez les Celtes, il fait le lien entre les morts et les vivants, il existait quelques ivaies sacrées ).
Les forêts d’ifs en Europe occidentale ont disparu depuis longtemps: arrachés par les éleveurs pour éviter les empoisonnements du bétail, exploitation du bois pour les arcs et les flèches pendant la guerre de Cent-Ans, utilisation du bois en menuiserie et ébénisterie.
Luthiers, ébénistes et armuriers
Le bois d’if est imputrescible, ce qui a permis d’en trouver des traces dans des fouilles archéologiques: un arc daté d’environ 100 000 ans est le plus ancien objet connu en bois, découvert dans l’Essex. Un peu plus proche de nous, une sagaie en if fichée dans les côtes d’un mammouth a été mise au jour en Basse-Saxe. Le bois dur de l’if servait de pointes de flèches. Les feuilles fournissaient un poison pour les flèches.
C’est la fabrication d’armes, arcs, arbalètes, flèches, qui représente la plus forte utilisation d’ifs: à telle enseigne que les forêts locales ne suffisant pas, un commerce fort lucratif se mit en place. En Angleterre, les ministres incitaient la population à planter des ifs , des Plantagenêts au Tudors. Rien paraît -il ne surpasse l’if pour la qualité d’un arc: souple et élastique.
Résistance au pourrissement, dureté: le bois d’if a servi à la fabrication d’objets ménagers, d’outils, de tuyaux, depuis l’Antiquité.
Le bois d’if est apprécié des luthiers, pour les luths et les violes au XVIème siècle.
Et aussi…
Rien à voir ou presque: les ifs sont souvent taillés en forme de pyramide. Par analogie, on nomme if les supports coniques servant à égoutter les bouteilles!
Un arbre toxique
Toutes les parties de l’if sont toxiques, sauf l’arille, la partie charnue qui entoure la graine . Même la poudre de bois qui se dégage lors du travail artisanal est toxique. Ni la dessiccation, ni la cuisson ne détruisent le poison, la chair des animaux empoisonnés devaient aussi toxique. Pline raconte que des tonneaux fabriqués en Gaule en bois d’if ont empoisonné le vin qu’ils contenaient.
Traditionnellement plantés dans les cimetières, les ifs étaient un véritable danger pour les chevaux qui tiraient les corbillards: gare au cocher inattentif qui laissait ses chevaux goûter aux rameaux verts. Il s’est produit de nombreux empoissonnements de chevaux pendant la Première Guerre Mondiale. En 2000, deux ours du zoo de Nancy sont morts, empoisonnés par des branches d’ifs que leur avait tendues un visiteur. En 2003, c’est une femelle chimpanzé qui meurt empoisonnée par de l’if. En revanche, certaines espèces semblent insensibles au poison: lapins, chats… Des oiseaux sauvages sont friands de ses fruits: la graine, non mâchée, ne les empoisonne pas et sont répandues dans les déjections, favorisant ainsi la dissémination.
La graine est particulièrement amère: en général, les enfants curieux la recrachent immédiatement, ce qui limite le danger. Néanmoins, il faut appeler un centre anti-poison en cas d’ingestion de la graine ou d’aiguilles d’if. Pour les animaux, on considère en général que l’ingestion de la baie ne présente pas de risque si elle n’est pas mâchée, mais comme toute la plante est toxique, les herbivores sont exposés (la dose mortelle est estimée à 0.5 à 2g/kg de poids corporel chez le cheval par exemple). Les équidés sont particulièrement vulnérables.
La molécule toxique est la taxine, c’est un poison du cœur et du système nerveux, un anesthésique narcotique (la mort survient par paralysie du cœur et asphyxie.
Du poison au médicament
Les arilles, c’est-à-dire la partie rouge charnue qui entoure la graine, étaient utilisées jusqu’au XIIIème siècle, comme adoucissantes et laxatives (présence de mucilages) . C’est un usage totalement disparu aujourd’hui.
D’un poison de flèche à un poison du fuseau
Dans les années 1960 aux États-Unis le National Cancer Institute lance une série de tests dans l’espoir de développer de nouveaux médicaments anti-cancéreux, 35 000 plantes sont testées, dont l’if. L’if du Pacifique est prometteur: en 1972, Wall isole une première molécule, le paclitaxel ou taxol, anti cancéreux (classé dans les « poisons du fuseau »: il agit au moment de la division cellulaire). Mais, plusieurs inconvénients: la synthèse est très délicate et de mauvais rendement, l’extraction de l’if nécessiterait l’écorce de 6 ou 7 ifs centenaires pour un seul traitement, et la molécule est difficile à administrer. La recherche se poursuit pour améliorer la synthèse. En 1979, des chercheurs français font avancer les expérimentations: des ifs bordant une route sont abattus, toutes les parties des arbres sont récupérées et de nouveau étudiées: Guénard découvre une molécule proche du taxol dans les aiguilles. L’idée est simple: « yaka » partir de cette molécule et la transformer pour fabriquer ce fameux taxol, c’est ce qu’on appelle une hémi-synthèse, plus simple techniquement que la synthèse totale. Mais la science est pleine de surprises: une erreur de manipulation conduit à la production de taxotère (docétaxel) et non du taxol attendu. Et miracle de sérendipité, ce taxotère est deux fois plus actif que le taxol.
Aujourd’hui, paclitaxel et docétaxel sont utilisés dans les traitements de certains cancers du sein de l’ovaire, des broches, de la prostate, de l’estomac. Ce sont des médicaments puissants, aux effets indésirables parfois sévères.
Le mot de la fin
Il ne faut pas plus d’argent pour construire une vilaineprison que pour faire une maison agréable. Il n’en coûte pas plus pour planter unjardin bien entendu que pour tailler ridiculement des ifs, et en faire desreprésentations grossières d’animaux.
Voltaire, Dialogue avec un contrôleur général.
Pour aller plus loin
Actes de la journée d’étude Le bois : instrument du patrimoine musical – Cité de la musique – 29 mai 2008 Les bois dans la facture des instruments de musique en Europe, XVIe et XVIIe siècles. Joël Dugot, conservateur, Musée de la musique, Paris
http://www.toxophilus.org/articles/francais/if_bois.html (consulté le 11 octobre 2018)
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus
Jacques Fleurentin, Jean-Claude Hayon Des plantes toxiques qui soignent Ed. Ouest-France 2011
Henriette Walter , Pierre Avenas La majestueuse histoire du nom des arbres Ed.Robert Laffont, 2017
Le frêne
Le frêne Fraxinus excelsior Oléacées
Un bel arbre, des feuilles imparipennées (avec un nombre impair de folioles) de 7 à 15 folioles. Un arbre facile à reconnaître, avec ses bourgeons noirs. (D’ailleurs,en grec moderne, le frêne s’appelle Μέλεγος c’est-à-dire: noir. )
Ses feuilles forment un bon humus; c’est également aliment de qualité pour le bétail.
Les fruits sont aussi surnommés Langue d’oiseau.
Le frêne peut atteindre 30m de haut.
Botanique
Une sexualité débridée
Le frêne fait partie des angiospermes: les plantes à fleurs. Ses fleurs qui apparaissent en avril-mai sont réduites aux organes sexuels: ni pétales, ni sépales décoratifs, c’est le vent qui disperse le pollen (plante anémophile): il ne dispense ni nectar ni pollen aux abeilles. Il porte des fleurs mâles (pour produire le pollen) et des fleurs femelles (avec un ovaire qui une fois fécondé devient le fruit). Jusque là, c’est simple et banal. Mais le frêne complique un peu le tableau: il porte aussi des fleurs hermaphrodites (avec des organes mâles et femelles), des fleurs à dominance mâle ou femelle (et fonctionnelles: étamines développées et pistil réduit mais fonctionnel…ou l’inverse). Et pour simplifier le tout, les fleurs sont regroupées en inflorescences… qui peuvent être du même sexe, ou avec une proportion variable d’hermaphrodites. Un champion de la diversité sexuelle! en botanique, on parle de plante trioïque (on dit monoïque quand il existe des fleurs uniquement mâles et uniquement femelles sur le même individu, dioïque quand il existe des arbres uniquement mâles et des arbres uniquement femelles, et les deux tiers des plantes à fleurs sont hermaphrodites: les fleurs portent à la fois les organes mâles et femelles).
Propriétés médicinales
La feuille de frêne est diurétique et anti inflammatoire, adaptée aux terrains goutteux. Les samares (semences) étaient utilisées à la place des feuilles, mais cet usage traditionnel n’a pas été retenu dans la Pharmacopée. Une plante d’usage traditionnel, pour laquelle on n’a décrit aucune contre-indication, ni effet indésirable et qui n’interagit pas avec des médicaments: c’est assez rare pour être souligné!
Elle entre dans les compositions des « tisanes du centenaire« : il en existe plusieurs variantes. Celle-ci garde un goût agréable (frêne et cassis améliorent le confort articulaire, le cassis agit sur la circulation sanguine, frêne et reine-des-prés ou genièvre aident au travail des reins et la menthe poivrée facilite la digestion, et donne bon goût à l’ensemble), les plantes se préparent en parties égales
Frêne feuilles
Cassis feuilles
Reine-des-prés sommités ou genièvre baies
Menthe poivrée feuilles
La sagesse voudrait que cette tisane soit prise en cures espacées , la tradition la fait boire chaque jour! (genièvre et reine des prés ne sont, en toute rigueur, pas recommandés en usage prolongé… vous pouvez aussi préparer votre tisane sans ces deux plantes une semaine sur deux par exemple)
L’usage anti inflammatoire du frêne est mis à profit pour les jeunes enfants: une tige de frêne à mâcher soulage les douleurs des poussées dentaires (sous étroite surveillance!)
La poudre d’écorce est fébrifuge (elle fait baisser la fièvre): c’est un usage qui a perduré durant les périodes de conflit, lorsque le quinquina faisait défaut. Le frêne est parfois surnommé le quinquina d’Europe.
Un arbre fluorescent? D’après Dorvault, le frêne contient un glucoside spécifique, la fraxine, qui aurait des propriétés fluorescentes.
Des études récentes laissent entrevoir un effet hypoglycémiant d‘un extrait de frêne chez le rat. Quelques études chez l’homme sont encourageantes (mais de trop faible ampleur) . Mais on est encore loin d’un médicament anti diabétique. Des études à suivre! (réf en fin d’article)
Récoltez la feuille de préférence au début de l’été, dans des zones qui ne soient ni urbaines (pollution automobile), ni en agriculture intensive (pollution phyto-sanitaire) ni proches de zones industrielles et veillez à récolter sur des arbres sains (voir ci-dessous).
Il existe un autre frêne, le frêne à manne ou orNe ou frêne à fleurs: sa sève de printemps donne une sorte de sirop fort sucré, d’où son nom de manne.
Ethnobotanique
Des histoires
On dit que le frêne isolé attire la foudre (alors que le chêne au contraire la repousserait… mieux vaut tout de même ne pas essayer)
Le frêne est présent dans la mythologie grecque: c’est l’arbre de Poséidon, le dieu de la mer , mais aussi des tremblements de terre, le dieu qui attire la foudre. Le javelot d’Achille est en bois de frêne si l’on croit l’Iliade.
Dans la mythologie scandinave, le frêne représente l’Univers , il fait le lien entre la Terre et le Ciel. C’est Yggdrasil, l’arbre des mondes, à son pied jaillit une source, dans ses branches un aigle qui combat le serpent des racines: de là son supposé pouvoir anti-venimeux?
Après l’univers, survinrent les dieux et les géants, puis les plantes et enfin les dieux créèrent le premier couple d’humains: Ask , l’homme, à partir d’un frêne (Ash tree en anglais) et Embla, la femme, à partir d’un orme (Elm en anglais, Ulmus en latin).
Des usages
Une utilisation culinaire oubliée: les fruits verts macérés dans du vinaigre servent de condiment, comme les câpres. C’est une recette qui demeure traditionnelle en Allemagne et en Angleterre.
Le bois de frêne est apprécié pour son toucher doux après polissage, il est solide, flexible et peu cassant: on l’utilise pour les manches d’outils. Des fouilles archéologiques ont mis au jour des manches en bois de frêne datant du néolithique. Il est assez souple pour former la hampe des arcs. Ovide le nomme: arbre à javelot.
Plus près de nous, le bois de frêne a servi à la construction aéronautique jusqu’aux années 1930. Et la firme automobile britannique Morgan utilise le frêne pour ses voitures de sport.
Les feuilles et l’écorce ont des propriétés tinctoriales: on obtient un jaune olive ou un gris vert, selon le mordançage (alun pour le jaune, fer pour le gris).
La frênette
C’est une boisson traditionnelle dans le Nord de la France, faiblement alcoolisée (2-3° environ). Il en existe beaucoup de variantes, ici une recette de Belgique.
La chalarose
La situation des frênes en Europe est aujourd’hui préoccupante: ils subissent l’attaque de champignons microscopiques qui se dispersent par le vent. La maladie touche d’abord les arbres jeunes: 85% des jeunes frênes meurent. L’arrivée de cette maladie n’est pas liée au réchauffement climatique, mais plutôt à l’imprudence de l’Homme: c’est l’importation massive de frênes asiatiques dans les pays baltes il y a une quarantaine d’années qui a introduit le champignon en Europe. il semble toutefois qu’un faible pourcentage de frênes puisse résister à cette maladie, ce qui devrait permettre le maintien de l’essence dans nos forêts.
Un excellent article sur ce fléau ici.
Et aussi …
Un contemporain de Ronsard et du Bellay, Jean Vauquelin de la Fresnaye (1536-1607), le bien nommé, nous a laissé un fort élégant poème sur l’arbre de son patronyme:
Frêne hautain, forestier et champêtre
L’arbre premier de tant d’arbres divers,
L’arbre immortel au renom de mes vers,
L’arbre aux serpents toujours odieux maître ;
Le coudre rompt, mais tu te fais connaître
Propre à la guerre et jamais de travers
De toi tortu les monts ne sont couverts,
Ains haut et droit toujours as voulu naître ;
Je fais mes dards, pour tous mes arcs, de toi,
Les forestiers en font de même moi,
Et Panarèthe en fait les siens encore :
Phébus aussi en patronne ses traits,
Sa chaste sœur son carquois en décore,
Ainsi au bois as tous noms satisfaits.
Pour aller plus loin
Francis Hallé Stéphane Hette Frédéric Hendoux Les arbres amoureux Ed. Salamandre, 2018
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
lesarbres.fr consulté le 8 octobre 2018
Henriette Walter , Pierre Avenas La majestueuse histoire du nom des arbres Ed.Robert Laffont, 2017
Dorvault L’officine, répertoire général de pharmacie pratique dix-huitième édition-bis, Vigot frères, éditeurs, 1945
Michel Dubray Guide des contre-indications des principales plantes médicinales Ed.Lucien Souny
Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus
Jacques Fleurentin, Jean-Claude Hayon, Jean-Marie Pelt Des plantes qui soignent Ed. Ouest-France2018
En ce qui concerne les effets sur la glycémie (articles en anglais) (consultés en octobre 2018)
https://orbi.uliege.be/handle/2268/182968
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4566447/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24877717
Houmous tout rose
Houmous tout rose
Une recette pour octobre rose !
C’est rose vif, c’est bon, facile, rapide, ça se mange sur une tartine , avec des crudités, dans un bouddha bowl ou à l’apéro.
Ingrédients
Pas de proportions précises: la photo des ingrédients pour vous donner une idée des quantités utilisées.
des haricots secs cuits (j’ai mis de mojettes de Vendée, c’est aussi bon avec des haricots mungo, des haricots rouges, des haricots noirs, des haricots roses, des pois chiches…)
une betterave rouge cuite,
de l’oignon rouge
du jus de citron ou d’orange
du citron conservé au sel
et plein d’épices et d’aromates, selon votre goût: gingembre, coriandre, piment d’Espelette, tout est bon!
et un peu de graines de cumin, de carvi, de fenouil, de nigelle pour la déco et le goût
Prévoir aussi de l‘huile de colza ou de noix (et du tahini, facultatif)
Tout mixer, ajuster l’assaisonnement.
Voilà, c’est tout!
Bénéfices santé
Des fibres, des légumes bourrés d’antioxydants , polyphénols, flavonoïdes ( betterave et oignon rouge), des protéines grâce aux haricots (si vous mangez ce houmous tout rose avec un peu de céréales: du sarrasin, du riz, des pâtes, un bon pain…), vous aurez un plat végétarien équilibré, des bonnes graisses grâce à l’huile de colza ou de noix (des omega-3), des glucides avec un index glycémique bas (pas de coup de barre dans les heures qui suivent!) , un cocktail de minéraux (potassium, phosphore, magnésium, un peu de fer dont l’assimilation est facilitée par le jus d’agrumes, un peu de calcium, de manganèse et de sélénium), le plein en vitamines du groupe B, de la vitamine C , des pigments (bons pour les yeux et la peau…) . Et un autre bénéfice: c’est un plat alcalinisant.
Le pommier
Quoi de plus banal qu’une pomme? L’un des fruits les plus populaires, qui se prête à toutes les fantaisies… mais connaissez-vous vraiment le pommier?
Le chêne
Les chênes Quercus robur, Quercus sp., Fagacées
Un genre très varié, de la même famille botanique que le hêtre et le châtaignier: environ 450 espèces dénombrées et 150 hybrides!
On connaît le chêne-vert et le chêne-liège, mais aussi le tauvin et le vélani (ses glands sont comestibles). Les deux chênes les plus répandus dans notre région sont le chêne rouvre, c’est celui-ci que les Gaulois vénéraient, et le chêne pédonculé (c’est en général celui auquel on pense quand on parle du chêne sans précision).