L’iode

Le corps humain contient environ 20 milligrammes d’iode. Bien peu? Et pourtant vital!

L’iode se trouve à 70-80% dans la glande thyroïde.

Rôles de l’iode

L’iode est un constituant des hormones thyroïdiennes, la thyroxine ou T4, précurseur de la triiodothyronine ou T3, sous l’action d’une enzyme activée par la TSH (thyréostimuline ) sécrétée par l’antéhypophyse.

La T3 agit sur pratiquement toutes les activités de l’organisme: rythme cardiaque, thermorégulation, croissance, métabolisme…

Pour en savoir plus sur le fonctionnement de la thyroïde: par ici

Apports alimentaires en iode

L’iode alimentaire est bien absorbé, le surplus est éliminé dans l’urine.

L’iode se trouve principalement dans les animaux marins (poissons et fruits de mer, les algues marines (pas les algues d’eau douce comme la spiruline). On en trouve aussi dans les œufs et les produits laitiers en en petite quantité dans les céréales, certains légumes, si le sol est assez riche. Le sel est souvent enrichi en iode: lisez les étiquettes!

Les apports recommandés sont au minimum de 150µg par jour chez l’adulte, un peu plus chez la femme enceinte (220µg par jour) ou durant l’allaitement (290µg par jour). Il ne faut pas dépasser 1100µg par jour: la marge est large.

Des déficits fréquents

L‘OMS estime que la carence en iode est un véritable problème de santé publique, avec deux milliards de personnes en déficit.

Un apport insuffisant conduit à une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes, avec un cortège de troubles (musculaires, cardiaques, hépatiques, rénaux, développement cérébral…);Un déficit chronique provoque une sur-stimulation par la TSH et le développement de goitre: on parle de goitre endémique dans certaines régions, souvent montagneuses.

La teneur en iode des aliments dépend de la nature du sol: les régions montagneuses en sont généralement dépourvues, la déplétion est aggravée par la déforestation et l’érosion.

D’autres facteurs aggravent la carence en iode: une   dénutrition protéique liée à la pauvreté, la consommation d’aliments goitrogènes, des aliments qui réduisent l’absorption intestinale. Les plus touchés sont les enfants et les femmes enceintes. Les techniques d’agriculture intensive, qui « rabotent » la biomasse, l’utilisation d’engrais alcalinisants appauvrissent les sols en iode. ref1

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Les aliments goitrogènes posent problème lorsqu’ils sont la base de l’alimentation, pas lorsqu’ils consommés dans le cadre d’une alimentation variée!

Conséquences des déficits

  • La carence en iode est particulièrement grave pendant la grossesse: elle augmente les morts in utero,  la mortalité néonatale, des retards de croissance, une altération irréversible du cerveau de l’enfant. ref2
  • Un déficit chronique conduit à une hypothyroïdie, corrélée à des altérations biologiques (augmentation de la TSH notamment). cependant, des signes cliniques peuvent apparaître sans perturabations du bilan biologique: un lien est établi avec l’obésité, les troubles d’hyperactivité avec déficit de l’attention, la fibromyalgie et des troubles psychiatriques. ref 3

Un excès d’iode?

Un excès d’iode peut aussi provoquer un mauvais fonctionnement de la thyroïde: cela arrive pour des consommations chroniques supérieures à 1100μg/ jour, soit 7 à 8 fois la dose recommandée.

Les surcharges en iode sont souvent liées à des médicaments: l’amiodarone (un médicament utilisé en cardiologie) et les produits de contraste iodés (injectés avant certains examens radiologiques, scanners…). Ces médicaments nécessitent une surveillance de la fonction thyroïdienne. (ref 4)

Plus rarement, l’alimentation est en cause: l’ANSES met en garde contre une consommation excessives d’algues marines. On les trouve sous forme de paillettes séchées pour agrémenter soupes ou salade, mais surtout sous forme de compléments alimentaires présentés comme amaigrissants ou laxatifs: soyez vigilants! Une salade d’algues au restaurant japonais ou une cuillerée sur une salade ne font pas de mal, mais attention aux comprimés ou gélules à la composition floue, ou à une consommation quotidienne en grande quantité! (ref 5)

ref1 Hetzel BS. SOS for a billion – the nature and magnitude of iodine deficiency disorders. In: Hetzel BS, Pandav CV, editors. SOS for a billion – the conquest of iodine deficiency disorders. 2nd Ed. New Delhi: Oxford University Press; 1997. pp. 1–29.

 

ref2 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3074887/#b5-squmj-07-267

ref3 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18703293

ref4 Michel Egloff, Jacques Philippe Rev. Méd. suisse 2016, volume 12, pp804-809

ref5 https://www.anses.fr/fr/content/consommation-d%E2%80%99algues-rester-vigilant-sur-le-risque-d%E2%80%99exc%C3%A8s-d%E2%80%99apport-en-iode

Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.

L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.

Dernière mise à jour 20 août 2018

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