L’iris des marais

Iris Iris pseudoacorus Iridacées

Au printemps, ce sont les fleurs jaunes qui attirent le regard, en fin d’été, ce sont ses gros fruits.

Planche botanique de Mary Delany (papiers collés).
British Museum

Un peu de botanique

Le genre Iris comporte plus de 225 espèces dans les zones tempérées de l’hémisphère Nord. Il appartient à la famille des Iridacées, comme le safran.

C’est une plante des lieux humides, étangs, bords des rivières, fossés.

Iris faux-acore: fleur trimère

Au printemps, la fleur jaune se remarque. Observez-la de près: trois sépales (jaunes comme les pétales, mais de forme différente), trois pétales, trois étamines et trois pistils: les botanistes parlent de fleur trimère.

iris phytothérapie
Fruit de l’iris faux acore

Son fruit, capsule à trois compartiments, flotte et les graines gardent leur pouvoir de germination plusieurs mois, voire une année.

Le rhizome (la partie souterraine) est un organe de réserve, qui porte les cicatrices des feuilles en glaive des années précédentes.

Des usages médicinaux anciens

L’iris faux-acore est une plante toxique, il n’y a aucun intérêt à l’utiliser en tant que remède, même si on trouve quelques « recettes » issues des temps anciens.

D’autres iris étaient parfois utilisés en médecine, Iris germanica, I.pallida, I. florentina: c’est la racine qui était réputée présenter des vertus médicinales. L’iris des marais semble partager les mêmes propriétés, et surtout la même toxicité: c’est un émétique (qui fait vomir) et un purgatif drastique.

Pour la curiosité, deux usages anciens: le suc frais est si irritant qu’il  » détruit sur-le-champ la sensibilité du nerf dentaire lorsqu’on l’applique sur une dent malade ». (Vicat, 1776)…

Et une recette contre la rage: une omelette avec de la racine d’iris cuite dans du beurre, donnée trois jours de suite à la personne ou à l’animal mordu et  » l’on peut être sûr que la rage ne se déclarera pas »… C’était dans un monastère cistercien, plusieurs siècles avant Louis Pasteur .

D’autres iris sont réputés pour leur usage en parfumerie, en particulier l’iris de Florence.

Et puis l’inutile et le superflu… ou pas

L’arc-en-ciel

Les fleurs d’iris sont de couleurs diverses, d’où son nom: en effet iris en grec désigne l’arc-en-ciel (pensez à l’adjectif irisé). Dans la mythologie, Iris est la messagère des dieux, et l’arc-en-ciel la trace laissée par son pied lorsqu’elle descend de l’Olympe.

D’autres noms

L’iris est appelé glais dans certaines régions (cf la citation de Frédéric Mistral infra) et il a été longtemps confondu avec le glaïeul. Parmi ses noms vernaculaires, on retrouve aussi le glaïeul des marais (mais non, ce n’est pas un glaïeul!), flambe d’eau, acore adultérin, et en anglais, c’est l’épée de St-Jacques ou la fleur du dragon.

Une plante dépolluante

L’iris a la capacité d’absorber les métaux lourds: on l’utilise pour filtrer les eaux, dans des démarches de phyto remédiation.

Longtemps médicinale, l’iris est abandonné aujourd’hui en raison de sa relative toxicité. Le rhizome était considéré comme un remède de la cataracte par Dioscoride et Pline l’Ancien. Le rhizome est resté un remède diurétique et purgatif.

De l’encre et des teintures

En Écosse, les racines bouillies avec de la limaille de fer produisent de l’encre.

Très riches en tanins, les rhizomes peuvent tanner le cuir. Associés à des sels de fer, ils donnent une teinture textile noire.

Et les graines passent pour un excellent succédané de café.

Une fleur royale

Clovis (≃466-511), le roi de Francs a choisi la fleur pour son blason, car la fleur lui auraint indiqué un passage sur le Rhin lors d’une campagne militaire. Louis VII l’a ensuite adoptée comme emblème de la France.

La fleur de Lys set-elle ainsi nommée du fait de son abondance sur les berges de la Lys ou est-ce une déformation de « fleur de Louis »?

C’est aussi l’emblème de Bruxelles-capitale et de la ville de Lille.

Le mot de la fin

à Frédéric Mistral (1830-1914)

Ajoutez à cela un fouillis de plantes aquatiques, telles que ces « massettes », cotonnées et allongées, qui sont les fleurs du typha ; telles que le nénuphar qui étale, magnifique, sur la nappe de l’eau, ses larges feuilles rondes et son calice blanc ; telles que le « butome » au trochet de fleurs roses, et le pâle narcisse qui se mire dans le ru, et la lentille d’eau aux feuilles minuscules, et la « langue de bœuf » qui fleurit comme un lustre, avec les « yeux de l’Enfant Jésus » qui est le myosotis.

Mais de tout ce monde-là, ce qui m’engageait le plus, c’était la fleur des « glais». C’est une grande plante qui croît au bord des eaux par grosses touffes, avec de longues feuilles cultriformes et de belles fleurs jaunes qui se dressent en l’air comme des hallebardes d’or. Il est à croire même que les fleurs de lis d’or, armes de France et de Provence, qui brillent sur le fond d’azur, n’étaient que des fleurs de glais : « fleur de lis » vient de « fleur d’iris », car le glais est un iris, et l’azur du blason représente bien l’eau où croît le glais.

Pour en lire plus: http://www.sculfort.fr/articles/litterature/anthologie/mistralglais.html

Bibliographie succincte

Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus

F.Dupont, J.-L. Guignard Botanique systématique moléculaire 14ème édition, Ed.Elsevier-Masson

Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus

Bob Gibbons Bloomsbury pocket guide to wild flowers  Bloomsbury

W.Lippert, D.Podlech, M.Walters Wild flowers of Britain and Europe  William Collins

Aline Raynal-Roques La botanique redécouverte Ed.Belin INRA 2008

Bob Gibbons Bloomsbury pocket guide to wild flowers  Bloomsbury

http://www.copyrightfrance.com/certificat-depot-copyright-france-8YYX1K5.htm

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