Colloque « Pour une politique de prévention dès l’enfance » , 9 novembre 2017

Colloque « Pour une politique de prévention dès l’enfance », sous la modération du Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition, Fondation Institut Pasteur Lille, 9 novembre 2017.

Cet article n’est pas un compte-rendu exhaustif du colloque, mais simplement le partage de quelques informations marquantes.

  • La prévention est le parent pauvre de la santé en France: Le budget global s’élève à 200 milliards d’euros. Le budget prévention, à 5 milliards, soit 2,5%. Sans commentaires.
  • L’obésité de l’enfant dans le monde a augmenté de près de 30% entre 1990 et 2016, avec de grandes disparités régionales. Si la tendance actuelle se poursuit, le nombre de nourrissons et de jeunes enfants en surpoids atteindra 70 millions à l’horizon 2025. (source: OMS)

 

  • Intervention du Pr Claudine Junien: Épigénétique et grossesse: de la conception à 2 ans

La diminution constante de la numération spermatique depuis une cinquantaine d’années est préoccupante. On parle d’exposome (totalité des expositions à des facteurs environnementaux (c’est-à-dire non génétiques) que subit un organisme humain de sa conception à sa fin de vie en passant par le développement in utero, complétant l’effet du génome.): les gènes sont là bien sûr, mais l’environnement est déterminant. Par exemple, une modification du régime alimentaire chez le père se traduit par des modifications chez l’enfant, puis sur la génération suivante: travaux de Valérie Grandjean

  1. Chez les fils de pères obèses, il existe une altération métabolique et spermatique. L’activité du père permet de restaurer le µARN.
  2. Chez les fils de mère obèse, l’activité physique du fils restaure µARN et fertilité.
  3. La consommation de tabac chez la mère est liée à une puberté plus précoce chez la fille et une gertilité diminuée chez le fils.
  4. Un petit poids de naissance est corrélé avec un risque augmenté d’obésité chez l’adulte.

 

Intervention du Dr Jean-Michel Lecerf: Accouchement, allaitement, des choix cruciaux: le microbiote en question

  1. Le nature du microbiote du nourrisson est lié à son poids à l’âge adulte
  2. Il existe une relation entre le microbiote du nourrisson et le poids maternel
  3. Césarienne et microbiote:
  • En cas de césarienne, on constate une modification de la flore transmise: flore de la salle d’accouchement et non flore maternelle
  • retard d’acquisition des bifidobacterium
  • persistance des différences plusieurs années
  • Quand la mère est obèse, le taux de césarienne est augmenté de 162%
  • La césarienne est corrélée à un risque accru d’obésité chez l’enfant. (ici, ou là)
  • Le microbiote de l’enfant est très sensible, et peut être affecté par des antibiotiques

Intervention de René Habert : Perturbateurs endocriniens et santé future de l’enfant

La période fœtale est très sensible aux perturbateurs endocriniens.

L’exposition à des perturbateurs endocriniens (phénols et phatlates) pendant la grossesse interfère sur le comportement de petits garçons de 3 à 5 ans (troubles relationnels, hyperactivité, repli sur soi, troubles émotionnels). Etude de Claire Philippat et coll. ici

Les effets peuvent être transgénérationnels.

Les effets des mélanges sont aujourd’hui particulièrement difficiles à mettre en évidence.

Et n’oublions pas: »une absence de preuve n’est pas une preuve d’absence! » (ce n’est pas parce qu’une étude ne prouve pas de lien entre A et B que ce lien n’existe pas…)

Intervention de Marie-Françoise Rolland-Cachera: L’alimentation des premières années, un enjeu essentiel contre l’obésité.

L’apport en protéines au début de la vie est aujourd’hui bien supérieur aux recommandations (4g/kg/j, alors que les recommandations sont de 1,2g/kg/j): 92% des enfants ont des apports trop importants.

En revanche, les apports lipidiques sont insuffisants (le lait maternel contient des lipides très différents de ceux du lait de vache: le bébé d’homme doit nourrir son cerveau, le veau prendre du poids: en deux ans, le bébé multiplie son poids par 3 ou 4, le veau... par 15!), 95% des enfants non allaités ont des apports insuffisants.

Conséquence: la masse grasse augmente, la leptine augmente.

Intervention du Pr François Carré: Sédentarité des enfants et des adolescents: danger!

L’augmentation de la sédentarité est une des causes majeures de l’augmentation de l’obésité!

Un enfant doit bouger au moins une heure chaque jour, et il FAUT diminuer les comportements sédentaires (écrans, télé…). Entre 11 et 14 ans, les recommandations sont de 5 heures hebdomadaires d’activité physique en plein air…

Entre 1971 et 2011, la capacité physique des enfants a diminué de 25%.

La sédentarité favorise le développement de la graisse abdominale qui libère des adipokines (substances en lien avec l’insulino-résistance et l’obésité). A contrarrio, l’activité physique libère des myokines qui s’opposent aux effets des adipokines . L’activité physique améliore les fonctions cognitives.

Intervention du Dr François-Marie Caron: Sommeil, écrans, rythmes de vie: les bébés et les adolescents, victimes?

Recommandations:

  • en-dessous de 2 ans: pas d’écran du tout… ni télé, ni tablettes! C’est en jouant, en babillant, en échangeant, par le regard, par l’interaction avec l’adulte que l’enfant développe le langage et ses capacités relationnelles, pas devant la télé: la télé ne répond pas…
  • jusqu’à 4 ans: pas plus d’une heure par jour
  • jusqu’à 11 ans: pas plus de 2h/jour… tout compris, téléphone, tablette, télé, ordinateur…
  • après 11 ans: raisonnablement…

Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.

L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.

Dernière mise à jour 11 mai 2018

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