Le sélénium est un oligo-élément indispensable. Il existe dans le corps à l’état de traces. C’est un élément essentiel dans plusieurs voies métaboliques.
Rôles du sélénium
Le sélénium s’incorpore à des protéines pour former des sélénoprotéines. On connaît actuellement une trentaine de ces sélénoprotéines différentes. Elles agissent à beaucoup de niveaux:
Anti oxydant
La protection contre le stress oxydatif conjointement au zinc: il agit comme cofacteur d’enzymes (glutathion peroxydases), pour protéger les cellules des attaques des radicaux libres.
S’oppose à la toxicité du mercure
Le sélénium a un rôle d’anti-toxique important, vis-à-vis du mercure: le sélénium forme un complexe avec le mercure, c’est le cas avec des amalgames dentaires au mercure ou une consommation importante de certains poissons (un lien par ici). Il devient alors moins disponible pour son rôle dans le fonctionnement des enzymes: il est judicieux d’envisager une supplémentation temporaire.
Immunité et inflammation
Le sélénium améliore la capacité des globules blancs à la phagocytose (qui intervient aussi dans des processus inflammatoires) et la synthèse des cellules « T auxiliaires ». un article ici
Le sélénium intervient dans la « cascade arachidonique »: chaîne de réactions qui aboutit à la formation de prostaglandines inflammatoires et de leucotriènes (des molécules qui attirent les globules blancs sur le site de l’inflammation, d’autres qui provoquent la constriction des bronches dans une crise d’asthme: un déficit en sélénium, en zinc , en magnésium entre autres favorisent la synthèse de ces leucotriènes au détriment des autres voies )
Hormones thyroïdiennes
Le sélénium intervient dans la conversion de T4 en T3, mais l’intérêt d’une supplémentation systématique est loin d’être démontrée.
La vue
Le sélénium joue probablement un rôle dans la prévention de la cataracte et l’évolution de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge)
Et aussi
Le sélénium est souvent présenté comme « anti-cancer ». Les études ne tranchent pas de façon si nette! Dans certains essais, la prise de 200 µg/ jour avait un effet protecteur sur le cancer de la prostate, dans un autre, aucun effet.
En ce qui concerne le cancer colorectal, mêmes divergences entre les études.
pour le cancer du poumon, une supplémentation aurait peut-être un effet bénéfique si l’apport alimentaire est faible
Les aliments riches en sélénium
La quantité de sélénium présente dans les aliments dépend de la nature du sol: certaines régions de Chine sont pauvres en sélénium par exemple, alors que le Dakota aux USA est plus riche. Les taux indiqués dans les tables alimentaires sont à prendre avec prudence, ils ne sont qu’une indication « moyenne »: on peut avoir un rapport de 1 à 10 ( thèse de doctorat d’Assia Nait Merzoug)
Les noix du Brésil cultivées en Chine sont moins riches en sélénium que celles cultivées en Amazonie.
Le sélénium est présent dans les produits animaux (surtout fruits de mer, poissons et viande, et un peu dans les laitages), et dans quelques produits végétaux (noix du Brésil: une ou deux de bonne qualité couvrent les besoins quotidiens, les noix , un peu dans les céréales et les champignons) . La levure de bière constitue un appoint intéressant, d’autant plus qu’elle apporte d’autres minéraux et vitamines en quantité non négligeable. Il demeure difficile d’estimer la quantité réellement apportée dans l’assiette: prenons l’exemple du cabillaud, avec une valeur « officielle » de 125μg/100g… et des valeurs variant de 5 à 260μg/100g (source: ANSES)
Apports journaliers recommandés
Les AJR varient de 70 à 105 μg par jour. Un surdosage apparaît aux alentours de 400μg/j: attention aux dosages si prenez des suppléments, et tenez compte de vos apports alimentaires!
Un apport trop important augmenterait le risque de développer un diabète de type 2 et augmenterait les taux de cholestérol sanguin. Rien ne permet actuellement de proposer le sélénium en prévention des risques cardio-vasculaires. Faites de l’exercice, ce sera plus efficace!
Pour l’anecdote, l’histoire édifiante des chevaux de Marco Polo: dans une province de Chine, les chevaux de l’explorateurs tombent malades, perdent leurs sabots… les chevaux chinois pourtant se portent bien. Une observation attentive a résolu le mystère: adaptés à leur environnement, les chevaux chinois ne broutent pas une plante locale abondante, l’astragale. Les chevaux européens, eux, broutent indistinctement tout ce semble comestible. L’astragale en elle-même n’est pas toxique, mais dans une région particulière sélénifère, elle accumule le minéral, d’où l’intoxication des chevaux!
La carence majeure en sélénium se rencontre dans des régions où les sols sont particulièrement pauvres, notamment en Chine. Elle est associée à la maladie de Keshan, une maladie du cœur liée à une infection virale favorisée par le manque de sélénium, et peut-être par une activité amoindrie d’enzymes qui jouent un rôle essentiel à la synthèse des hormones thyroïdiennes.
Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.
Dernière mise à jour 11 mai 2018
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