Maux d’estomac et reflux

Brûlures d’estomac, crampes, remontées acides… banal, mais inconfortable. le bilan médical met souvent évidence une gastrite (irritation de la muqueuse de l’estomac), ou un RGO (reflux gastro-œsophagien).  Vous avez bien repéré des situations qui n’arrangent pas la situation: anxiété, fatigue, contrariété, et aliments qui font plus de mal que bien. Je vous propose ici des solutions naturelles pour en venir à bout.

Acidité

Quand tout se passe bien, le contenu de l’estomac est acide:  le pH est compris entre 1,5 (la nuit) et 5 (début de repas). Cette acidité est indispensable à la digestion des protéines, à la sécrétion d’enzymes.

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L’estomac exerce trois fonctions :le « stockage » temporaire du bol alimentaire, le brassage et la désintégration des aliments, le début de la digestion des protéines.

À l’entrée de l’estomac, à la jonction avec l’œsophage, se trouve un petit muscle qui empêche le reflux des aliments: le cardia. À la sortie, un autre sphincter permet la vidange progressive de l’estomac vers le duodénum: le pylore.

Dans la première partie de l’estomac, la zone cardiale, le bol alimentaire se mélange au mucus, au pepsinogène, à l’acide chlorhydrique, au facteur intrinsèque.

Puis , l’antre sécrète la gastrine qui aboutit à la formation d’acide chrohydrique, et la pepsine par les glandes pyloriques: le bol alimentaire se transforme en un liquide: le chyme.

Le chyme est propulsé petit à petit vers le duodénum par le pylore. La vidange de l’estomac prend entre 4 et 6 heures selon la composition du repas (plus c’est gras, plus c’est long!)

L’estomac sécrète de la gastrine quand il est distendu ou qu’il reçoit des protéines, cette gastrine conduit à la production de l’acide chlorhydrique.

L’estomac est aussi l’un de sites de synthèse d’une autre hormone, la somatostatine. Parmi ses nombreuses actions, elle régule la sécrétion de gastrine.

La muqueuse de l’estomac est protégée de l’attaque des enzymes et de l’acidité par du mucus qui la tapisse.

L’acidité naturelle de l’estomac est indispensable au maintien de l’équilibre acido-basique de l’organisme tout entier: elle conditionne l’absorption convenable des minéraux,  la digestion des protéines. Une hypochlorhydrie (insuffisance d’acide chlorhydrique) est associée à des fermentations intestinales (les nutriments arrivent dans l’intestin insuffisamment transformés), et facilite le reflux gastro-œsophagien.

Si l’acidité gastrique est insuffisante, les conséquences à long terme sur l’organisme sont importantes: par exemple, les traitements longs (plus d’un an) avec certains médicaments réduisant la production d’acide chlorhydrique (les « IPP » = inhibiteurs de la pompe à protons, dont le nom se termine par -prazole) sont associés à un risque accru de fractures: l’augmentation du risque est estimée entre  10 à 40% (ref: Vidal) .

L’estomac produit également une substance indispensable à l’absorption de la vitamine B12: le facteur intrinsèque . La vitamine B12 est essentielle à la formation de l’ADN, des globules rouges, de la myéline entre autres: le risque d’anémie en cas de traitement prolongé par les IPP est documenté, du fait d’une moindre absorption de fer et de vitamine B12. (ref2)

L’acidité gastrique joue un rôle protecteur vis-à-vis d’infections bactériennes et virales:  ceci explique l’augmentation de certaines infections digestives et pulmonaires sous traitement long par IPP. (ref2)

Entendons-nous bien: les IPP représentent un  formidable progrès thérapeutique, ils ont permis la prise en charge des ulcères gastriques de manière efficace. La question qui se pose est la nécessité de poursuivre les traitements pendant des mois, voire des années comme on le voit en officine. L’inconfort lié au rebond de la sécrétion acide à l’arrêt du traitement y est pour beaucoup, mais dans bien des cas, le sevrage est possible, une fois  la maladie de l’estomac  guérie… et que l’on adapte son hygiène de vie!

L’activité de l’estomac permet de ne laisser passer dans l’intestin grêle que des aliments « prédigérés », les plus grosses molécules ayant été « coupées ». Si ce n’est pas le cas, le grêle reçoit des substances irritantes, qu’il ne peut pas digérer: flatulences, ballonnements, et inconfort au rendez-vous. La muqueuse du grêle, enflammée et irritée, peut laisser passer dans la circulation des substances qui ne devraient pas y parvenir. Ces molécules  peuvent être responsables de phénomènes à distance, inflammatoires, allergiques… c’est ce qu’on appelle l’hyperperméabilité intestinale (HPI).

Qu’est-ce qu’on mange…ou pas?

 

En général, les personnes qui ont « mal à l’estomac » savent parfaitement ce qui aggrave:

les graisses cuites: frites, mais aussi biscuits et pain industriels, plats cuisinés

les aliments très acides: moutarde, vinaigre, sodas, agrumes,

l’alcool, le café (surtout à jeun) et le tabac

Il reste tout de même beaucoup de choses qui ne font pas mal!

Les plantes qui font du bien

Pour tamponner un excès d’acidité

 

À n’utiliser que ponctuellement, un remède simple pour soulager: le lithothamne Lithothamnium calcareum. (ref3) Sous forme de gélules  à prendre au moment des troubles.

Pour calmer l’irritation de la muqueuse

La réglisse Glycyrrhiza glabra racine

Réglisse
Glycyrrhiza glabra

La réglisse est une cicatrisante des muqueuse, autant sur les maux de gorge que sur la muqueuse gastrique. avant l’avènement des médicaments anti ulcéreux, c’était le grand remède des ulcères à l’estomac. Avec un gros bémol toutefois: elle peut faire monter la pression artérielle en cas de traitement prolongé.

À n’utiliser que pour des traitements de courte durée (3 – 4 semaines semblent raisonnables, d’expérience), en surveillant la pression artérielle, et à éviter en cas d’hypertension prééxistante, même équilibrée par les médicaments.

La réglisse peut se prendre en tisane (décoction), ou sous forme d’extraits de plante fraîche, liquide ou en gélules.  Il existe des extraits « déglycyrrhizés » présentés comme ayant moins d’effets sur la pression artérielle, mais leur intérêt n’est pas prouvé. La réglisse a une action sur Helicobacter pylori, le germe considéré comme responsable d’ulcères gastriques.

Le souci des jardins Calendula officinalis Fleur

 

L’usage du calendula pour les irritations cutanées est bien connu. En Allemagne, c’est une plante alimentaire, consommée dans des potages.

Dans une tisane pour l’estomac, le souci exerce son action anti inflammatoire et cicatrisante de la muqueuse bienvenue. En cas de reflux, elle adoucit en même temps la gorge irritée.

La matricaire Matricaria recutita Fleur

Matricaire

Connue pour éclaircir les cheveux blonds, elle demeure une tisane familiale: adoucissante des muqueuses, anti spasmodique (à la fois sur le tube digestif, ce qui sera apprécié en cas de ballonnements si souvent associés aux brûlures gastriques, et sur la sphère gynécologique: tisane des règles douloureuses), calmante bien utile pour les douleurs gastriques aggravées par le stress et les contrariétés.

Une tisane sans contre-indication connue (hormis comme toujours une rarissime allergie).

Pour faciliter le travail du foie et du pancréas

Le chyme est évacué vers le duodénum par le pylore: les sucs pancréatiques  et la bile entrent en jeu .

La fumeterre Fumaria officinalis Parties aériennes

Une plante discrète remarquable dans les inconforts gastriques: elle exerce une action anti-irritante sur la muqueuse gastrique et facilite la libération de bile et donc la suite de la digestion. On l’associe à l’aigremoine quand c’est possible pour renforcer son action.

Le Romarin Rosmarinus officinalis Feuille

Pour son action sur la sécrétion de bile et  digestive.

La menthe poivrée Mentha piperita Feuille

Menthe poivrée
Mentha piperita

Une incontournable du tube digestif, à la fois antispasmodique, antiseptique, légèrement cholérétique…  Son goût est généralement apprécié. Si elle vous rebute, ou que vous associez son goût aux confiseries qui elles font parfois mal à l’estomac, préférez la menthe douce, antispasmodique et digestive elle aussi. C’est la menthe du thé à la menthe traditionnel marocain.

Si la sécrétion acide est insuffisante

Gentiana lutea decouvrir.blog.tourisme-aveyron.com

Une plante connue pour ses vertus apéritives apporte un soulagement rapide: la gentiane Gentiana lutea, racine… en tisane ou en extrait de plante fraîche, évitons la boisson alcoolisée à jeun qui ne fera qu’aggraver les symptômes… associée à une anisée, la badiane de Chine Illicium verum, fruit ref 4

Badiane de Chine

Soignez très vigilant à la qualité des plantes que vous achetez, n’hésitez pas à demander un bulletin de contrôle: les falsifications de la badiane ont été hélas suivies d’accidents graves , ici un exposé très clair du Pr Annelise Lobstein.

 

Le reflux gastro-œsophagien RGO

Si le contenu acide de l’estomac ‘remonte » dans l’œsophage, on parle de RGO. La muqueuse de l’œsophage n’est pas protégée de l’acidité: il s’ensuit une irritation qui s’étendre jusqu’à la gorge, responsable de toux et d’enrouement;, voire jusqu’aux bronches.

Dans un premier temps, prendre des mesures de bon sens:

Éviter boissons gazeuses, aliments trop gras et repas trop copieux.

Ne pas se coucher dans les deux heures qui suivent un repas, et si prenez une tisane le soir, pas juste au coucher.

Éviter les aliments qui favorisent l’ouverture du cardia, comme le café et l’alcool, la menthe poivrée… à vous de voir dans votre cas précis.

Éviter les ceintures trop serrées, rehausser la tête de lit d’une quinzaine de centimètres.

Parmi les facteurs de risque, on retrouve la grossesse (bébé appuie sur l’estomac), le surpoids, le tabac. La course à pied, la plongée peuvent aussi engendrer des reflux à l’effort.

Certains médicaments favorisent le reflux ou les brûlures d’estomac: aspirine et anti inflammatoires, biphosphonates, minéraux (potassium, fer…)

Les plantes qui font du bien

Ce sont les mêmes que les plantes de l’acidité, auxquelles on ajoute volontiers les anti spasmodiques que sont la mélisse, le basilic ou la lavande, la marjolaine, en particulier sur un terrain de nervosité ou d’anxiété. Si vous optez pour la tisane, prenez la par petite quantité (une demie-tasse) 3 ou 4 fois par jour, ou prenez des extraits secs ou des extraits fluides.

 

 

Bibliographie 

ref1  Jean Bruneton Pharmacognosie Phytochimie Plantes médicinales 5èmeéd. Tec&doc Lavoisier

ref2 La Revue Prescrire Mars2017 Supplément Interactions p242

ref3 Hortense Faller Les applications et la toxicité des algues marines. thèse pour le diplôme d’État de docteur en Pharmacie. 2011. Université de Limoges.

ref4 Phytothérapie (2015). 13:250-254

http://www.passeportsante.net

 

Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.

L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.

Dernière mise à jour 11 mai 2018

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