3 août 2018: sortie botanique « Initiation à la botanique, quelques plantes médicinales, comestibles , toxiques des bords de Somme »
Un aperçu des plantes que nous avons observées
L’aulne Alnus glutinosa Bétulacées
Un arbre ou un arbuste facile à reconnaître avec ses feuilles aux nervures arquées, collantes quand elles sont jeunes (d’où son qualificatif de glutineux).
Le nom d’aulne se retrouve dans des noms de lieux: Aulnay au Nord de la Loire, Verne, Vernay, Verneuil…
Dans les patronymes: Delaunay, Delannoy, mais aussi Lavergne, Vergne… et Jules Verne!
Son bois est réputé imputrescible, et à ce titre il a été largement utilisé pour la construction de ponts et pilotis. Pline en a dit « enfoncé dans un sol marécageux, l’aulne est éternel et supporte n’importe quelle charge ». On affirme que Venise fut édifiée sur du bois d’aulne.
Il améliore la fertilité des sols pauvres, les racines immergées sont associées à des bactéries , permettant à l’arbre d’utiliser les nitrates au lieu de l’oxygène comme substrat à la photosynthèse: l’aulne épure nitrates et phosphates des cours d’eau.
L’écorce riche en tanins a servi à tanner les peaux.
Anciennes indications médicinales (aujourd’hui inusitées): La feuille en cataplasme peut soulager les douleurs dans les seins des femmes qui allaitent. En bains de bouche ou gargarisme, elle apaise les inflammations des gencives et de la gorge.
En gemmothérapie, l’aulne est un remède complémentaire des inflammations muqueuses (sinusites, gastrites …), des infections, des troubles veineux.
Le buddleia ou arbre à papillons
Une plante « échappée de jardin botanique »: introduite en Europe à la fin du XIXème siècle, le buddleia s’est vite étendu, aux détriment parfois des espèces déjà présentes.
Les cornouillers Cornus mas , C.sanguinea Cornacées
Le cornouiller sanguin prend une couleur rouge à l’automne , ses rameaux au soleil sont rouges aussi.
Sa feuille est caractéristique: déchirée en deux, les parties restent attachées par les nervures.
Les fruits sont irritants pour le tube digestif, attention! Les baies du cornouiller mâle seraient comestibles selon certains: à mon avis, mieux vaut ne pas goûter…
Inusité en phytothérapie, le cornouiller est utile en gemmothérapie: c’est le remède des traumatismes thoraciques fermés (hématome au niveau des côtes; côtes fêlées)
L’aubépine Crataegus oxyacantha, monogyna, levigata Rosacées
Un arbre d’une longévité remarquable: un individu est estimé vieux de 1700 ans en Mayenne.
Son nom latin évoque la puissance (cratos en grec: le pouvoir, la puissance)
Une médicinale remarquable, grande apaisante nerveuse, calme les palpitations sur cœur sain, l’anxiété… On utilise les fleurs ou les sommités fleuries.
La cardère commune Dipsacus fullonum Dipsacées? Caprifoliacées selon APGIII
Son nom vernaculaire est tellement plus évocateur: le cabaret-des-oiseaux, car l’eau de pluie s’accumule à la base des feuilles. Les insectes qui se noient dans cette gouttes apportent des composés azotés à la plante, mais contrairement à ce que l’on a pu en dire, ce n’est pas une plante carnivore!
Son nom français de cardère vient de son usage pour carder la laine: c’est une autre espèce, cultivée, qui lui est préférée pour cela.
La bardane Arctium lappa, Lappa major, Astéracées
Chou d’âne, herbe-aux-teigneux, herbe-aux-pouilleux, oreille-de-géant, herbe-du-Seigneur…
Reconnaissable à ses capitules qui s’accrochent aux vêtements, aux pelages des animaux: c’est la bardane qui aurait inspiré l’inventeur du velcro.
Les côtes et la moelle cuites sont comestibles, ainsi que la racine de première année récoltée à l’automne, les racines torréfiées donnent un succédané de café.
La feuille fraîche en cataplasme guérirait les morsures de vipère, soulage les piqûres d’hyménoptères, et aussi les rhumatismes: usage traditionnel!
La racine de bardane est une grande dépurative, en particulier de la peau: remède incontournable des acnés, boutons, furoncles. Elle est diurétique, une des rares plantes indiquées dans les calculs rénaux. On la donne aussi en prévention de la goutte, elle a des propriétés antidiabétiques.
Les bouleaux Betula pendula, B. verrucosa Bétulacées
Reconnaissable à leur écorce. Cette écorce imputrescible donne un goudron, appelé bitume, même étymologie que bouleau…
La Berezina : une plaine russe plantée de bouleaux (bereza en russe)
C’est le premier arbre du calendrier celtique, symbole de sagesse.
Le bouleau verruqueux porte des verrues résineuses sur l’écorce des jeunes rameaux.
La feuille de bouleau est diurétique, bon complément des traitements de la goutte. Souvent associée aux traitement anti inflammatoires des articulations.
La sève récoltée au printemps est un dépuratif doux: à boire pur ou dilué, vers le mois de mars-avril, chaque matin pendant 3 semaines, pour aider les fonctions d’élimination de l’organisme (les anciens disaient » nettoyer le corps »)
Son écorce contient du salicylate de méthyle (on en tire une HE dont la composition est proche de celle de la Gaulthérie couchée)
La carotte sauvage Daucus carota Apiacées (ex Ombellifères)
La fleur centrale de l’ombelle est parfois pourpre: c’est un « leurre » pour les insectes !
La racine n’est pas consommable, mais soyez vigilants: confusion possible avec la ciguë.
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À la différence de sa cousine cultivée, la racine de la carotte sauvage n’est pas comestible!
Le frêne Fraxinus excelsior Oléacées
Un bel arbre, des feuilles imparipennées de 7 à 15 folioles. Ses feuilles forment un bon humus; également aliment de qualité pour le bétail.
Son bois est dur et résistant, tout en gardant une certaine souplesse: à ce titre il est apprécié en ébénisterie.
Dans la mythologie scandinave, il représente l’Univers (les racines dans les ténèbres et les branches dans les cieux)
La feuille de frêne est diurétique et anti inflammatoire, adaptée aux terrains goutteux.
Il existe un autre frêne, le frêne à manne ou orNe ou frêne à fleurs: sa sève de printemps donne une sorte de sirop fort sucré, d’où son nom de manne.
Le plantain lancéolé Plantago lanceolata Plantaginacées
Herbe-aux-cinq-coutures
Une jolie légende: si vous voulez vous faire aimer de qui vous ignore, faites toucher à la personne de l’herbe de plantain, et dévotement, portez l’herbe à votre cou…
La plante fraîche calme toutes les piqûres (orties, moustiques…) : il suffit de froisser les feuilles et de frotter la zone atteinte.
En infusion, les parties aériennes sont des anti inflammatoires des voies respiratoires: rhumes, allergies, sinusites, toux…
Le sureau noir Sambucus nigra Adoxacées (ex- caprifoliacées)
Arbre-de-Judas
Attention à ne pas confondre avec le sureau hièble: sureau noir a un tronc ligneux, comme un arbre.
Feuilles et seconde écorce sont réputées toxiques (elles contiennent une faible proportion d’acide cyanhydrique).
Les fleurs font d’excellents beignets, au printemps, ainsi qu’un cordial réputé (en Angleterre), et un sirop rafraîchissant.
Les fleurs séchées sont diurétiques, sudorifiques et fluidifient les sécrétions bronchiques: c’est la tisane des rhumes, des états grippaux.
Les fruits crus sont irritants voire toxiques. Un extrait de fruits est néanmoins immunostimulant.
Le sirop de sureau est un bon anti-viral: à préparer pour un état grippal cet hiver.
Faire bouillir 10 minutes un litre d’eau avec 1kg de sucre, ajouter 1 kg de baies sans tiges pour 4 minutes, 30g d’acide citrique (pour la conservation) ou le jus de 2 citrons ou des clous de girofle, laisser tiédir , filtrer, porter de nouveau à ébullition et stocker en bouteilles stérilisées.
Se conserve 6 à 9 mois environ. Pour les rhumes, états grippaux: 3 à 6 cuillerées à soupe par jour.
Le charme Carpinus betulus Bétulacées
Pour différencier le charme du hêtre, un moyen mnémotechnique à l’humour potache qui se transmet inlassablement… un être à poil charme Adam (hêtre à poils: poils sur le bord des feuilles de hêtre, charme à dents: feuilles doublement dentées du charme).
Le bois dur du charme donnait les essieux et les moyeux des roues.
Les feuilles sont riches en tanins, astringentes:
utilisation en gargarismes dans les maux de bouche et de gorge, dans les diarrhées
Le bourgeon est indiqué en complément dans les thrombopénies (manque de plaquettes sanguines), les sinusites et bronchites.
L’écorce renferme un colorant jaune.
La berce spondyle Heracleum spondylium Apiacées (ex- Ombellifères)
Tarte-à-lapins, patte-d’ours, herbe-du-diable
Consacrée à Hercule, du fait de sa robustesse?
Une belle plante commune, à ne pas confondre avec la géante berce-du-Caucase, irritante et non comestible.
La berce spondyle est photosensiblisante et peut être irritante. Elle est néanmoins comestible: les feuilles jeunes et graines.
Feuilles bouillies et graines fermentées donnent une bière.
En Suède, la feuille est un remède de dysenterie. La feuille fraîche est un résolutif des furoncles et abcès.
La graine fait partie des « graines chaudes » comme l’anis ou le cumin: une digestive et carminative (pour les ballonnements intestinaux)
La graine a un goût délicat, qui évoque les agrumes: incorporées à un quatre-quarts aux noix, c’est un délice.
Un réséda Reseda lutea Résédacées
il « dissipe les amas de pus ».
Le réséda jaune est comestible: jeunes feuilles en salade et tiges cuites, comme les asperges. Il est inusité en plante médicinale, mais ses principes actifs lui confèrent des propriétés diurétiques.
La rose et le réséda de Louis Aragon (1943) évoque le réséda blanc.
L’armoise Artemisia vulgaris Astéracées
L’herbe-aux-cent-goûts
Un chapelet d’armoise jeté dans le feu de la Saint-Jean, avec l’incantation » que toute ma malchance parte avec ceci » garantit une année de prospérité et de bonheur…
Une herbe que les cuisiniers remettent à l’honneur: en Occident, elle parfume les volailles, en Chine et au Japon, le riz gluant.
Son purin est un insectifuge efficace.
Elle est anthelmintique (vermifuge) comme la tanaisie, stomachique (facilite la digestion).
Les infusions soulagent les douleurs de règles, elle serait emménagogue .
L’armoise présente un risque abortif, même en tisane: ne jamais donner à la femme enceinte, il s’agit d’une véritable contre-indication.
Son huile essentielle est réglementée en raison de la présence de thuyone, qui peut provoquer des crises d’épilepsie et des avortements. La législation française est protectrice (vente exclusive en pharmacie), hélas, on la trouve sur Internet sans le moindre contrôle. Elle est réellement à risque: ne l’utilisez pas.
L’armoise est parfois fumée comme la marijuana. Les bâtonnets d’armoise servent de moxa.
En Ukrainien, armoise se traduit par herbe (bylj) noire (tcherno): c’est l’étymologie de Tchernobyl.
Le lotier corniculé Lotus corniculatus Fabacées
La forme de sa fleur lui vaut un délicieux nom vernaculaire: la pantoufle du petit Jésus.
Le lotier est anti spasmodique et calmant, mais ne s’utilise plus depuis que des analyses poussées ont révélé la présence d’acide cyanhydrique: la teneur est faible, mais la prudence s’impose…
La grande consoude Symphytum officinale Boraginacées
Les fleurs sont caractéristiques, insérées d’un seul côté du rameau qui les porte.
La consoude est mellifère, mais les abeilles ne peuvent l’utiliser que si des bourdons ont percé sa corolle.
La racine coupée est employée en usage externe uniquement, sur des traumatismes articulaires ou osseux: de là son nom d’herbe aux charpentiers, profession sujette aux hématomes et fractures.
La consoude est-elle comestible?
Elle est connue comme telle depuis au moins deux mille ans, mais les analyses récentes ont semé le doute: la consoude contient en effet en faible proportion des substances toxiques, cancérigènes, toxiques pour le foie, le poumon, tératogènes (qui entraîne des malformations du fœtus), abortives. L’OMS en déconseille donc la consommation.
Des calculs savants laissent penser qu’une consommation exceptionnelle serait sans danger: à vous de juger, un lien ici vers un article très bien documenté.
Le bouillon-blanc Verbascum thapsus Scrophulariacées
Une plante facile à reconnaître, sur les talus, les friches. On l’appelle cierge de Notre-Dame: utilisée comme cierge le 15 août, herbe de Saint-Fiacre: pour sa floraison en fin d’été (St Fiacre se fête le 30 août).
La fleur de bouillon-blanc fait partie des « espèces pectorales », avec la violette, la mauve, le tussilage, le coquelicot, la guimauve et le pied-de-chat.
La fleur est une adoucissante des voies ORL (maux de gorge, toux d’irritation, irritations de la bouche) . Des auteurs anciens la recommandaient pour les irritations de l’estomac, mais cet usage est tombé en désuétude.
L’infusion doit être bien filtrée, et on peut adjoindre une pincée de bicarbonate de sodium pour tamponner son acidité. On peut aussi faire infuser dans du lait: c’était la pratique ancienne contre la tuberculose.
Vous pouvez préparer une teinture-mère (à de fleurs fraîches) ou une teinture (à base de fleurs sèches), en laissant macérer les fleurs dans de l’alcool (1 partie de fleurs dans 5 d’alcool), puis filtration et stockage en , flacons de verre teinté, bouchés, à l’abri de la lumière, la posologie adulte est alors de l’ordre de 15-20 gouttes 2 ou 3 fois par jour.
Attention aux graines qui sont toxiques: les braconniers en jetaient dans les eaux dormantes pour engourdir le poisson!
La patience crépue Rumex crispus Polygonacées
Une plante très riche en acide oxalique, comme l’oseille (mais sa consommation est déconseillée).
La racine contient des anthracéniques, qui sont des purgatifs violents: ne pas utiliser.
Sa seule utilisation possible est en dilution homéopathique (toux, diarrhées…)
Coquelicot Papaver rhoeas Papavéracées
Tout le monde le connaît! Il réapparaît dans les champs lorsqu’ils ne sont pas trop arrosés de pesticides, sur les bords de chemins, et depuis peu dans les villes qui ont fait le choix du « sans pesticides » : c’est ainsi que nous voyons des coquelicots à Amiens!
La fleur est d’un séchage délicat. Elle donne une infusion de belle couleur sombre, calmante et anti tussive.
Les cataplasmes de fleurs calment les yeux irrités , les abcès dentaires.
Les décoctions de capsules sont calmantes:
Vous pouvez aussi préparer un sirop de coquelicots pour la toux et les maux de gorge (adulte: à la cuillerée à soupe. Le produit « maison » n’étant pas titré en principes actifs, ni contrôlé du point du vue bactériologique, je ne le recommande ni chez l’enfant, ni chez la femme enceinte ou allaitante).
Recette du sirop de coquelicots:
Récolter environ 200g de fleurs, utiliser les pétales seulement (pas de problème s’il reste les étamines), verser dans le même poids d’eau bouillante et laisser infuser 10 minutes. Filtrer, ajouter 1,2 fois le poids de l’infusion en sucre (exemple: si vous pesez 300g d’infusion, ajoutez 300×1,2 = 360g de sucre), portez à ébullition quelques minutes et conditionnez en flacons stérilisés. Se conserve quelques mois. Jeter en cas de fermentation .
La salicaire Lythrum salicaria Lythracées
Une plante très repérable! elle contient beaucoup de nectar et attire les insectes. Ses graines deviennent collantes par temps humide, et adhèrent au plumage des oiseaux qui les disséminent.
Les sommités fleuries (la partie fleurie) est astringente: c’est une anti diarrhéique efficace.
On peut la sécher pour les infusions, ou la réduire en poudre pour appliquer sur les intertrigos (« pied d’athlète ») ou préparer une teinture pour usage externe à partir de la plante sèche (1 partie de plante sèche pour 5 d’alcool à 60°, macération 15 jours environ, filtrer et conditionner).
La tanaisie Tanacetum vulgare Astéracées
Ses noms vernaculaires sont évocateurs de ses propriétés: herbe-aux-vers, herbe-amère, sent-bon…
La tanaisie est toxique par voie orale à forte dose, mais les infusions peu concentrées demeurent possibles.
La tanaisie est un insecticide réputé: feuilles sèches dans la litière, dans les paniers des animaux domestiques, pour chasser les puces.
La graine est un vermifuge efficace: 5g de graines dans 100 mL d’eau bouillante, à prendre le matin à jeun plusieurs jours de suite, ou 2g de poudre dans du miel…
Pour les enfants, on préfère le cataplasme de feuilles fraîches appliqué sur ventre, à renouveler plusieurs jours.
Les semences peuvent même s’incorporer dans un gâteau, de même qu’une ou deux cuillerées d’infusion de fleurs !
La vipérine Echium vulgare Boraginacées
Herbe-aux-vipères, langue-d’oie
De jolies fleurs bleues à maturité, mais souvent rouges en début de floraison en raison du changement d’acidité dans la plante.
Elle n’est pas répertoriée comme plante médicinale, mais on peut éventuellement utiliser les fleurs comme celles de bourrache: pour la toux et les maux de gorge.
Attention toutefois à n’utiliser que de faibles doses et sur peu de temps: la vipérine contient un alcaloïde paralysant (comme le curare): l’échiine ou cynoglossine. La concentration est si faible que la plante n’est pas toxique chez l’Homme, mais c’est une précaution à connaître!
Son nom de vipérine vient de sa morphologie, la fleur ressemble à une tête de vipère, et elle a longtemps eu la réputation d’en soigner les morsures: réputation usurpée semble-t-il !
La douce-amère Solanum dulcamara Solanacées
Une plante de la famille de la pomme de terre, l’aubergine, la tomate, le tabac, la belladone. La douce-amère est toxique: ses noms vernaculaires sont clairs à cet égard: tue-chien, crève-chien…
Les baies empoisonnent les oiseaux de volière (les oiseaux sauvages ne les consomment pas).
L’eupatoire chanvrine Eupatorium cannabinum Astéracées
On l’appelle herbe-de -Sainte-Cunégonde: en Allemagne, elle fut considérée comme une panacée, aussi miraculeuse que le tombeau de la sainte…
Les temps ont changé, elle est désormais considérée avec méfiance car elle contient en faible quantité des substances toxiques pour le foie, surtout en cas d’usage chronique (alcaloïdes pyrrolizidiniques pour les curieux): je ne peux donc plus la recommander.
Les tisanes étaient réputées apéritives (qui ouvrent l’appétit) et toniques, diurétiques et sudorifiques (augmentent la sudation: utile dans les fièvres).
Un usage encore possible: la feuille fraîche est cicatrisante.
La teinture calme les inflammations de la bouche (diluer dans de l’eau, ne pas avaler).
L’achillée millefeuille Achillea millefolium Astéracées
Ses noms vernaculaires la résument bien: sourcil-de-Vénus en référence à sa feuille finement découpée, herbe-à-la-coupure, herbe-de-Saint-Joseph ou herbe-des-charpentiers pour ses vertus cicatrisantes. On en dénombre une douzaine d’espèces différentes.
En tisane, elle est tonique digestive, hémostatique (arrête les saignements, épistaxis notamment), anti hémorrhoïdaire. elle a la réputation de « faire venir les règles » qui sont « bloquées » suite à une émotion forte ou le froid.
En externe, on mettait des cataplasmes d’achillée pour cicatriser des plaies qui ne saignenet plus.
La partie active de la plante (la drogue) est la sommité fleurie.
La bryone Bryonia dioica Cucurbitacées
Le navet-du-diable: la racine est une purgative drastique, à ne jamais utiliser.
Seul l’usage homéopathique est retenu (rhumatismes, toux qui ressemblent à la diphtérie)
Les empoisonnements surviennent en cas de confusion avec d’autres racines: NE RECOLTEZ QUE CE QUE VOUS CONNAISSEZ PARFAITEMENT!
Attention aux enfants: les baies, rouges à maturité, sont attrayantes.
La clématite des haies Clematis vitalba Renonculacées
C’est l’herbe-aux-gueux ou le berceau-de-la-Vierge.
Les jeunes pousses sont comestibles, cuites comme les asperges, ou au vinaigre en condiment.
Mais attention à la cueillette: si elle s’appelle couramment l’herbe-aux-gueux, ce n’est pas sans raison. Les mendiants avaient coutume de s’en frotter la peau, pour créer de faux ulcères et attirer la pitié des passants… spectaculaire mais moins sérieux qu’ils n’y paraissait: la nature fournissait aussi le pansement, la simple feuille de blette qui agissait comme cicatrisant.
Ses propriétés irritantes (on dit vésicatoires: provoque des cloques) sont mises à profit pour faire tomber un ongle (après un choc, ou une mycose).
Les saules Salix purpurea, spp. L, Salicacées
Linné en dénombrait 29 espèces, aujourd’hui les botanistes en répertorient environ 500.
Dans la même famille, on trouve les peupliers: chatons pendants pour les peupliers, dressés pour le saule. Il est habituel d’étêter les saules: ce sont des têtards. On nomme osiers les saules à rameaux longs et flexibles. Les saules contiennent tous des principes actifs analogues.
La partie active est l’écorce de tige, les feuilles sont beaucoup moins concentrées. Les chatons sont réputés anaphrodisiaques (qui calme les ardeurs sexuelles, décrit par Jacques Daléchamps au XVIème siècle), calmants et antispasmodiques.
L’écorce de saule contient une substance remarquable: l’acide salicylique. La décoction de saule est, comme l’aspirine, antiinflammatoire, fébrifuge, antalgique… si la décoction de saule est peu irritante pour l’estomac, il n’en est pas de même pour l’acide salicylique: ce constat a conduit à synthétiser un produit dérivé, l’acide acétylsalicylique, plus connu sous le nom d’aspirine.
Les décoctions de saule gardent un grand intérêt pour soulager maux de tête, inflammation, fièvre: moins agressif que l’aspirine, le saule est efficace. À réserver à l’adulte, contre-indiqué chez la femme enceinte, l’enfant (car pas de dosage possible), en association avec les anticoagulants, en cas d’allergie aux salicylés.
Vous pouvez préparer une teinture (une part d’écorce de tige pour 4 parts d’alcool), du vin de saule (50g par litre de vin blanc).
Les racines filtrent l’eau, le saule épure son environnement. Son système racinaire vigoureux protège les berges.
La linaire Linaria vulgaris Scrophulariacées
Une très jolie plante, qui n’est pas utilisable pour ses propriétés médicinales (15-30 gouttes de teinture semblent déterminer des violents troubles digestifs, des maux de tête…
En usage externe, elle est émolliente (adoucissante) et astringente, et utilisée contre les hémorroïdes, comme le rapporte un chroniqueur allemand vers 1660. Un médecin vendit au prince de sa région un onguent pour soulager ses hémorroïdes. Pratique fort lucrative: il s’en fit payer sous forme de rente viagère, d’un bœuf gras par an… Le fameux onguent n’était en réalité qu’une pommade de linaire bouillie dans du saindoux.
Sa fleur est attrayante pour les insectes, mais seuls les insectes à longue trompe peuvent extraire son nectar, en actionnant un « clapet » qui ouvre la fleur.
Bibliographie succincte
Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus
Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus
Marie-Antoinette Mulot herboriste diplômée (sic) Secrets d’une herboriste Éd.Dauphin
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
Max Wichtl, Robert Anton Plantes thérapeutiques Tradition, pratique officinale, science et thérapeutique 2ème édition, Ed.Lavoisier, Tec et doc
Dorvault L’officine, répertoire général de pharmacie pratique dix-huitième édition-bis, Vigot frères, éditeurs, 1945
Fabienne Millet Phytothérapie pour sages-femmes, IDE, et personnel soignant. Propositions de soins en aromathérapie Phytothérapie (2017) 15:189-196
Michel Faucon Traité d’aromathérapie scientifique et médicale Sang de la Terre
Fabienne Millet Le guide Marabout des huiles essentielles Ed Marabout
Michel Dubray Guide des contre-indications des principales plantes médicinales Ed.Lucien Souny