Une plante pour de délicates tisanes au goût citronné.
Un peu de botanique
La verveine odorante Lippia citriodora Kunth., ou Aloysia triphylla L’Hér., appartient à la famille des Verbénacées. C’est une plante arbustive pouvant atteindre 2 mètres de hauteur, originaire d’Amérique latine, introduite en Europe vers la fin du XVIIIème siècle (en France par Joseph Dombey), où elle s’est naturalisée dans la région méditerranéenne.
Il ne faut pas la confondre avec la verveine officinale Verbena officinalis .
Une plante médicinale
La partie utilisée est la feuille, récoltée deux fois par an (avant floraison, puis en automne).
La tisane de verveine odorante est indiquée pour les troubles digestifs bénins (ballonnements, lenteurs à la digestion…) ainsi que pour la nervosité et les troubles du sommeil. Cette indication est confirmée par des études récentes, qui lui attribuent également un effet anti-déprime, déjà bien établi par les usages traditionnels, notamment au Maroc: nouvelle confirmation, s’il en était besoin, de l’intérêt et du respect que nous devons aux savoirs ancestraux.
Autre usage traditionnel de la verveine odorante, lié à sa teneur élevée en polyphénols : un effet tonique sur la circulation veineuse et lymphatique, les hémorroïdes, les varicosités.
La verveine est une plante médicinale qui offre une grande sécurité, vous pouvez même en proposer un peu à de jeunes enfants.
Une huile essentielle
L’huile essentielle de verveine odorante est obtenue par distillation des feuilles. Le rendement est très faible (entre 0,1 et 0,7%), ce qui explique son prix élevé. Elle est riche en néral et géranial, c’est ce qui lui confère son odeur citronnée et est responsable de son effet irritant sur la peau: on l’utilise toujours diluée dans une huile végétale.
Elle a des vertus apaisantes, anti-déprime: pour cet usage, une inhalation sèche est adaptée, mettez une goutte sur un mouchoir, et respirez calmement une ou deux minutes. Elle améliore la concentration .
L’HE de verveine citronnée a une activité anti bactérienne prouvée , vis-à-vis de certains streptocoques, d’une bactérie associée à des maladies de l’estomac (iHelicobacter pylori).
C’est aussi une grande tonique, sur la fonction thyroïdienne, sur le pancréas. Ces indications ne doivent jamais être pratiquées en auto médication.
Comme avec toutes les HE, respectez scrupuleusement les modes d’administration et les posologies. L’utilisation est interdite chez l’enfant, la femme enceinte, pendant l’allaitement, grande prudence en cas d’asthme ou d’épilepsie: l’avis d’un professionnel de santé bien formé à la pratique de l’aromathérapie est indispensable.
L’inutile et le superflu… ou pas
L’herbe de Vénus
Le nom de Verveine , verbena, viendrait du bas-latin : de Vénus. D’autres étymologies évoquent une altération du latin verbenœ rameaux de laurier, d’olivier, en référence à la forme allongée de la feuille.
Son nom botanique lippia rend hommage au médecin-botaniste français Augustin Lippi (1678-1704) assassiné en Abyssinie.
Nommez-la par son nom latin pour éviter les confusions: on la désigne parfois sous le nom de citronnelle (rien à voir pourtant) , ou herbe de Louise: Princesse de Parme (1751-1819), devenue reine d’Espagne.
Un répulsif contre les moustiques
Un pot de verveine odorante sur un appui de fenêtre repousse les insectes: à plus grande échelle, la plante participe aussi à la lutte contre les Anophèles, moustiques vecteurs du paludisme.
Des sachets de verveine odorante protègent le linge contre les mites et autres insectes.
Dans la cuisine
La verveine aromatise délicatement les vinaigres (laisser macérer quelques feuilles dans le flacon), mais aussi les salades de fruits (essayez avec des fraises), les crèmes (infuser dans le lait ou la crème) ou des glaces (ajouter des feuilles fraîches coupées menu).
On peut aussi en ajouter à du thym-citron pour préparer un beurre d’herbe particulièrement apprécié.
et en parfumerie
Les parfums citronnés à base de verveine ont eu leur heure de gloire (cf la nouvelle de Maupassant ci-dessous): pour les parfumeurs, la verveine entre dans la « note de tête » d’une fragrance.
Plus prosaïquement, Billy Laws rapporte que la verveine citronnée, comme la lavande, masquait la puanteur des rues.
Le mot de la fin
à Guy de Maupassant, dans une nouvelle irrésistiblement inconvenante (1885), Sauvée
(… )Ainsi cette photographie représente la maîtresse de monsieur votre mari ? »— Oui, monsieur.— Une belle personne, une fausse maigre. Et quel parfum ?Je ne comprenais pas ; je répétai : « Comment, quel parfum ? »Il sourit : « Oui, madame, le parfum est essentiel pour séduire un homme ; car cela lui donne des ressouvenirs inconscients qui le disposent à l’action ; le parfum établit des confusions obscures dans son esprit, le trouble et l’énerve en lui rappelant ses plaisirs. Il faudrait tâcher de savoir aussi ce que monsieur votre mari a l’habitude de manger quand il dîne avec cette dame. Vous pourriez lui servir les mêmes plats le soir où vous le pincerez. Oh ! nous le tenons, madame, nous le tenons. »Je m’en allai enchantée. J’étais tombée là vraiment sur un homme très intelligent. (…)
— Mais je demanderai à Madame si elle s’est informée du parfum.— Oui, ma bonne Rose, — la verveine.— Tant mieux, Madame, j’aime beaucoup cette odeur-là !
un lien avec la nouvelle en livre-audio:
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Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.
