La mélatonine est une hormone produite dans le cerveau (par la glande pinéale), la nuit: la période de sécrétion dure environ dix heures, avec un maximum vers 3 – 4 heures du matin. ce maximum de sécrétion correspond aussi au moment où la température corporelle est la plus basse. La mélatonine n’est pas stockée dans l’organisme: elle passe directement dans la circulation. Certaines personnes ont une sécrétion très faible, sans conséquence sur le sommeil. La sécrétion diminue avec l’âge. (ref1)
Une horloge biologique
L’organisme dispose d’une horloge interne située dans le cerveau, qui contrôle les rythmes circadiens: le rythme de sécrétion de la mélatonine, du cortisol, veille/sommeil, comportement alimentaire, température…
C’est l’alternance lumière/obscurité (jour/nuit) qui constitue le principal synchroniseur du système. Quand on apporte de la lumière le soir, la sécrétion est retardée: c’est pourquoi il est si important d’éteindre les écrans quelques heures avant de se coucher! Et ceci d’autant plus que la lumière bleue (comme celle de nos écrans) est la plus active, alors que la lumière rouge n’a pas d’incidence.
La lumière artificielle supprime ou décale la sécrétion de mélatonine.
La mélatonine synchronise les rythmes circadiens, les rythmes de température corporelle et les rythmes veille-sommeil en particulier.
Prendre de la mélatonine pour dormir?
Les études ne mettent pas en évidence une efficacité spectaculaire sur le sommeil. Elle semble améliorer le délai d’endormissement chez les sujets de plus de 55 ans. À la différence des benzodiazépines, il n’y a ni sevrage ni rebond à l’arrêt du traitement.
La mélatonine présente un intérêt dans les « syndromes de retard de phase » (décalage: endormissement très tardif… et lever tardif: souvent le cas pour des adolescents). Dans ce cas, la prise de mélatonine 4 ou 5 heures avant l’heure d’endormissement spontané permet d’ajuster le sommeil dans des horaires plus compatibles avec la vie scolaire ou sociale. L’association avec une photothérapie le matin (exposition à la lumière du jour ou à une lampe à lumière du jour) est bénéfique. En revanche, les effets disparaissent à l’arrêt du traitement si une hygiène du sommeil n’est pas mise en place.
Une autre indication de la mélatonine est la prévention du jet-lag (syndrome de franchissement rapide des fuseaux horaires). Son efficacité semble modeste, mais les effets indésirables rares et bénins permettent de l’utiliser si le jet lag est fréquent ou pénible.
La mélatonine est indiquée dans certains cas chez des enfants présentant des troubles neurologiques, indication pour laquelle la HAS (Haute autorité de santé) prévoit un remboursement à titre dérogatoire (mais pour avoir longtemps exercé en pharmacie d’officine, je peux témoigner que l’obtention de ce remboursement relève du parcours du combattant…).
Dans le cas de sujets âgés, la perturbation de rythme veille-sommeil est fréquente. Chez des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, la perturbation du rythme veille-sommeil s’accompagne souvent de somnolence diurne et d’agitation vespérale. Dans ce cadre, la mélatonine semble améliorer le quotidien, en l’associant à une exposition à la lumière du jour. L’utilisation de la mélatonine dans des maladies neurologiques fait l’objet d’études , à ce jour, aucune conclusion définitive ne peut être établie.
En dehors des troubles du sommeil, la mélatonine aurait un intérêt en prévention des crises de migraine. ref2
La toxicité aiguë de la mélatonine est faible . Son usage à long terme est peu évalué à ce jour. un article (en français pour une fois!) ici : c’est une substance à réserver à des traitements courts.
En l’absence d’études et par prudence, ne pas utiliser chez la femme enceinte ou allaitante, chez l’enfant et l’adolescent, en cas de maladie auto immune ou inflammatoire chronique, d’insuffisance rénale ou hépatique.
En avril 2018, l’ANSES publie des recommandations de prudence pour les asthmatiques, les patients épileptiques, les patients souffrant de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité. L’article ici
Il faut également demeurer très prudent en cas de prise d’autres médicaments: des interactions ne sont pas exclues en raison du métabolisme de la mélatonine par les cytochromes hépatiques (CYP1A2).
ref1 B.Claustrat Médecine du sommeil (2009) 6, 12—24
ref2 Minerva 2017 Volume 16 Numéro 5 Page 115 – 118
Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.
Dernière mise à jour 17 septembre 2018