La ménopause n’est pas une maladie mais elle s’accompagne parfois de troubles bénins, mais gênants: bouffées de chaleur, irritabilité, troubles du sommeil. Peu à peu, d’autres signes apparaissent: perte d’élasticité de la peau, sécheresse des muqueuses… Beaucoup de ces inconforts peuvent être soulagés par des remèdes naturels.
Pour commencer, ne négligez pas un bilan médical et une visite chez votre gynécologue.
Hygiène de vie
Bougez!
Vous aurez tout à y gagner! Moins de bouffées de chaleur (des articles ici, là et là aussi), perte de poids (un article ici sur l’intérêt d’un entraînement en HIIT plutôt qu’en endurance) , moins de déprime. Et en bonus, c’est bon pour le système cardiovasculaire et l’ostéoporose.
Quelle activité physique?
Ce qui vous plaît… prévoyez une demie-heure au moins, trois ou quatre fois par semaine, dehors de préférence (pour profiter de la lumière: c’est indispensable pour synchroniser les cycles veille/sommeil par la mélatonine, et vous avez besoin de soleil pour synthétise de la vitamine D)
Le bon rythme: « je peux parler mais pas chanter ». Tout est bon: marche un peu rapide (désolée, le lèche-vitrine ne suffit pas), marche nordique, vélo, trottinette, rollers (n’oubliez pas les protections et le casque, ce n’est pas réservé aux enfants)… ajoutez des exercices qui entretiennent la souplesse te la coordination, la force musculaire, comme le yoga, le stretching, le tai-chi, la natation, les activités de type aquagym, aquatraining… et des séances de fractionné (ou HIIT) , tout est bon, pourvu que vous pratiquiez régulièrement.
Retrouvez votre poids de forme
Le surpoids est un facteur qui favorise les bouffées de chaleur.
Si au fil des années, les kilos se sont incrustés, bonne nouvelle: une vie plus saine, avec une alimentation raisonnée et un exercice physique adapté réduisent les bouffées de chaleur en vous faisant perdre ces satanés kilos. Faites un bilan nutritionnel et physique, et retrouvez la forme. Des études ici, là
Arrêtez de fumer
Vous y pensez depuis longtemps, c’est le moment! Des études font le lien entre tabagisme et bouffées de chaleur, sans trouver la cause de cette association. Quoi qu’il en soit, il y a plus de bénéfices à cesser de fumer qu’à continuer! des conseils ici.
Alimentation
Des acides gras
Les études confirment l’usage: la consommation d’acides gras ω-3 à longue chaîne réduit les bouffées de chaleur. Ce sont les acides gras que vous trouvez dans les poissons gras (maquereaux, sardines, harengs, anchois…). Les doses nécessaires sont importantes, de l’ordre de 3g par jour, ce qui nécessite un apport supplémentaire. Ils sont aussi bénéfiques sur l’humeur. Et ils protègent vos artères.
Des protéines, du calcium, des vitamines…
Tout ce qu’il faut pour éloigner le risque d’ostéoporose: des conseils ici
L’apport de la phyto-thérapie
On peut classer en deux groupes les plantes utilisées pour soulager les troubles de la ménopause: les plantes à effet hormonal, en particulier à phyto-œstrogènes , et les plantes sans action hormonale directe.
Les plantes à phyto-œstrogènes (soja, yam, trèfle rouge, HE sauge sclarée, actée à grappes, houblon…) agissent comme les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause. Il est prudent de respecter les mêmes précautions et contre-indications que les traitements hormonaux allopathiques: antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein, des ovaires ou de l’utérus, maladies cardio vasculaires, hypertension artérielle notamment, antécédents de fibromes utérins qui risquent de saigner notamment. Dans cet article, nous nous limiterons aux plantes sans action hormonale. D’autres plantes ont ou auraient un effet hormonal, comme le Tribulus terrestris (sur la testotérone et la LH), la maca dont l’innocuité est loin d’être démontrée (ref2)
La phyto-thérapie non hormonale vise à réduire les symptômes gênants, mais ne corrige pas le manque physiologique d’estrogènes.
L’huile d’onagre Œnothera biennis
Encore appelée primevère du soir ou herbe-aux-ânes, c’est une plante herbacée originaire d’Amérique du Nord, et commune sur les côtes atlantiques et méditerranéennes. La racine est comestible: c’est le « jambon du jardinier » (la racine se cuisine comme le salsifis). La tige est un condiment.
L’onagre est cultivée en Amérique du Nord, en Europe (Pays-Bas, Hongrie) et en Australie. Au Canada, sa culture est envisagée pour remplacer celle du tabac (ref1).
L’huile d’onagre est traditionnellement utilisée pour réduire les bouffées de chaleur et dans les syndromes prémenstruels. Des études confirment là encore le bien fondé de la pratique. Vous pouvez la prendre en capsules ou à raison d’une demie-cuillerée à café par jour, mais attention, c’est une huile qui rancit très rapidement et perd ses effets.
Autres bénéfices appréciés: l’huile d’onagre soulage les douleurs et les tensions dans les seins (contrôle médical indispensable pour s’assurer qu’il s’agit bien du déséquilibre hormonal!), elle améliore l’élasticité de la peau (ref3). Vous pouvez d’ailleurs l’utiliser localement: pure sur les zones les plus sèches, mélangée à de l’huile de jojoba pour un effet moins « gras ».
Lorsque la ménopause n’est pas installée, durant la période parfois longue où les cycles sont irréguliers, la prise d’onagre en fin de cycle (quand ils sont encore repérables, ou aux premiers signes de syndrome prémenstruel, tension mammaire, irritabilité, troubles du sommeil, troubles digestifs… chaque femme concernée les repère parfaitement) soulage rapidement : dans ce cas , il est nécessaire de prendre 3 à 4 g/ jour. (ref 4)
Les effets indésirables de l’huile d’onagre sont bénins et peu fréquents: rares maux d’estomac, maux de tête. Il suffit en général de prendre les capsules avec un grand verre d’eau en fin de repas. (éviter d’avaler avec un liquide chaud qui dissout trop rapidement la capsule, ou à jeun). En cas de prise d’anti coagulants de la famille des anti vitamine K, prévoyez une surveillance rapprochée de l’INR.
L’aubépine Crataegus monogyna, C.laevigata ou oxyacantha Rosacées
Les parties utilisées dans cette indication sont les sommités fleuries, la baie ayant d’autres propriétés.
Juste pour le plaisir, quelques informations qui n’ont guère à voir avec la ménopause: son nom français dérive du latin alba spina épine blanche. Parmi ses noms vernaculaires, bois de mai évoque sa floraison printanière, poire d’oiseau et poire du Seigneur (en Bas-Valais) pour ses baies: une espèce en particulier (Cratagus azarolus, l’azerolier) fournit des fruits comestibles, rouges ou jaunes. Dans certaines régions d’Allemagne et d’Autriche, les fruits séchés et réduits en farine sont à la base d’une sorte de pain. Le nom allemand de l’aubépine est évocateur: Meelbeere, c’est à dire baie à farine! C’est le buisson ardent de Moïse, l’arbuste qui attire le bonheur et la prospérité. En Grèce, on en faisait la fleur des mariages.
Revenons aux vertus de l’aubépine.
Son utilisation pour soulager les troubles de la ménopause, autant l’irritabilité que les bouffées de chaleur, est recommandée depuis plus d’un siècle (ref5) . Des travaux récents confirment son intérêt, en particulier chez les femmes hypertendues au moment de la ménopause. (ref6 et 7)
L’aubépine agit à deux niveaux :
• sur le système cardiovasculaire : ralentit le rythme cardiaque, améliore la
« force » du cœur. En Allemagne, l’aubépine est utilisée en première
intention dans les hypertensions artérielles modérées et le premier stade de
l’insuffisance cardiaque. des études récentes confirment son effet sur le rythme cardiaque (l’aubépine s’oppose à une arythmie causée par la digitaline: ici, en anglais)
Attention, ne remplace en aucun cas un traitement conventionnel !
• Sur le système nerveux : tranquillisante et anxiolytique. Elle calme les
symptômes du stress et du trac (surtout les palpitations, les tremblements)
Bien qu’aucun incident n’ait été relevé, il est sage de ne pas associer
l’aubépine avec des β bloquants ou des antiarythmiques.
L’aubépine est la plante des étudiants qui ont le trac avant l’examen, et de tous
ceux qui se plaignent de palpitations, sueurs, tremblements en période de stress.
Les plantes à associer à l’aubépine : passiflore, houblon, eschscholtzia et valériane
La sauge Salvia officinalis Feuilles, Lamiacées
« Qui a de la sauge en son jardin n’a pas besoin de médecin » affirme le dicton.
Salvia , la plante qui sauve: utilisée dès l’Antiquité, la sauge a vu ses vertus confirmées. C’est une excellente plante digestive, cicatrisante, en particulier pour les petites plaies de la bouche, antiseptique. Elle régule la transpiration:bénéfice fort apprécié par toutes celles qui souffrent de leurs bouffées de chaleur! Elle facilite la venue des règles, en particulier lorsque le retard est lié à une situation de stress. Attention toutefois: la tisane de sauge est contre-indiquée en cas de grossesse. Toujours faire un test au moindre doute!
C’est une plante anti-asthénique (dans les fatigues traînantes, les convalescences).
Elle a des propriétés hypoglycémiantes, améliore la mémoire , elle a un effet anticholinestérasique (s’oppose à une enzyme impliquée dans le développement de lésions que l’on trouve dans la maladie d’Alzheimer).
En tisane, peu ou pas d’action estrogénique, cette action n’apparaissant que pour des consommations excessives (15g par jour, environ 3 litres de tisane!). Les auteurs ne s’accordent pas sur ses contre-indications: certains la recommandent même chez le nourrisson, la plupart conseillent de l’éviter en-dessous de 8 ans. Seule constante: pas de sauge pendant la grossesse. À une exception près: à une semaine du terme prévu, il est possible de prendre une ou deux tasses de tisane par jour. C’est un remède ancestral!
Les huiles essentielles de sauge
L’HE de sauge officinale contient des substances neurotoxiques. Ne l’utilisez pas en auto-médication. Elle est abortive, convulsivante. Très dangereuse chez l’enfant. L’HE de sauge officinale n’est pas en vente libre.
L’HE de sauge sclarée ne contient pas de thuyone (la substance neurotoxique de la sauge officinale). Elle a un effet estrogénique lié à la présence de sclaréol: n’oubliez pas que les HE sont des produits naturels dont la composition varie d’une récolte à l’autre, d’une distillation à l’autre… Pour connaître la teneur en sclaréol, il faut disposer de la chromatographie du lot de l’HE: n’hésitez pas à le demander. Les taux de sclaréol varient de 0.25% à 2%. Si le taux est faible, il y a fort à parier que l’efficacité sur les bouffées de chaleur sera bien faible!
En revanche, l’HE de suage sclarée est une très belle calmante, équilibrante, anti spasmodique et anti infectieuse. (ref8).
Bien garder à l’esprit sa contre-indication en cas d’antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein, des ovaires ou de l’utérus, maladies cardio vasculaires, hypertension artérielle notamment, antécédents de fibromes utérins qui risquent de saigner notamment.
Bibliographie succincte
ref 1 http://eap.mcgill.ca/agrobio/ab350-05.htm (site consulté le 5 janvier 2018)
ref2 Jean Bruneton Pharmacognosie Phytochimie plantes médicinales 5ème édition Lavoisier Tec et doc
ref3 Actualités Pharmaceutiques Volume 55, Issue 554, March 2016, Pages 39-41
ref4 Anne GUILLERM Dominique GEORGET TEISSIER Philippe LAVELATTE
Mémoire du diplôme Universitaire en micronutrition Faculté de DIJON 2004 – 2005 Évaluation d’une démarche nutritionnelle lors de troubles de l’humeur repérés par un questionnaire en psychosomatique
ref5 Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd.omnibus
ref6 Goetz, P. & Wuyts, D. Phytothérapie (2008) 6: 247
ref7 Arnal-Schnebelen, B. & Goetz, P. Phytothérapie (2007) 5: 76
ref8 Michel Faucon Traité d’aromathérapie scientifique et médicale Éd.Sang de la Terre
Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.
Dernière mise à jour 11 mai 2018