Un cosmétique à la loupe…

Savez-vous vraiment ce que vous appliquez sur votre peau?

Je vous propose un exemple de décryptage: il s’agit d’un produit d’hygiène destiné aux peaux grasses et acnéiques, un liquide bleu en flacons transparents.

Voici la composition d’une eau micellaire très connue, un des leaders de l’hygiène des peaux grasses:  aqua/water/eau, peg-6 caprylic/capric glycerides, sodium citrate, zinc gluconate, copper sulfate, ginkgo biloba leaf extract, mannitol, xylitol, rhamnose, fructooligosaccharides, propylene glycol, citric acid, disodium edta, cetrimonium bromide, fragrance (parfum)

Décryptage: l’ingrédient principale est l’eau (pas ce qu’on peut appeler un principe actif, mais au moins, jusqu’alors, ce n’est pas nocif).

Arrive ensuite un PEG (en clair poly éthylène glycol), pas dangereux en lui-même, mais avec juste un petit inconvénient: il est soupçonné de rendre la peau perméable à des substances toxiques, c’est ce qu’on appelle un promoteur d’absorption. Autre promoteur d’absorption reconnu: le propylène glycol. Autrement dit, ces substances réduisent l’effet protecteur de la peau, en facilitant la pénétration de molécules qui ne sont pas forcément souhaitables.

Continuons notre visite: enfin quelques substances intéressantes: extraits de Ginkgo, gluconate de zinc et sulfate de cuivre. Pas trop de problèmes avec ceux-ci.

En revanche, l’EDTA prête davantage à controverse:  selon la fiche toxicologique de l’INRS, il est « sévèrement irritant pour l’œil et légèrement irritant pour la peau » (ref 1) Mais que fait-il donc dans une lotion destinée aux peaux acnéiques, donc par définition, lésées et irritées? La logique m’échappe, je l’avoue. L’INRS poursuit avec les recommandations destinées au personnes qui manipulent cet EDTA: « éviter tout contact du produit avec la peau et les yeux »… il s’agit là du produit concentré, ce qui n’est pas le cas de votre solution micellaire. Néanmoins, trouvez-vous cela vraiment rassurant? Pas moi.  Quand aux rejets d’EDTA, ils sont préoccupants aussi : la substance ne se dégrade pas, et ses propriétés de chélation des métaux lourds (l’EDTA « piège » les métaux lourds comme le mercure, le plomb…) et favorise le transport de ces métaux toxiques dans l’environnement, notamment aquatique. Il s’agit d’une substance « à surveiller » (2). Ses inconénients sont connus depuis longtemps, l’EDTA a fait l’objet dès 2006 d’une fiche de recommandation de réduction des risques. (3)

Et cerise sur le gâteau: cetrimonium bromide. Un conservateur qui nécessite quelques précautions. Dans l’industrie, il porte ces ravissants pictogrammes : (dangereux)(corrosif)

(carcinogène,mutagène, reprotoxique)

(toxique pour l’environnement aquatique)

Bien sûr, les quantités présentes dans chaque flacon sont très faibles. En revanche, il s’agit d’un produit destiné à un usage quotidien, et qui n’est pas souvent rincé. Et les résidus se retrouvent dans les eaux usées.

À vous de juger…

Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.

L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.

Dernière mise à jour 11 mai 2018

 

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