L’acné

 

Une peau grasse, des pores dilatés, des points noirs, des boutons: l’acné n’est pas l’apanage des adolescents. Elle touche aussi les adultes!

Les lésions se localisent sur le visage, le dos, le thorax le plus souvent.

Comment retrouver sa peau nette et saine?

Des soins locaux

Avant tout, ne pas aggraver la situation!

Attention à vos produits d’hygiène et de maquillage: veillez à ce qu’ils portent la mention ‘non comédogène’ , c’est un minimum.

Moins vous irriterez votre peau, moins elle réagira: même si c’est très tentant, pas de produits décapants comme du gel douche, pas de gommage corrosif avec des gros grains (même « naturel »!)…

Surtout, résistez à l’envie de triturer vos boutons, d’extirper les points noirs: vous ne faites que disséminer les germes en profondeur dans la peau: c’est le meilleur moyen pour transformer un petit bouton en kyste, et garder une cicatrice.

La toilette quotidienne

Sur une peau grasse, vous avez peut-être l’habitude des solutions micellaires . Savez-vous ce qu’il y a dedans? Je vous propose ici le décryptage des ingrédients…

Il est tout à fait possible de n’utiliser que des produits naturels, avec le moins d’additifs, conservateurs possible:

Un savon d’Alep, un savon de Marseille, non parfumé, suffit pour la toilette. Ils sont toutefois assez décapants: à réserver aux zones où la peau est la plus épaisse, dos et thorax. Ce n’est pas toujours le bon choix pour le visage, du fait de leur effet asséchant qui peut augmenter les irritations.

 

Sur le visage, un peu d’huile de jojoba pour éliminer les impuretés, le maquillage éventuel , suivi d’un rinçage avec un hydrolat de rose ou de lavande.

De l’huile sur une peau grasse? Oui, sans réserve, pour le jojoba! Il s’agit botaniquement d’une substance cireuse, mais fluide. Elle est particulièrement adaptée à la cosmétique car elle normalise la production de sébum: elle est utile pour tous les types de peau! Remarquablement stable, pas besoin de conservateur: elle ne rancit pas.

Quant à l’eau florale pour le rinçage, encore une fois, attention à la qualité: il faut vraiment un hydrolat ou eau florale, pas une eau aromatisée: lisez attentivement l’étiquette. Ce sont des produits qui se gardent peu de temps: choisissez des petits conditionnements et conservez au réfrigérateur après ouverture. Vous pouvez aussi utiliser une eau thermale apaisante.

Autre option pour le rinçage: une infusion de souci, lavande et  plantain, à utiliser tiède: pour leurs vertus anti inflammatoires, adoucissantes, cicatrisantes et purifiantes. (5)

Le masque d’argile: un soin purifiant 

Comment réaliser un masque à l’argile?

Dans un petit bol, mettre deux ou 3 cuillerées à soupe d’argile, blanche (plus « douce » ) ou verte (pour les peaux les plus grasses), ajouter un peu d’eau florale de rose ou de lavande pour obtenir une pâte.  Si vous avez des boutons enflammés: préparez une cuillerée d’huile de jojoba à laquelle vous ajouterez 2 ou 3 gouttes d’HE tea-tree et HE lavande fine, et mélangez soigneusement à votre boue d’argile.

Appliquer en couche épaisse sur le visage parfaitement nettoyé, en évitant le contour des yeux , laisser agir quelques minutes (ne pas laisser sécher complètement!) et rincer abondamment. Le masque assèche la peau: pour éviter un rebond, hydrater avec votre crème, ou quelques gouttes d’huile de jojoba.

Vous pouvez faire un masque tous les 5-6 jours pour commencer, puis espacer selon l’état de votre peau.

Un stop-boutons tout simple 100% naturel

Une goutte d’HE tea-tree pure sur un gros bouton, 2 -3 fois par jour (pas plus souvent!). Bien sûr pas en cas d’allergie aux HE!

Un sauna facial

Pour une action en profondeur, un soin moins connu très efficace.

Il faut un bol et une grosse serviette, de l’eau très chaude et des HE.

Une HE purifiante et régulatrice: HE sauge sclarée, une HE assainissante HE Tea-tree, une HE apaisante HE lavande: choisissez parmi les 3 en fonction de vos besoins, sans dépasser 5 gouttes d’HE au total. Versez vos HE dans un bol d’eau très chaude et procédez comme pour une inhalation.

Précautions: jamais en cas de grossesse, d’allaitement, d’antécédents de convulsions ou d’épilepsie, d’asthme ou d’allergie aux HE,  de couperose, et bien sûr pas en-dessous de 12 ans.

Alimentation

Qui n’a pas expérimenté l’apparition de quelques boutons, rougeurs, après des excès alimentaires? Pour une peau acnéique, la réaction est encore plus marquée!

Inversement, pour un teint de pêche, il faut à votre organisme les nutriments nécessaires: nous ne sommes constitués que de ce que nous mangeons, buvons et respirons!

Les alliés

Les anti-oxydants

Ce sont tous les fruits et légumes colorés: plus il y de couleurs, mieux cela vaut! Associez au même repas plusieurs couleurs, c’est ainsi que vous ferez le plein. Du cresson avec des betteraves rouges, des carottes et des pêches, des myrtilles et des abricots…  Choisissez des légumes et des fruits avec le moins possible de traitements, bio par exemple, ou issus d’une agriculture raisonnée, et toujours de saison (on ne mange pas de tomates en décembre, de pommes en mai ou de raisins en mars!), produits aussi près de chez vous que possible: c’est le meilleur moyen de garantir une teneur maximale en minéraux, anti oxydants et vitamines. Faites vous plaisir!

Le zinc

Un article sur le zinc ici

Le zinc est un minéral indispensable à la santé de la peau. Dans l’alimentation, il est apporté par les viandes et poissons, et fruits de mer, un peu dans les laitages, les champignons: attention aux déficits pour les végétariens, il faut parfois compléter les apports. Attention aussi au stress chronique, grand consommateur de zinc: là aussi, un complément est parfois justifié.

Acides gras

Pas n’importe lesquels: si votre peau se déséquilibre, analysez votre alimentation: en Occident, elle est malheureusement souvent trop riche en graisses saturées   (viande, produits laitiers, aliments transformés), en ω-6 (huiles d’arachide, de tournesol, viande selon l’alimentation des animaux) et cruellement déficitaire en ω-3 (poissons gras: sardines, maquereaux, anchois…), huile de colza, noix, lin, cameline, graines de chia, de lin… Le rapport  ω-6 /  ω-3 ne devrait pas dépasser  5 ( 5 fois plus d’ ω-6 que d’ ω-3). Il est hélas souvent proche de 20: mangez davantage de poissons, moins de viande et de laitages, adoptez l’huile de colza pour les assaisonnements… et fuyez les aliments tout préparés, quels qu’ils soient (pains emballés ou de croissanterie, plats cuisinés, pizzas et autres, chips, desserts lactés de tout acabit…)

Les ennemis

Tabac

Fumer est un moyen infaillible pour avoir un maximum de rides … et de boutons! Une raison de plus pour arrêter de fumer! des conseils ici

4000 produits chimiques dans une cigarette… Le tabac irrite les glandes sébacées: rien de bien joli à attendre sur de l’acné (6)

Sucre

Le lien sucre-acné n’est pas direct… mais il est indéniable!

C’est le lien le mieux documenté dans les articles scientifiques entre aliments et acné: par exemple ici

Manger trop de sucre provoque une sécrétion d’insuline (c’est l’hormone qui empêche d’avoir trop de sucre circulant dans le sang: elle stocke le sucre sous forme de gras) . Et quand beaucoup d’insuline circule, un autre agent est synthétisé; un facteur de croissance, qui favorise la sécrétion de sébum, la dilatation des pores…

Si un plat de pâtes ou un gâteau de temps en temps ne posent pas de problème, une alimentation trop riche en glucides à index glycémique élevé favorise l’apparition puis l’aggravation de l’acné.

Quels aliments à éviter?

Tous les sucres rapides… des confiseries, barres, biscuits, viennoiseries, du pain blanc, les pâtes blanches, le riz raffiné (préférez toujours les versions complètes ou au moins semi-complètes), les pommes de terre en purée, en frites, tous les produits transformés: si l’étiquette mentionne sucre ou sirop de glucose, fructose, sirop de blé, de maïs ou autre sirop: fuyez!

Graisses saturées et acide palmitique

L’acide palmitique est l’acide gras que l’on trouve dans l’huile de palme. Les graisses saturées avec des acides gras trans dans les laitages, la viande (naturellement présents) et  beaucoup d’aliments transformés , comme les viennoiseries, les pains industriels (type pains de mie sous plastique, même bieo, pains des croissanteries et autres points chauds qui ne pétrissent pas sur place …). Outre leurs effets délétères sur le système cardio-vasculaires, ils aggravent l’acné. Même si la législation est devenue plus contraignante, évitez les aliments qui contiennent « huile végétale partiellement hydrogénée », huile de palme ou de coco: votre peau et vos artères ne s’en porteront que mieux.

Les laitages

Les avis sont partagés sur la responsabilité du lait dans l’apparition ou l’aggravation de l’acné. Des articles récents (ici,    là aussi) tendent à confirmer les données de l’expérience : un grand consommateur de lait (plus de 2 ou 3 portions par jour) améliore bien souvent son acné en arrêtant quelques semaines. En général, la réintroduction est possible… en quantités modérées!

 

La phytothérapie

Bardane Arctium lappa, Astéracées, racine

Racine de bardane
Herboristerie du Valmont

Un peu d’étymologie et des curiosités:


Le nom latin Arctium vient du grec arktos, oursin, en référence à la forme des capitules, ces petites boules qui s’accrochent à la toison des animaux et aux vêtements… comme du Velcro®, imaginé d’après cette propriété de la bardane!
L’usage est fort ancien: Dioscoride, médecin grec du 1er siècle, soignait déjà les vieux ulcères avec la racine râpée (7)

Revenons à nos boutons: la racine de bardane est une anti microbienne reconnue, utile pour les acnés à kystes, boutons infectés, aussi en traitement complémentaire dans les furonculoses. (8)

Vous pouvez utiliser la bardane en décoction, ou en gélules d’extrait, ou en extrait liquide de plante fraîche. Un effet à connaître: en début de traitement, il est fréquent de remarquer une aggravation des boutons et de la séborrhée… c’est normal, la peau élimine ses impuretés!

La bardane ne convient pas aux femmes enceintes et allaitantes.

Pensée sauvage Viola tricolor Parties aériennes

La discrète violette est la plante des dermatoses: acné, mais aussi eczéma, impétigo et démangeaisons. (9). Comme la bardane, à laquelle on l’associe dans l’acné, elle provoque habituellement une exacerbation des symptômes avant une franche amélioration.

En usage interne, elle se prend en infusion ou en extrait. En usage externe, elle est recommandée pour les peaux grasses: préparer une infusion, et utiliser en lotion une ou deux fois par jour (la préparation ne se conserve pas).

Ortie Urtica dioïca, U.urens Urticacées, feuilles

Strictement sans rapport avec l’acné, une indication un peu oubliée de l’ortie: mélangée à la pâtée des poules, elle active  naturellement la ponte (10)…

Plante médicinale, c’est aussi une plante alimentaire, on l’oublie trop souvent. Munissez-vous d’une bonne paire de gants et partez à la cueillette, loin des routes, récoltez et régalez-vous: la soupe d’ortie est un délice! Une fois cuite, l’ortie ne pique plus bien sûr.

La feuille d’ortie est riche en minéraux, en anti-oxydants. Pour les peaux acnéiques et séborrhéiques, en tisane ou en extraits, mais aussi en usage externe: préparer une petite quantité de tisane, et lotionner les lésions, ou utiliser en base de masque à l’argile (penser dans ce cas à passer un peu d’huile de jojoba à la fin du soin, pour renouveler le film lipidique).

Sauge Salvia officinalis Feuille Lamiacées

La feuille de sauge, à la différence de l’huile essentielle, ne présente pas de toxicité et est dépourvue d’estrogènes. Elle est adaptée aux acnés pendant l’adolescence, grâce à son effet d’activation des récepteurs aux estrogènes (11)

Ginkgo

Si le ginkgo est bien connu pour ses propriétés sur la circulation et la mémoire, il l’est moins en ce qui concerne son intérêt dans l’acné. Le ginkgo intervient sur l’élasticité de la peau, dans une étude où il est associé à des extraits de thé vert. Il s’agit d’une indication intéressante lorsque l’acné a laissé des cicatrices, sans en attendre une disparition complète. (11)

La gemmothérapie: les bourgeons

 

La gemmothérapie fait appel aux bourgeons d’orme, de noyer, de cèdre, et de romarin

Le macérat glycériné de bourgeons d’orme Ulmus campestris Ulmacées

C’est le bourgeon qui élimine les « colles »: les eczémas suintants, furoncles, acnés pubertaires. Il représente un appoint appréciable dans les boutons de fièvre, le psoriasis qui pourtant ne suinte pas.

On l’associe au romarin

Le macérat glycériné de bourgeons de Romarin Rosmarinus officinalis Lamiacées

 

Le bourgeon de Romarin est le remède du foie: il protège et aide à éliminer. Il est particulièrement indiqué lorsque les poussées d’acné sont liées à des surcharges alimentaires, ou aggravées par un contraceptif mal toléré. Il vient en complément de l’Orme ou du Noyer, en cures ponctuelles .

Le macérat glycériné de bourgeons de noyer Juglans regia Juglandacées

C’est le bourgeon de l’intestin: en complément du bourgeon d’orme dans les acnés liées à une dysbiose et les lésions qui ont tendance à s’infecter facilement.

 

Références

1- EDTA et sel tétrasodique, fiche toxicologique n°276 INRS 02/16 lien ici

2-I N E R I S – Données technico-économiques sur les substances chimiques en France EDTA et ses sels mai 2011

3- Recommandation no 2006/283/CE de la Commission du 11 avril 2006 concernant des mesures de réduction desrisques pour les substances […]éthylènediaminetétraacétate de tétrasodium

4- Michel Faucon Traité d’aromathérapie scientifique et médicale. Éd. Sang de la Terre-Médial

5- Ghedira, K., Goetz, P. & Le Jeune, R. Phytothérapie (2008) 6: 367.

6- Schafer, T., Nienhaus, A., Vieluf, D., Berger, J. & Ring, J. Epidemiology of acne in the general population: the risk of smoking. Br J Dermatol 145, 100–104 (2001).

7- Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd.Omnibus

8- Jean Bruneton Pharmacognosie, Phytochimie, Plantes médicinales  5èmeéd.

9- Max Wichtl, Robert Anton Plantes thérapeutiques, tradition, pratique officinale, science et thérapeutique, 2èmeédition. Tec&doc

10- Marie-Antoinette Mulot Secrets d’une herboriste 20 èmeéd. Éd.Dauphin

11-Phytothérapie (2013) 11:373-375

12- Franck Ledoux, Gérard Guéniot La phytembryothérapie, l’embryon de la gemmothérapie Éd.Amyris

 

Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.

L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.

Dernière mise à jour 11 mai 2018

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