Une des premières fleurs qui apparaît dès la fin de l’hiver: une corolle jaune pour attendre les beaux jours.
Un peu de botanique
La ficaire, Ranunculus ficaria L., appartient à la famille des Renonculacées, comme le bouton d’or Ranunculus repens, les anémones, l’aconit Aconit napel.
C’est une petite plante plante herbacée, aux feuilles luisantes en forme de cœur, avec des fleurs d’un jaune brillant de 6 à 12 pétales. Si on observe précisément cette fleur, elle ne comporte que 3 sépales verts, et elle produit du nectar dont abeilles et bourdons sont friands. Elle est commune dans toute l’Europe, jusqu’à 1600 m d’altitude. Elle indique un sol riche.
Comme la plupart des renoncules, elle est considérée comme toxique.
Une plante médicinale
Pour commencer: les précautions à connaître
L’utilisation de la ficaire doit être réservée à un usage externe: proscrire absolument la voie orale (=NE PAS AVALER), et ne pas utiliser la plante fraîche.
Et, non, la ficaire n’est pas une plante comestible, même si des usages anciens rapportent une consommation des jeunes pousses cuites comme des épinards: des cas de toxicité hépatique ont été rapportés. Si vous voulez vraiment goûter, limitez-vous strictement aux feuilles jeunes en petite quantité, et gardez à l’esprit la toxicité pour le foie.
Le suc de la plante fraîche entraîne des brûlures dans la bouche, des maux d’estomac, des douleurs intestinales, accompagnées de diarrhées et/ou vomissements. Ces effets sont moins fréquents avec les feuilles jeunes. La substance responsable de cet effet irritant, la protoanémonine, disparaît à la dessiccation (quand la plante est séchée).
Des propriétés médicinales
Le nom vernaculaire de la ficaire indique clairement son indication médicinale: herbe-aux-hémorroïdes.
La partie utilisée est la racine tubérisée séchée: en décoction pour application locale en cataplasmes sur les hémorroïdes. On peut aussi l’appliquer pour soulager les jambes lourdes. Un risque d’allergie n’est pas exclu: il est recommandé de faire un test sur une petite surface de peau avant d’appliquer sur la zone à soulager.
Et l’inutile et le superflu… ou pas
Des noms évocateurs
Une jolie fleur qui a reçu beaucoup de noms: bassinet, éclairette, étoile d’or, petite éclaire, herbe aux hémorroïdes, herbe au fic, petite chélidoine (mais qui n’a rien à voir avec la chélidoine !), et le gourmand pot au beurre, ou violette eud’beurre en patois du Cambrésis. Quel enfant n’a pas joué à « aimes-tu le beurre? », la corolle jaune vif placée sous le menton se reflète sur la peau: bien sûr qu’on aime le beurre!
Et ce nom de ficaire, Ficaria issu de Ficus la figue, en latin? Il vient peut-être de la forme des racines, qui portent des renflements semblables à des figues, à moins qu’il n’évoque une propriété supposée de la plante pour guérir les verrues, ou fics, propriété en réalité inexistante, mais qui expliquerait un autre de ses noms vernaculaires, petite chélidoine, par analogie à la chélidoine, jaune elle aussi, dont le suc est un verrucide efficace et bien connu .
Beaux rêves, vaches à lait
Nicholas Culpeper (1616-1654), botaniste, médecin, astrologue anglais, consacre plusieurs pages à la ficaire. Il lui attribue des vertus sur le sommeil: en décoction dans du vin blanc, sucrée au miel, elle favoriserait les rêves les plus doux.
Il raconte encore qu’en Écosse, les fermiers accrochaient des bouquets de ficaire dans les étables des vaches laitières: les racines ressemblent au pis des vaches, et étaient supposées favoriser une production abondante de lait.
et pluies miraculeuses
Après de fortes pluies, les tubercules des racines peuvent rester découverts: ils sont parfois si abondants qu’ils ont donné naissance à des légendes de pluies de blé, de seigle, d’avoine, selon les régions.
Le mot de la fin
à Maurice Genevoix (1890-1980)
(…) ses fleurs encore pâles, ses ficaires vernies, étoiles jaunes parmi des feuilles grasses dont chacune a la forme d’un cœur (…)
Forêt voisine (1931)
Bibliographie et webographie
Gaston Bonnier Les noms des fleurs trouvés par la méthode simple sans aucune notion de botanique. Librairie générale de l’enseignement 1951
Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus
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Michel Pierre Les plantes du bien-être, les remèdes de A à Z éd. du chêne
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Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.