Une plante aux fleurs bien connues, qui présente d’intéressantes propriétés médicinales. On l’appelle aussi fleur de tous les mois.
Un peu de botanique
Le calendula ou souci est une plante herbacée, à base ligneuse, annuelle ou pérenne, de la famille des Astéracées , qui compte bon nombre de plantes médicinales (comme la camomille, l’échinacée) ou ornementales comme les dahlias ou les zinnias).
Une plante médicinale
La partie médicinale de la plante est le capitule séché (la « fleur »).
En usage externe
C’est son emploi le plus connu: une infusion de calendula apaise les peaux irritées, brûlures peu étendues, piqûres d’insectes, engelures. On peut l’utiliser pour laver les yeux fatigués et irrités. En bain de bouche, le calendula soulage les irritations, aphtes etc, il existe aussi des pastilles et collutoires destinés à calmer les maux de gorge.
Les pommades, onguents à base de calendula sont des auxiliaires de cicatrisation. Une étude récente a montré ses bénéfices sur des cicatrices de césarienne par exemple. Comme toujours, se conformer évidemment à l’avis du médecin dans ce cas. Son effet assainissant et apaisant explique aussi son utilisation dans des ovules destinés au traitement d’irritations et d’infections vaginales.
Son activité assainissante, cicatrisante et anti inflammatoire est aussi appréciée en médecine vétérinaire, pour les soins locaux des oreilles, des plaies infectées (études chez le Chien).
En usage interne
C’est une infusion appréciée par les estomacs fragiles, pour les nausées et troubles digestifs hauts, les allergies alimentaires. Des études montrent même un effet favorable sur une bactérie associée à certains ulcères de l’estomac, Helicobacter pylori, mais il n’est pas question pour le moment de soigner un ulcère avec des tisanes de souci.
La tradition emploie aussi le souci pour soulager les règles douloureuses et les irrégularités de cycles: on le recommandait en infusion, une semaine environ avant la date présumée des règles.
Une plante non toxique
Les études ne montrent pas de toxicité particulière. Néanmoins, les recommandations de prudence sont toujours les mêmes: éviter durant la grossesse et l’allaitement, par voie interne chez l’enfant de moins de douze ans.
Une huile pour la peau
Le souci contient une huile essentielle en très faible proportion, inusitée actuelllement.
En revanche, l’extrait lipidique, ou huile de calendula, est un excellent remède de la peau. Il s’agit d’un macérat de fleurs de calendula dans de l’huile végétale (tournesol le plus souvent).
L’huile de calendula est utile sur toutes les irritations et inflammations de la peau, même liées à des radiothérapies. Elle réduit les manifestations inflammatoires, renforce la protection naturelle de l’épiderme. C’est aussi un bon remède de l’érythème fessier du nourrisson.
En cosmétique, le macérat huileux de calendula prévient le dessèchement cutané, c’est un bon choix pour diluer une HE Hélichryse italienne Helichrysum italicum pour un soin contre la couperose.
L’inutile et le superflu… ou pas
Une culture ancienne
Le souci est connu depuis l’Antiquité: il s’agit probablement du caltha de Pline l’Ancien.
Au Moyen-Âge, c’est le ringula d’Hildegarde de Bingen.
Le soleil et le calendrier
Le nom français souci vient du latin médiéval solsequium, c’est à dire qui suit le soleil, nom qui s’est longtemps appliqué à une autre fleur de la famille des Astéracées, la chicorée : Solsequium majus pour la chicorée, et Solsequium minus pour le souci…
Quant au nom latin d’aujourd’hui (depuis Linné tout au moins), il aurait la même origine que mot calendae, car le souci fleurit à toutes les calendes: c’est la fleur « de tous les mois »
Un thermomètre naturel
Comme beaucoup de fleurs, la fleur de souci réagit à la température extérieure: elle s’ouvre quand la température augmente, se ferme si l’ambiance refroidit. Ce phénomène, qui peut se produire plusieurs fois par jour, s’appelle la thermonastie. Les roses simples (les variétés horticoles doubles ont perdu cette faculté), les liserons, les tulipes en conditions naturelles, réagissent ainsi.
Une plante comestible et tinctoriale
Dans l’Antiquité, les fleurs jaunes servaient de substitut au safran, mais leur saveur amère ne peut tromper. Elles ont été utilisées pour colorer des soupes de poisson, du beurre ou du fromage, notamment aux Pays-Bas. Les fleurs fraîches peuvent agrémenter les salades (veillez toutefois à n’utiliser que des fleurs qui n’ont pas reçu de traitement chimique, d’engrais ou pesticides). On peut aussi confire les boutons au vinaigre, comme on le fait pour les câpres.
On a utilisé les fleurs de souci pour teindre des tissus en un jaune lumineux.
Le diable et les sorcières
Savez-vous qu’une guirlande de soucis empêche le diable d’entrer dans la maison? Et que le souci rend inopérant le mauvais sort jeté par une sorcière?
Le mot de la fin
qui n’a rien, absolument rien à voir avec le calendula, mais comment résister à Jean de La Fontaine (1621-1695)
Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir :
Le savetier et le financier
C’était merveilles de le voir,
Merveilles de l’ouïr; il faisait des passages ,
Plus content qu’aucun des Sept Sages .
Son voisin au contraire, étant tout cousu d’or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C’était un homme de finance.
Si sur le point du jour, parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l’éveillait,
Et le Financier se plaignait
Que les soins de la Providence
N’eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le Chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an ? Par an ? Ma foi, monsieur,
Dit avec un ton de rieur
Le gaillard Savetier, ce n’est point ma manière
De compter de la sorte ; et je n’entasse guère
Un jour sur l’autre : il suffit qu’à la fin
J’attrape le bout de l’année :
Chaque jour amène son pain.
Et bien, que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
Tantôt plus, tantôt moins, le mal est que toujours
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes),
Le mal est que dans l’an s’entremêlent des jours
Qu’il faut chommer ; on nous ruine en fêtes .
L’une fait tort à l’autre ; et monsieur le Curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône .
Le Financier, riant de sa naïveté,
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd’hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l’argent que la terre
Avait, depuis plus de cent ans
Produit pour l’usage des gens.
Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre
L’argent et sa joie à la fois.
Plus de chant ; il perdit la voix
Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôte les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l’oeil au guet; et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l’argent : à la fin le pauvre homme
S’en courut chez celui qu’il ne réveillait plus.
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.
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Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.