Un rhizome jaune d’or qui entre dans la composition des curries, des vertus médicinales et une huile essentielle.
Un peu de botanique
Le curcuma utilisé comme plante médicinale est le Curcuma longa, il appartient à la famille des Zingibéracées, comme le gingembre et la cardamome. Il existe d’autres espèces dans le genre Curcuma, dont le Curcuma xanthorrhiza, moins concentré en principes actifs mais adaptée à un usage alimentaire ou tinctorial.
Curcuma longa est une plante herbacée qui atteint 1,5 m de haut. La plante ne produit pas de fruit. Il existe de nombreux clones, certains sont préférés comme épices (type de Madras) ou comme colorants (type du Bengale).
Le principal pays producteur est l’Inde.
Une plante médicinale
La partie médicinale du curcuma est son rhizome: en botanique, il s’agit d’une tige souterraine, et non d’une racine.
Les utilisations traditionnelles du curcuma sont nombreuses: anti-inflammatoire, protecteur du foie, cicatrisant. Beaucoup d’études récentes évaluent une potentielle activité de protection du système nerveux, dans des maladies neuro-dégénératives, comme la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer…
Sur le métabolisme
Le curcuma diminue les taux de cholestérol sanguin en augmentant l’élimination de la bile. Attention, le curcuma ne peut pas remplacer un médicament prescrit (statine, fibrate).
Autre domaine dans lequel les recherches se poursuivent: il est possible que le curcuma exerce un effet favorable sur les complications du diabète de type 2. Pour le moment (mars 2020), ces études sont encourageantes, mais ne permettent pas d’ouvrir la voie à de nouveaux traitements dans un avenir proche. Et le curcuma ne remplace pas non plus les mesures d’hygiène (équilibre alimentaire, élimination des aliments ultra-transformés, exercice physique adapté).
Sur la peau
La santé de la peau: encore un champ de recherches important. Le curcuma semble avoir des effets bénéfiques sur des affections cutanées, acné, prurit, dermites consécutives à des radiothérapies, à la fois en usage local et par voie orale. Ces études doivent être confirmées, mais en attendant, n’hésitez pas à ajouter régulièrement du curcuma à vos recettes de cuisine .
Sur les inflammations
C’est certainement l’activité la plus connue du curcuma: c’est un anti inflammatoire articulaire. Les résultats des études in vitro sont souvent très séduisants, mais les études cliniques sont moins probantes: elles ont été réalisées sur de petits groupes de patients, et ne montrent pas toujours d’effet majeur, si vous ne présentez pas de contre-indications à la prise de curcuma, vous pouvez essayer et juger si le curcuma est efficace ou non pour vous-même.
Un détail à connaître: le principe actif reconnu du curcuma est la curcumine. À dose égale, la curcumine est beaucoup mieux absorbée si vous la consommez sous forme de curcuma dans vos aliments que sous forme pure : d’autres substances de la plante permettent une absorption optimale. Il est préférable d’ajouter du curcuma à un repas (si possible avec une huile végétale et un peu de poivre, car les lipides de l’huile et la pipérine du poivre augmentent l’absorption de la curcumine) que de prendre des gélules de curcumine.
Effets neurologiques
Les études chez le Rat ou la Souris montrent un effet neuroprotecteur. Il faudra encore beaucoup d’essais cliniques pour pouvoir conclure à une efficacité certaine chez l’Homme dans des maladies neuro-dégénératives, ou des séquelles d’accidents vasculaires cérébraux.
Effets sur la coagulation du sang
Le curcuma a une action anti agrégante plaquettaire (il « fluidifie » le sang): attention si vous prenez un traitement anti agrégant ou anti coagulant, il y a un risque d’interaction médicamenteuse.
Sur la fonction hépatique et l’estomac
Le curcuma est utilisé traditionnellement pour faciliter la synthèse et l’élimination de la bile. C’est un bon remède des digestions lentes, flatulences, ballonnements.
L’association gingembre curcuma lutte contre une bactérie (Helicobacter pylori) associée à certains ulcères de l’estomac.
Précautions d’emploi
Comme toutes les plantes cholagogues et cholérétiques (qui facilitent la production et l’élimination de la bile), le curcuma est contre-indiqué en cas d’obstruction des voies biliaires. Attention en cas de prise de médicaments anti-coagulants.
Une plante alimentaire
Le curcuma entre dans la composition des currys indiens, il colore le riz ou les céréales.
Voici une recette de garam masala, pour préparer des currys parfumés, et épicés à votre guise: cette recette de base contient peu de piment, libre à vous d’ajouter (ou non) le piment que vous préférez, dans la proportion que vous appréciez.
Ingrédients
- 2 cuillerées à soupe de graines de coriandre
- 2 cuillerées à soupe de graines de cumin
- 1 cuillerée à soupe de curcuma
- 2 cuillerées à café de piment sec concassé (choisissez-le plus ou moins brûlant à votre convenance)
- 1 cuillerée à café de poivre noir en grains
- 1 cuillerée à café de gingembre en poudre
- 1/2 cuillerée à café de cannelle en poudre
- 1/4 de cuillerée à café de cardamome moulue
Griller doucement à sec dans une poêle coriandre et cumin, réduire en poudre au mixer ou au mortier, ajouter aux autres ingrédients dans un bocal assez grand, bien fermer, agiter pour homogénéiser: c’est prêt pour vos recettes.
Une huile essentielle
L’huile essentielle de Curcuma longa est surtout utilisée pour ses propriétés sur le foie et la digestion, pour augmenter le flux biliaire. C’est un remarquable antioxydant.
Attention aux précautions d’emploi de l’HE Curcuma longa: elle est contre-indiquée chez la femme enceinte, les enfants , car elle contient des substances potentiellement neurotoxiques et abortives (turmérones, germacrone).
L’huile essentielle de Curcuma longa a également une action antibactérienne et antifongique, étudiée en agriculture (protection des tomates contre des champignons), une activité insecticide prometteuse (mais toujours au stade des études préliminaires): des pistes pour succéder aux insecticides, larvicides, fongicides de synthèse.
L’inutile et le superflu…ou pas
Une domestication ancienne
Le curcuma n’est connu qu’à l’état cultivé. Il a probablement été domestiqué en Inde, introduit en Chine avant le VIIème siècle, en Afrique de l’Est au VIIIème et en Afrique de l’Ouest au XIIIème siècle.
En Europe, le curcuma était connu dès l’Antiquité: Pline le décrit ainsi (Livre XXI, 118 de son Histoire naturelle): Il y a aussi une herbe indienne particulière qu’on appelle « cypira » à l’aspect de zingiber: si on la mâche, elle produit l’effet du safran. Néanmoins, le curcuma n’était pas consommé en Occident à l’époque de Pline, il a fallu attendre plusieurs siècles: et il a d’abord été utilisé comme teinture pour les tissus ou la peinture, ce n’est qu’au XVème siècle qu’il est devenu un médicament pour le foie, en vertu de la théorie des signatures (jaune comme la bile). À l’époque coloniale, le curcuma devient un colorant et une épice: il arrive en Jamaïque en 1783.
de la brevetabilité du vivant
En 1995, des chercheurs de l’Université du Mississipi obtiennent un brevet pour un agent cicatrisant externe issu du curcuma dont ils revendiquent la découverte. Rapidement (1997), le Conseil de la recherche scientifique et industrielle indien prouve que cette utilisation à des fins cicatrisantes est bien antérieure au dépôt de brevet, puisqu’il est traditionnel dans la pratique ayurvédique. Le brevet est annulé la même année.
Adultérations et falsifications
Soyez vigilants quand vous achetez du curcuma: il arrive que les poudres soient adultérées (c’est -à -dire qu’elles contiennent des produits non autorisés), notamment par un colorant, le Sudan Red. ce colorant, destiné à l’industrie du plastique, renforce la couleur de curcuma de mauvaise qualité. Il est cancérigène.
Autre colorant interdit qui peut être trouvé dans du curcuma: le jaune méthanyl, qui lui est neuro toxique à long terme.
Le mot de la fin
à Shilpi Somaya Gowda
-Quelle est la meilleure façon de soigner une brûlure?
Anil reposa son stylo. « Une brûlure? Pourquoi? Qu’est-ce qui s’est passé?
-Rien, laisse tomber. Réponds-moi simplement. J’ai lu qu’il faillait appliquer de la poudre de curcuma et de l’huile de moutarde. Ça marche?
Un fils en or (traduit de l’anglais (Inde) par Josette Chicheportiche)
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Auteur de l’article: Sabine Robin, docteur en Pharmacie, DU phyto-aromathérapie clinique, DU micronutrition exercice et santé.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt financier avec l’industrie pharmaceutique ou laboratoire ou fabricant de produits ou matériels médicaux.
