Orchidées

Les Orchidées

Les orchidées ne se limitent pas, loin de là, aux jolies fleurs blanches ou roses qui égaient nos intérieurs.

Un peu de botanique

Les orchidées appartiennent à la grande famille des Orchidacées, qui regroupe environ 30 000 espèces, et près de 100 000 hybrides. Les orchidées les plus courantes dans nos salons et chez les fleuristes sont des Phalaenopsis.

Des fleurs irrégulières

Les fleurs des orchidées sont constituées de  6 pétales, dont l’un, le labelle, sert de « piste d’atterrissage » aux insectes pollinisateurs.

Les botanistes qualifient la fleur de zygomorphe : elle est organisée selon une symétrie bilatérale (ou, pour le dire plus simplement, la fleur est irrégulière).

Orchidée sauvage. Burnt tip orchid
Photo Sabine Robin®

Les fleurs des orchidées sont parfois minuscules: chez Dendrochilum tenellum par exemple , elles ne mesurent que quelques millimètres.

Dendrochilum tenellum

Reproduction: des insectes et des champignons

Les fleurs sont entomophiles , c’est-à-dire que la pollinisation nécessite l’intervention d’insectes, chaque espèce d’orchidée ayant « son » insecte pollinisateur, par exemple es Ophrys sont fécondées par des hymenoptères mâles.

Cette spécificité, bien connue des botanistes, a permis à Darwin de prédire l’existence d’un papillon à longue trompe qui pouvait polliniser une espèce particulière d’orchidée malgache . Il fallut attendre 1903 pour que son intuition soit confirmée par la découverte d’un papillon. un article de Yann Duroc = ici https://share.miple.co/content/E9OIVgWKNottD

Attirer les insectes

Les orchidées attirent les insectes de différentes manières  : certaines ont un labelle qui imite le pollinisateur, comme l’Ophrys abeille Ophrys apifera, d’autres synthétisent une fragrance proche des phéromones pour attirer l’insecte mâle, comme le Sabot-de Vénus Cypripedium calceolus. Dans d’autres espèces, il existe un mécanisme permettant de libérer le grain de pollen sur le dos de l’insecte, qui le dépose ainsi dans une autre fleur. Chez certaines Epipactis, les amas de pollen (pollinies) sont incluses dans une boulette collante( rétinacle) qui adhère à l’insecte visiteur. Et de nombreuses orchidées fournissent aux insectes un nectar nutritif, ce qui facilite aussi leur visite.

Les orchidées sont auto-incompatibles : le pollen d’une fleur ne peut pas féconder la même fleur 1. De plus, la disposition des étamines et du stigmate rend très difficile le dépôt de pollen sur le stigmate.

La fécondation peut avoir lieu plusieurs mois après la pollinisation : il faut que les tissus de l’ovaire soit stimulés par la pénétration du tube pollinique pour que les ovules achèvent leur maturation.

Les graines sont minuscules et très nombreuses, pensez aux graines contenues dans les gousses de vanille. Elles sont totalement dépourvues d’albumen (donc de réserves de nutriments): c’est un champignon2 qui leur procure les sucres nécessaires au développement de l’embryon (ce phénomène n’a été découvert qu’au début du XXème siècle). On parle de germination symbiotique: orchidée et champignon sont indissociables, et chacun profite à l’autre.

Ainsi, la graine ne se développe que si elle se trouve dans une terre où a déjà poussé une orchidée. Comme le dit plaisamment Aline Raynal-Roques à propos d’une orchidée saphrophyte (Neottia nidus-avis, non chlorophyllienne), c’est un parasite de champignon saprophyte ! Désormais, en horticulture, on fait germer les orchidées sur un milieu enrichi en sucres ( on parle de développement asymbiotique), procédé plus simple et plus rapide qui a permis de démocratiser ces belles fleurs.

Elles sont partout!

Les orchidées sont ubiquitaires, c’est-à-dire qu’on en trouve à peu près sur toutes les parties du globe, pôles exceptés. En France, on trouve des orchidées terrestres, souvent dans des pelouses calcaires, ainsi qu’en zones humides (bien qu’en récession), et même en ville (aux Invalides).

Des modes de vie variés et adaptés 

Il existe des orchidées terrestres, (qui poussent dans le sol), des orchidées épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), ou lithophytes  (sur des pierres). Les épiphytes n’ont pas de racines qui leur permettent d’apporter les sels minéraux indispensables et l’eau à partir du sol: certaines développent des racines, plaquées contre l’écorce de l’arbre-support, ces racines sont colonisées par des champignons, qui apportent les minéraux, et prélèvent les sucres issus de la photosynthèse de l’orchidée. Des lianes, comme la vanille, développent deux types de racines: les unes se fixent au sol, les autres s’ancrent dans les arbres. Chez les orchidées épiphytes, les racines aériennes développent un voile nacré (le velamen), formé de cellules mortes, qui se comporte comme une éponge. Après la pluie, ce voile devient translucide et laisse transparaître la couleur verte des racines.

Velamen

Les orchidées terrestres se déplacent : chaque année, elles produisent un petit tubercule, tandis que celui de l’année précédente se dessèche : les orchidées se déplacent ainsi de quelques centimètres par an.

L’inutile et le superflu…ou pas

Des plantes « récentes »

Les Orchidées sont considérées comme des plantes d’apparition « récente »: les paléontologues n’ont exhumé que peu de fossiles d’orchidées, mais d’insectes qui portent du pollen. Les analyses récentes font l’hypothèse d’une apparition il y a environ  70 à 80 millions d’années, et d’une diversification vers 65 millions d’années: elles auraient connu les dinosaures.

Objets de convoitise

À la fin du XVIIIème siècle, les orchidées excitent toutes les convoitises: des explorateurs d’orchidées peu scrupuleux, brûlaient les zones où ils récoltaient les précieux spécimens pour que leurs concurrents ne puissent les trouver. À cette époque, la culture n’est pas mise au point, et les orchidées sont des plantes tropicales dont le commerce est très lucratif.

La main de l’homme

Dans les serres horticoles, il faut recourir à la pollinisation manuelle car l’insecte pollinisateur est rarement présent hors de la zone spontanée de l’orchidée : peu de chance que l’insecte tropical soit aussi présent en Europe ! C’est aussi le cas pour la vanille. Dans son cas, la pratique a été mise au point par Edmond Albius, alors qu’il était enfant, et esclave, à la Réunion. Certaines vanilles ne fleurissent que durant une journée : leur pollinisation manuelle nécessite une grande dextérité et la surveillance précise de l’exploitation.

Des collections précieusement conservées

Le Museum d’Histoire Naturelle à Paris dispose d’une exceptionnelle collection d’orchidées, constituée à partir de 1798. La collection, perdue lors de la Seconde Guerre mondiale, a été reconstituée depuis 1963, et compte aujourd’hui plus de 600 espèces, à l’Arboretum de Versailles

Un imaginaire important

Les orchidées sont associées à la sensualité: leur étymologie fait référence à la forme de lurs bulbes souterrains, semblables à … des testicules, orchis. Une orchidée, Aplectrum hiemale, porte en anglais le nom d’Admam& Eve Root (racine d’Adam et Ève).

Elles ont longtemps été un symbole de richesse et de réussite sociale.

Georgia O Keeffe An Orchid (1941) MoMA, New-York

En Asie…

En Chine, dès 2800 avant notre ère, l’attrait pour les orchidées est décrit, en médecine, dans les arts . Les orchidées sont associées aux fêtes de printemps, pour expulser les influences pernicieuses, la principale étant la stérilité . Aujourd’hui ,elle reste un gage de paternité.

Bol impérial à décor d’orchidées sauvage, période Kangxi (1662-1722) MNAA Guimet, Paris

Au Japon :

En 1768, le japonais Jo-an Matsuoka publie le premier livre consacré aux orchidées. Il y décrit notamment une « orchidée du samouraï », Neofineta falcata, フラン

Neofinetia falcata
Orchidée des samouraïs
Neofinetia falcata (Vanda falcata), l’orchidée des samouraïs

Les shoguns, au XVIIIème siècle en ont fait un symbole de richesse et de noblesse. La fleur étant très onéreuse, toute visite nécessitait le port d’un masque!

Au Vietnam : L’orchidée est considérée comme la reine des fleurs et est aussi un emblème de l’honnête homme. Elle est l’une des quatre fleurs typiques symbolisant les quatre saisons mai, lan, cúc, trúc (fleur d’abricotier, orchidée, chrysanthème, phyllostachys – une espèce de bambou). L’orchidée est également à l’honneur lors du «banquet des fleurs» à l’occasion du Têt.

En Europe Une orchidée qui réapparaît dans nos régions (Orchis pyramidal, Anacamptis pyramidalis), inscrite sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN avec le statut de « préoccupation mineure », est déjà décrite par Dioscoride ( Ier siècle AD). C’est le rhizome qui attire l’attention :

«  la racine est bulbeuse, double, étroite comme une olive, l’une plus haut et l’autre plus basse, l’une étant pleine, et l’autre molle et ridée. On mange la racine cuite comme un bulbe ou une échalote. On dit que si les hommes mangent la plus grande des deux racines, qu’ils engendreront un mâle. Et si les femmes mangent la petite, elles feront une femelle. On dit encore que les femmes en Thessalie donnent à boire avec du lait de chèvre, pour inciter les hommes à faire le jeu d’amour et la plus petite pour l’empêcher, ainsi, l’une empêche les vertus de l’autre. »

Cette propriété aphrodisiaque répond à la théorie des signatures.

Une tradition médicinale

On retrouve en médecine chinoise, des usages thérapeutiques des orchidées. Aujourd’hui, des études sont conduites, notamment sur un effet anti-hémorragique, cicatrisant, d’autres orchidées ont un usage traditionnel en tant qu’anti infectieux. En Inde, diverses orchidées sont aussi utilisées sur la base de la coutume, dans des indications variées, de la jaunisse à la toux, du diabète aux troubles intestinaux, sans oublier une réputation aphrodisiaque.

Il n’existe pas actuellement d’usage thérapeutique conventionnel.

Des orchidées comestibles

Quelques orchidées ont des usages alimentaires : le faham Jumellea fragransLeptotes bicolor qui aromatise des crèmes glacées, spécifiquement au Brésil, et bien sûr la vanille Vanilla planifolia.

Sahlep

Le bulbe est désigné sous le nom de salep, qui demeure un aliment populaire au Moyen-Orient.

À la fin du XVII ème siècle, les cafés anglais le proposaient sous le nom de salop ou saloop probablement Orchis maculata, comme succédané de chocolat ou de café. Importé sous forme séchée, il était parfois vendu pour une corne animale, voire une pierre.

Salep
Sahlep (Photo E4024)

Faham

Le faham est une orchidée épiphyte commune des forêts de la Réunion, de Madagascar et de l’île Maurice. Les tiges, fraîches ou sèches, sont utilisées en infusion pour un « thé de Bourbon », ou associées à la cannelle, la badiane et aux zestes d’agrumes dans des rhums arrangés. Bien que protégée, la plante est occasionnellement exportée.

Faham, Réunion Cr Parc national de la Réunion

La vanille Vanilla planifolia

La vanille est une liane épiphyte (elle a besoin d’un support).

Dans son aire d’origine, la vanille est pollinisée par des abeilles (Melipona ou Euglossa) ou par des colibris. En culture, la vanille est pollinisée à la main , chaque inflorescence ne donne qu’une fleur par jour, la fleur n’est réceptive que durant 8 heures…

La gousse est récoltée avant maturité, 6-9 mois après la floraison, elle subit ensuite des séchages et fermentations successifs : la gousse fraîche n’est pas aromatique, c’est la fermentation et l’action d’enzymes qui transforment les glucosides en vanilline et d’autres substances qui participent au goût. La vanille contient contient environ 250 molécules, ce qui explique son goût subtil, dont la seule vanilline ne peut donner qu’une médiocre idée.

À l’état sauvage, le vanillier est répandu dans les forêts tropicales du Mexique, aux Antilles. À l’arrivée des Espagnols, les Aztèques utilisaient la vanille pour parfumer le chocolat. On ignore quel peuple amérindien a élaboré la technique de séchage et fermentation des gousses.

Les premières plantations apparaissent au début du XVIIème siècle dans la région de Veracruz (à l’Est du Mexique) qui fournit encore, au début du XIXème, la quasi-totalité de la vanille consommée en Europe. C’est la découverte de la pollinisation manuelle qui a permis le développement des cultures (Martinique, Guadeloupe, Tahiti , Réunion).

La vanille n’a pas vraiment d’usage médicinal, elle fut jadis parée de vertus aphrodisiaques (comme le chocolat qu’elle aromatise). Il existe un extrait de vanille, improprement qualifié d’huile essentielle: sans entrer dans les détails , il s’agit habituellement d’une absolue (extraction par un solvant) ou parfois d’un extrait au CO2 supercritique (un nom barbare qui désigne une technique d’extraction) à partir de l’oléorésine.

Le mot de la fin

Cattleya (Jakarta Floral Exhibition, photo Hariadhi)

à Marcel Proust, bien sûr!

– Alors, pas de catleyas ce soir ? lui dit-il, moi qui espérais un bon petit catleya.
Et d’un air un peu boudeur et nerveux, elle lui répondit :
– Mais, mon petit, pas de catleyas ce soir, tu vois bien que je suis souffrante !

Cela t’aurait peut-être fait du bien, mais enfin je n’insiste pas.
Elle le pria d’éteindre la lumière avant de s’en aller, il referma lui-même les rideaux du lit et partit. Mais quand il fut rentré chez lui, l’idée lui vint brusquement que peut-être Odette attendait quelqu’un ce soir, qu’elle avait seulement simulé la fatigue et qu’elle ne lui avait demandé d’éteindre que pour qu’il crût qu’elle allait s’endormir, qu’aussitôt qu’il avait été parti, elle avait rallumé, et fait entrer celui qui devait passer la nuit auprès d’elle. Il regarda l’heure. Il y avait à peu près une heure et demie qu’il l’avait quittée, il ressortit, prit un fiacre et se fit arrêter tout près de chez elle, dans une petite rue perpendiculaire à celle sur laquelle donnait, derrière la fenêtre de sa chambre à coucher pour qu’elle vint lui ouvrir ; il descendit de voiture, tout était désert et noir dans ce quartier, il n’eut que quelques pas à faire à pied et déboucha presque devant chez elle. Parmi l’obscurité de toutes les fenêtres éteintes depuis longtemps dans la rue, il en vit une seule d’où débordait – entre les volets qui en pressaient la pulpe mystérieuse et dorée – la lumière qui remplissait la chambre et qui, tant d’autres soirs, du plus loin qu’il l’apercevait en arrivant dans la rue, le réjouissait et lui annonçait :  » Elle est là qui t’attend  » et qui maintenant le torturait en lui disant :  » Elle est là avec celui qu’elle attendait.  » Il voulait savoir qui ; il se glissa le long du mur jusqu’à la fenêtre, mais entre les lames obliques des volets il ne pouvait rien voir ; il entendait seulement dans le silence de la nuit le murmure d »une conversation.
Certes, il souffrait de voir cette lumière dans l’atmosphère d’or de laquelle se mouvait derrière le châssis le couple invisible et détesté, d’entendre ce murmure qui révélait la présence de celui qui était venu après son départ, la fausseté d’Odette, le bonheur qu’elle était en train de goûter avec lui. Et pourtant il était content d’être venu : le tourment qui l’avait forcé de sortir de chez lui avait perdu de son acuité en perdant de son vague, maintenant que l’autre vie d’Odette, dont il avait eu, à ce moment-là, le brusque et impuissant soupçon, il la tenait là, éclairée en plein par la lampe, prisonnière sans le savoir dans cette chambre où, quand il le voudrait, il entrerait la surprendre et la capturer : ou plutôt il allait frapper aux volets comme il faisait souvent quand il venait très tard ;ainsi du moins, Odette apprendrait qu’il avait su, qu’il avait vu la lumière et entendu la causerie, et lui, qui tout à l’heure, se la représentait comme se riant avec l’autre de ses illusions, maintenant, c’était eux qu’il voyait, confiants dans leur erreur, trompés en somme par lui qu’ils croyaient bien loin d’ici et qui, lui , savait déjà qu’il allait frapper aux volets. Et peut-être, ce qu’il ressentait en ce moment de presque agréable, c’était autre chose aussi que l’apaisement d’un doute et d’une douleur : un plaisir de l’intelligence. Si, depuis qu’il était amoureux, les choses avaient repris pour lui un peu de l’intérêt délicieux qu’il leur trouvait autrefois, mais seulement là où elles étaient éclairées par le souvenir d’Odette, maintenant, c’était une autre faculté de sa studieuse jeunesse que sa jalousie ranimait, la passion de la vérité, mais d’une vérité, elle aussi, interposée entre lui et sa maîtresse ne recevant sa lumière que d’elle, vérité tout individuelle qui avait pour objet unique, d’un prix infini et presque d’une beauté désintéressée, les actions d’Odette, ses relations, ses projets, son passé. A toute autre époque de sa vie, les petits faits et gestes quotidiens d »une personne avaient toujours paru sans valeur à Swann : si on lui en faisait le commérage, il le trouvait insignifiant, et, tandis qu’il l’écoutait, ce n’était que sa plus vulgaire attention qui y était intéressée ; c’était pour lui un des moments où il se sentait le plus médiocre. Mais dans cette étrange période de l’amour, l’individuel prend quelque chose de si profond que cette curiosité qu’il sentait s’éveiller en lui à l’égard des moindres occupations d’une femme, c’était celle qu’il avait eue autrefois pour l’Histoire. Et tout ce dont il aurait eu honte jusqu’ici, espionner devant une fenêtre, qui sait ? demain peut-être, faire parler habilement les indifférents, soudoyer les domestiques, écouter aux portes ne lui semblait plus, aussi bien que le déchiffrement des textes, la comparaison des témoignages et l’interprétation des monuments, que des méthodes d’investigation scientifique d’une véritable valeur intellectuelle et appropriées à la recherche de la vérité.
Sur le point de frapper contre les volets, il eut un moment de honte en pensant qu’Odette allait savoir qu’il avait eu des soupçons, qu’il était revenu, qu’il s’était posté dans la rue. Elle lui avait dit souvent l’horreur qu’elle avait des jaloux, des amants qui espionnent. Ce qu’il fallait faire était bien maladroit et elle allait le détester désormais, tandis qu’en ce moment encore, tant qu’il n’avait pas frappé, peut-être, même en le trompant, l’aimait-elle. Que de bonheurs possibles dont on sacrifie ainsi la réalisation à l’impatience d’un plaisir immédiat ! Mais le désir de connaître la vérité était plus fort et lui sembla plus noble. Il savait que la réalité de circonstances qu’il eût donné sa vie pour restituer exactement, était lisible derrière cette fenêtre striée de lumière, comme sous la couverture enluminée d’or d’un de ces manuscrits précieux à la richesse artistique elle-même desquels le savant qui les consulte ne peur rester indifférent. Il éprouvait une volupté à connaître la vérité qui le passionnait dans cet exemplaire unique, éphémère et précieux, d’une matière translucide, si chaude et si belle. Et puis l’avantage qu’il se sentait – qu’il avait tant besoin de se sentir – sur eux, était peut-être moins de savoir, que de pouvoir leur montrer qu’il savait. Il se haussa sur la pointe des pieds. Il frappa. On n’avait pas entendu, il refrappa plus fort, la conversation s’arrêta. Une voix d’homme dont il chercha à distinguer auquel de ceux des amis d’Odette qu’il connaissait elle pouvait appartenir demanda :
– Qui est là ?
Il n’était pas sûr de la reconnaître. Il frappa encore une fois. On ouvrit la fenêtre, puis les volets. Maintenant, il n’y avait plus moyen de reculer et, puisqu’elle allait tout savoir, pour ne pas avoir l’air trop malheureux, trop jaloux et curieux, il se contenta de crier d’un air négligent et gai :
– Ne vous dérangez pas, je passais pas là, j’ai vu de la lumière, j’ai voulu savoir si vous n’étiez plus souffrante.
Il regarda. Devant lui, deux vieux messieurs étaient à la fenêtre, l’un tenant une lampe, et alors, il vit une chambre, une chambre inconnue. Ayant l’habitude, quand il venait chez Odette très tard, de reconnaître sa fenêtre à ce que c’était la seule éclairée entre les fenêtres toutes pareilles, il s’était trompé et avait frappé à la fenêtre suivante qui appartenait à la maison voisine. Il s’éloigna en s’excusant et rentra chez lui, heureux que la satisfaction de sa curiosité eût laissé leur amour intact et qu’après avoir simulé depuis si longtemps vis-à-vis d’Odette une sorte d’indifférence, il ne lui eût pas donné, par sa jalousie, cette preuve qu’il l’aimait trop, qui, entre deux amants, dispense, à tout jamais, d’aimer assez, celui qui la reçoit.

Marcel Proust, Un amour de Swann

Notes

1 UICN = Union Internationale pour la Conservation de la Nature

2 Haploïde : chaque c° ne contient qu’un chromosome de chaque paire de chromosomes homologues : elle ne contient qu’un seul génome soit n chromosomes.

3 Diploïde : chaque c° contient deux génomes homologues, c’est-à-dire 2n chromosomes.

1 le génome du pollen est haploïde, celui du stigmate diploïde, il suffit d’un allèle commun pour qu’il y ait incompatibilité dite gamétophytique

2 du groupe des Basidiomycètes, dont la forme mycélienne est appelée Rhizoctonia

Bibliographie et webographie sommaires

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F.Dupont, J.-L. Guignard Botanique systématique moléculaire 14ème édition, Ed.Elsevier-Masson

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