C’est la vitamine du soleil: elle est en grande partie synthétisée dans la peau quand l’exposition au soleil est suffisante.
Qu’est-ce que c’est?
Le terme vitamine D correspond en réalité à deux molécules: l’ergocalciférol ou vitamine D2, d’origine végétale, et le cholécalciférol ou vitamine D3, d’origine animale le plus souvent , et synthétisé par la peau sous l’influence d’un rayonnement ultra-violet.
La vitamine D3 subit deux transformations, d’abord dans le foie puis dans le rein: c’est la molécule transformée qui est active.
La vitamine D est une vitamine liposoluble: elle est soluble dans les graisses et peut être stockée dans l’organisme, ce qui permet de prendre des compléments en vitamine D en doses de charge, et pas nécessairement au quotidien.
Les sources alimentaires
Dans le règne végétal, on en trouve peu: un peu de vitamine D2 dans les champignons. Certains lichens produisent de la vitamine D3, utilisée dans dans compléments nutritionnels, le lichen ne faisant pas partie de nos aliments de base!
Dans le règne animal, la vitamine D3 se trouve dans les poissons gras, les œufs entiers, un peu dans la viande et les laitages non écrémés.
Les besoins en vitamine D
Les recommandations ne font pas l’unanimité: l’ANSES recommande 5μg (ou 200 UI) par jour, mais l‘Académie de médecine recommande plutôt 20 μg (800 UI), voire 1500 unités au-delà de 70 ans. Cette recommandation est partagée par une autre société savante, qui recommande aussi une supplémentation à hauteur de 1500 UI par jour (un lien ici).
Comment s’y retrouver? bien difficile. Dans tous les cas, une certitude: en l’absence de déficit, la dose quotidienne ne doit pas dépasser 4000 unités (à calculer si la vitamine D est apportée en dose de charge: par exemple une ampoule dosée à 80 000 UI correspond à 20 jours à la dose maximale si vous n’êtes pas en déficit). Et une autre donnée à prendre en compte: l’exposition au soleil. Sous nos latitudes, elle semble insuffisante pour permettre une synthèse correcte. Il est prudent de doser la vitamine D dans le sang pour bien ajuster un éventuel complément: en cas de déficit, la dose sera adaptée au plus juste.
Quand risquons-nous de manquer de vitamine D?
Le risque de déficit est répandu:
- en cas d’exposition solaire insuffisante:
- au Nord du 36° parallèle ( Madrid est situé à 40°N, Paris à 48°N)
- port de vêtements couvrants ou crème solaire de haute protection (qui demeure indispensable pour réduire le risque de cancers cutanés liés à l’excès d’exposition)
- période d’exposition
- régime végétalien (les sources alimentaires sont principalement animales)
- forte pigmentation de la peau
- obésité (la vitamine D est « séquestrée » dans le tissu gras), ou chirurgie bariatrique (moins bonne absorption par l’intestin)
- âge (la synthèse cutanée devient moins efficace)
- certaines maladies du foie et des reins (lieux du métabolisme de la vitamine D)
- certains médicaments (huile de paraffine, résines)
Un peu d’histoire
L’histoire de la vitamine D est liée à la prévention et au traitement du rachitisme: c’est une maladie du squelette de l’enfant, qui se caractérise par un défaut de minéralisation des os , avec des déformations, une faiblesse musculaire et un ralentissement de la croissance. Le rachitisme est connu depuis l’Antiquité. En 1822, un médecin polonais, Jedrzej Sniadecki constate que les enfants vivant en ville sont plus souvent atteints que les enfants de la campagne: les premiers sont moins exposés au soleil que les seconds. En 1827, Pierre Bretonneau puis Armand Trousseau montrent que l’huile de foie de morue soigne le rachitisme. Il faut encore un siècle pour établir la formule de la vitamine D2 et D3 (Adolf Windaus en 1932), et le rôle du soleil dans leur métabolisme .
Les rôles de la vitamine D
Vitamine D et squelette
C’est la fonction la plus anciennement connue: la vitamine D favorise l’absorption de calcium alimentaire dans l’intestin et la minéralisation de l’os. Elle joue pleinement son rôle si l’alimentation est assez riche en calcium: légumes, agrumes, légumes secs, fruits à coques, certaines eaux minérales, sardines et produits laitiers…
Un déficit modéré en vitamine D favorise le développement de l’ostéoporose.
Outre cet effet sur les os, la vitamine D joue un rôle favorable sur la fonction musculaire, surtout pour les personnes âgées. Plus le déficit en vitamine D est important, plus le risque de chute est grand: n’oubliez pas de prendre votre vitamine D dès qu’elle a été prescrite par votre médecin!
Vitamine D et peau
Un médicament proche de la vitamine D est utilisé dans le traitement du psoriasis.
Vitamine D et cancers
La vitamine D aurait-elle un rôle préventif vis-à-vis de certains cancers? bien difficile à établir… Beaucoup d’études chez l’animal semblent prometteuses, mais jusqu’à présent, il est difficile d’extrapoler à l’Homme.
Un déficit en vitamine D serait associé à une augmentation de risque de développer un cancer, sans qu’on puisse montrer qu’un complément en vitamine D diminue ce risque: ce n’est pas nécessairement un lien de cause à effet (des liens en anglais par ici, par là…) : des études sont encore nécessaires. Il y aurait un rôle protecteur pour le cancer du côlon, et peut-être le cancer du sein.
Ce qui est prouvé: dans le cas précis des chimothérapies du cancer du sein, des taux de vitamine D suffisants réduisent les effets indésirables (pour le docétaxel, les inhibiteurs de l’aromatase ou les biphosphonates).
Vitamine D et maladies auto-immunes
Encore un domaine largement repris dans les medias mais où les preuves sont fragiles.
Les maladies auto-immunes se développent dans les pays industrialisés, en lien avec des facteurs environnementaux et une prédisposition génétique. Il est très difficile d’identifier un unique facteur qui favoriserait ces maladies.
Le diabète de type I est beaucoup plus fréquent au Nord de l’Europe qu’au Sud: des études sont en cours pour déterminer si la vitamine D dans ce cas présente un intérêt.
Vitamine D et maladies neurologiques
C’est le domaine où les conclusions sont les plus pertinentes: la vitamine D a bien un rôle dans le développement du cerveau et la protection des neurones. Le déficit en vitamine D est un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer.
Dans le cas de la sclérose en plaques, le déficit en vitamine D est aussi un facteur de risque, et la supplémentation améliore l’efficacité d’un traitement par interféron β.
Le déficit en vitamine D est aussi un facteur de risque de développer une maladie de Parkinson, et les taux les plus faibles de vitamine D dans le sabg sont associés aux formes les plus sévères.
Et les miscellanées
Savez-vous que les huiles de foie de morue étaient classées selon leur couleur, comme la bière? on distinguait ainsi une huile blanche, blonde, ambrée ou brune.
Un texte d’Ossi Mandelstam en 1930
Je suis revenu dans ma ville familière jusqu’aux sanglots,
Jusqu’aux ganglions de l’enfance, jusqu’aux nervures sous la peau.
Tu es de retour, avale donc d’un trait
L’huile de foie de morue des lanternes de Leningrad sur les quais !
Le petit jour de décembre, reconnais-le bien vite
Au jaune d’œuf dissous dans le goudron sinistre.
Pétersbourg ! je ne veux pas encore mourir :
De mes téléphones, tu as les numéros.
Pétersbourg ! J’ai les adresses d’autrefois
Où je reconnais les morts à leurs voix.
J’habite l’escalier de service et la sonnette
Arrachée avec la chair tinte dans ma tête.
Et toute la nuit jusqu’à l’aube j’attends les hôtes chers
Et les chaînettes de la porte cliquettent comme des fers.
Et une jolie définition de Marc Escayrol:
L’amer à boire
Pour aller plus loin
Marc Bélanger, Marie-Josée LeBlanc, Mireille Dubost La nutrition 4ème éd. Éd.Chenelière éducation
Françoise Bleicher-Bardeletti, Bernard Duclos, Joseph Vamecq Biochimie Dunod 2014
Dorvault L’officine, répertoire général de pharmacie pratique dix-huitième édition-bis, Vigot frères, éditeurs, 1945
Jean-Claude Guilland La vitamine D Lavoisier médecine 2015
Christian Duraffourd, Jean-Claude Lapraz Traité de phytothérapie clinique. Médecine et endobiogénie. Masson, 2002
Ossip Mandelstam Tristia et autres poèmes NRF Gallimard
Jean-Marie Pelt Des légumes. Petite encyclopédie gourmande. J’ai lu 2009