Hypericum perforatum Hypéricacées
Botanique
Herbe à mille trous, herbe percée, herbe aux piqûres, chasse-diable, herbe de Saint-Jean…
Le millepertuis (c’est-à-dire mille trous) est facile à reconnaître: les feuilles observées à contre-jour semblent perforées (ce sont de minuscules glandes à essence). C’est une plante herbacée vivace, commune dans tout l’hémisphère Nord. Elle fleurit dès le début de l’été: à la Saint-Jean, d’où un de ses noms vernaculaires.
La partie active du millepertuis est la sommité fleurie, récoltée au début de floraison.
Le millepertuis s’utilise par voie externe ou interne.
Un cicatrisant
Commençons par l’usage externe.
L’huile de millepertuis, est un macérat de sommités fleuries dans une huile végétale (olive, ou tournesol parfois). C’est un remède cicatrisant avec une précaution à respecter: elle est très photosensiblisante, c’est-à-dire qu’elle augmente le risque de coup de soleil. Donc, si vous l’appliquez le soir sur une peau irritée ou brûlée, la prudence exige d’attendre 48h avant de s’exposer au soleil (ou aux UV si vous demeurez adepte de cette pratique cancérigène).
L’huile de millepertuis est aussi un remède des douleurs rhumatismales, des foulures et tendinites. Elle rend aussi grandement service pour soulager les douleurs qui suivent un trajet nerveux: c’est le véhicule de choix pour vos huiles essentielles destinées à soulager un lumbago, mais aussi les douleurs du zona.
Pour faire votre huile de millepertuis:
Emplissez un bocal de sommités fleuries fraîches, complétez avec une huile d’olive de première pression, agitez et laisser sur un rebord de fenêtre ensoleillé une quinzaine de jours. L’huile prend une coloration rouge caractéristique.
Filtrer et stocker à l’abri de la lumière.
Un antidépresseur, avec précautions!
En ce qui concerne l’usage interne, la première précaution à garder à l’esprit est le risque important d’interactions médicamenteuses: le millepertuis diminue l’effet de nombreux médicaments, et inversement, l’arrêt d’un traitement par millepertuis peut augmenter la toxicité des médicaments associés.
Le millepertuis contient plusieurs molécules bien identifiées, extraites en quantité variable selon le mode de préparation. Le plus souvent, on utilise l’hypericine pour« décrire » un extrait, mais les molécules qui semblent les plus actives sur le système nerveux sont dérivées d’un autre composant, l’hyperforine.
En tisane, et aux plus faibles doses d’hyperforine, le millepertuis est sédatif. Aux plus fortes doses (environ 500 à 600mg d’extrait sec), il est antidépresseur. En Allemagne, c’est un traitement de référence dans les dépressions légères à modérées. Il a été comparé à la fluoxétine (Prozac®, avec une efficacité similaire, et moins d’effets indésirables.
Le risque d’interactions médicamenteuses potentiellement graves le rend difficile à utiliser: par prudence, ne prenez pas de millepertuis si vous suivez un autre traitement quel qu’il soit .
Le risque de photo sensibilisation est à prendre en compte aussi par voie orale. Il est également décrit chez l’animal: des chevaux nourris en abondance d’un fourrage riche en millepertuis présentent des lésions de la peau qui seraient liées à cet effet photosensibilisant.
Utilisation en tisane, poudre totale, extrait sec ,extrait de plante fraîche standardisé, teinture-mère.
Ethno-botanique: fées, démons et sorcières
Le nom latin du millepertuis est Hypericum: une hypothèse suggère qu’il dérive du grec ὑπέρ (au-dessus) et εἰκόνια (image), car le millepertuis est si odieux aux démons que sa sa simple vue les éloigne.
L’un des noms vernaculaires du millepertuis est « herbe-aux-fées »: les feuilles froissées dégagent une odeur d’encens (discrète, certes), et l’encens est le parfum des dieux.
Son suc rougeâtre évoque le sang. Il entre dans des pratiques d’exorcisme, on en fait boire aux « possédés », dès l’époque gallo-romaine: c’est le fuga daemonum, la fuite des démons.
Toujours pour éloigner les démons, il est d’usage d’accrocher un bouquet de millepertuis sur la porte des maisons pour se prémunir des mauvais esprits.
Culpeper au XVIIème siècle donne un remède quasi infaillible: si une femme (mariée, précise-t-il ) qui ne parvient pas à concevoir marche nue pour cueillir le millepertuis dans les bois, elle concevra dans l’année…
Pour aller plus loin
Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
Michel Dubray Guide des contre-indications des principales plantes médicinales Ed.Lucien Souny
F.Dupont, J.-L. Guignard Botanique systématique moléculaire 14ème édition, Ed.Elsevier-Masson
Michel Faucon Traité d’aromathérapie scientifique et médicale Sang de la Terre
Jacques Fleurentin, Jean-Claude Hayon, Jean-Marie Pelt Des plantes qui soignent Ed. Ouest-France2018
Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus
Marie-Antoinette Mulot herboriste diplômée Secrets d’une herboriste Éd.Dauphin
Odon de Meung Macer floridus Des vertus des plantes, La pharmacie des moines Ed.Paléo, 2011
Max Wichtl, Robert Anton Plantes thérapeutiques Tradition, pratique officinale, science et thérapeutique 2ème édition, Ed.Lavoisier, Tec et doc