Les plantes que nous avons observées pendant notre sortie au marais-des-bœufs.
L’achillée millefeuille
Achillea millefolium Astéracées
Ses noms vernaculaires la résument bien: sourcil-de-Vénus en référence à sa feuille finement découpée, herbe-à-la-coupure, herbe-de-Saint-Joseph ou herbe-des-charpentiers pour ses vertus cicatrisantes. On en dénombre une douzaine d’espèces différentes.
Une plante qui a connu la guerre de Troie! ou comment le guerrier Achille donna son nom à une délicate fleur…
On raconte que le centaure Chiron enseigna à Achille comment préparer un onguent qui guérirait les plaies de ses soldats lors du siège du Troie: et il nomma la plante en l’honneur de son illustre élève.
Une autre version relate que le grand Achille, toujours lui, fit tomber la rouille et la poussière de sa lance, qui se transforma en une jolie plante capable de guérir les blessures…
C’est une plante connue depuis l’Antiquité, dont la récolte était parfois entourée de rituels magiques, notamment chez les Celtes.
Côté magie, retenons que des sachets d’achillée attirent l’amitié et garantissent un amour d’au moins sept années.
Au XIIIème siècle, Albert le Grand révèle une technique infaillible pour les pêcheurs: se frotter les mains avec du suc d’achillée et les plonger dans la rivière. Elles agiront comme des aimants pour les poissons! Je vous laisse vérifier!
Le même auteur affirme qu’un bouquet d’achillée sur le berceau d’un nourrisson protège son âme.
Connue aussi en Chine, les tiges séchées servaient à la divination.
Une plante médicinale
La drogue (la partie active) est la sommité fleurie ou la feuille.
En tisane, elle est tonique digestive, hémostatique (arrête les saignements, épistaxis = saignement de nez notamment), anti hémorrhoïdaire. Elle a la réputation de « faire venir les règles » qui sont « bloquées » suite à une émotion forte ou coup de froid. Dorvault précise en 1942 que « la décoction concentrée de millefeuille est employée par les habitants de certaines contrées de l’Italie dans le traitement des fièvres intermittentes ». Cette propriété de fébrifuge était connue dès le Moyen-Âge.
Avant le développement du houblon, l’achillée entrait dans la composition de la bière.
En externe, on mettait des cataplasmes d’achillée pour cicatriser des plaies qui ne saignent plus, pour soulager les contusions, les gerçures et les crevasses.
La médecine vétérinaire l’a longtemps recommandée contre la gale des moutons, avant l’avènement des insecticides et parasiticides chimiques.
Une précaution à connaître: si vous voyez apparaître boutons ou plaques rouges sur la peau lors de la cueillette ou après une ou deux tasses de tisane, n’en consommez plus. C’est très rare, mais le signe d’une intolérance ou d’une allergie.
Une plante qui soigne aussi …les autres plantes
Plantée près de végétaux malades, les sécrétions de ses racines augmentent la résistance des plants voisins. Ses feuilles sont un excellent accélérateur de compost. Une infusion de feuilles d’achillée est un engrais et un fongicide , contre le mildiou et certaines maladies fongiques.
L’armoise
Artemisia vulgaris Astéracées
L’herbe-aux-cent-goûts
Un chapelet d’armoise jeté dans le feu de la Saint-Jean, avec l’incantation » que toute ma malchance parte avec ceci » garantit une année de prospérité et de bonheur…
Une herbe que les cuisiniers remettent à l’honneur: en Occident, elle parfume les volailles, en Chine et au Japon, le riz gluant.
Son purin est un insectifuge efficace.
Elle est anthelmintique (vermifuge) comme la tanaisie, stomachique (facilite la digestion).
Les infusions soulagent les douleurs de règles, elle serait emménagogue .
L’armoise présente un risque abortif, même en tisane: ne jamais donner à la femme enceinte, il s’agit d’une véritable contre-indication.
La feuille d’armoise: la face inférieure est argentée.
Son huile essentielle est réglementée en raison de la présence de thuyone, qui peut provoquer des crises d’épilepsie et des avortements. La législation française est protectrice (vente exclusive en pharmacie), hélas, on la trouve sur Internet sans le moindre contrôle. Elle est réellement à risque: ne l’utilisez pas.
L’armoise est parfois fumée comme la marijuana. Les bâtonnets d’armoise servent de moxa.
Le genre Artemisia comporte deux autre plantes que vous connaissez, l’estragon (Artemisia dracunculus) et l’absinthe (Artemisia absinthium).
En Ukrainien, armoise se traduit par herbe (bylj) noire (tcherno): c’est l’étymologie de Tchernobyl.
L’aubépine
L’aulne
Alnus glutinosa Bétulacées
Un arbre ou un arbuste facile à reconnaître avec ses feuilles aux nervures arquées, collantes quand elles sont jeunes (d’où son qualificatif de glutineux).
Le nom d’aulne se retrouve dans des noms de lieux: Aulnay au Nord de la Loire, Verne, Vernay, Verneuil… Dans les patronymes: Delaunay, Delannoy, mais aussi Lavergne, Vergne… et Jules Verne!
Son bois est réputé imputrescible, et à ce titre il a été largement utilisé pour la construction de ponts et pilotis. Pline en a dit « enfoncé dans un sol marécageux, l’aulne est éternel et supporte n’importe quelle charge ». On affirme que Venise fut édifiée sur du bois d’aulne.
Il améliore la fertilité des sols pauvres, les racines immergées sont associées à des bactéries , permettant à l’arbre d’utiliser les nitrates au lieu de l’oxygène comme substrat à la photosynthèse: l’aulne épure nitrates et phosphates des cours d’eau. L’écorce riche en tanins a servi à tanner les peaux.
Anciennes indications médicinales (aujourd’hui inusitées):
Riche en tanins, fébrifuge
La feuille en cataplasme peut soulager les douleurs dans les seins des femmes qui allaitent, pour tarir le lait des nourrices.
En bains de bouche ou gargarisme, elle apaise les inflammations des gencives et de la gorge.
Un ancien usage : on enveloppe le patient qui souffre de rhumatismes avec feuilles séchées, couverture de laine : sudorifique +++, pendant une demie-heure. A répéter tous les jours pendant une semaine.
En gemmothérapie, l’aulne est un remède complémentaire des inflammations muqueuses (sinusites, gastrites …), des infections, des troubles veineux.
C’est une plante tinctoriale: gris ou noir
Contre la vermine des poulaillers : une branche d’aulne le soir, se couvre des parasites , la brûler le matin. A renouveler
La bardane
Arctium lappa, Lappa major, Astéracées
Chou d’âne, herbe-aux-teigneux, herbe-aux-pouilleux, oreille-de-géant, herbe-du-Seigneur…
Reconnaissable à ses capitules qui s’accrochent aux vêtements, aux pelages des animaux: c’est la bardane qui aurait inspiré l’inventeur du velcro.
Les côtes et la moelle cuites sont comestibles, ainsi que la racine de première année récoltée à l’automne, les racines torréfiées donnent un succédané de café.
La feuille fraîche en cataplasme guérirait les morsures de vipère, soulage les piqûres d’hyménoptères, et aussi les rhumatismes: usage traditionnel!
La racine de bardane est une grande dépurative, en particulier de la peau: remède incontournable des acnés, boutons, furoncles. Elle est diurétique, une des rares plantes indiquées dans les calculs rénaux. On la donne aussi en prévention de la goutte, elle a des propriétés antidiabétiques.
La Berce spondyle
Heracleum spondylium Apiacées (ex- Ombellifères)
Tarte-à-lapins, patte-d’ours, herbe-du-diable
Consacrée à Hercule, du fait de sa robustesse?
Une belle plante commune, à ne pas confondre avec la géante berce-du-Caucase, irritante et non comestible.
Les inflorescences sont en ombelles (caractéristiques de la famille des Apiacées), les fleurs de l’extérieur avec longs pétales bifides tournés vers l’extérieur.
Les feuilles sont velues sur les deux faces, les pétioles embrassants sans oreillette, de couleur parfois vineuse. La tige est robuste, creuse, cannelée.
C’est un véritable hôtel restaurant pour les insectes ! Et l’hiver , les tiges creuses abritent les invertébrés.
La berce spondyle est photosensiblisante et peut être irritante. Elle est néanmoins comestible: les feuilles jeunes et graines.
Feuilles bouillies et graines fermentées donnent une bière.
En Suède, la feuille est un remède de dysenterie. La feuille fraîche est un résolutif des furoncles et abcès.
La plante serait digestive et hypotensive.
La graine fait partie des « graines chaudes » comme l’anis ou le cumin: une digestive et carminative (pour les ballonnements intestinaux)
La jeune tige crue pelée a un petit goût d’agrume.
La graine a un goût délicat, qui évoque les agrumes: incorporées à un quatre-quarts aux noix, c’est un délice.
Ne pas la confondre avec Berce du Caucase ,une cousine invasive, très photosensibilisante (ex à Honfleur, programme d’éradication)
Les chênes
La grande consoude
Symphytum officinale Boraginacées
Les fleurs sont caractéristiques, insérées d’un seul côté du rameau qui les porte.
La consoude est mellifère, mais les abeilles ne peuvent l’utiliser que si des bourdons ont percé sa corolle.
La racine coupée est employée en usage externe uniquement, sur des traumatismes articulaires ou osseux: de là son nom d’herbe aux charpentiers, profession suejette aux hématomes et fractures.
La consoude est-elle comestible?
Elle est connue comme telle depuis au moins deux mille ans, mais les analyses récentes ont semé le doute: la consoude contient en effet en faible proportion des substances toxiques, cancérigènes, toxiques pour le foie, le poumon, tératogènes (qui entraîne des malformations du fœtus), abortives. L’OMS en déconseille donc la consommation.
Des calculs savants laissent penser qu’une consommation exceptionnelle serait sans danger: à vous de juger, un lien ici vers un article très bien documenté.
Les cornouillers
Cornouiller mâle, sanguin mas, C sanguinea, Cornacées
Le cornouiller sanguin prend une couleur rouge à l’automne , ses rameaux au soleil sont rouges aussi.
Sa feuille est caractéristique: déchirée en deux, les parties restent attachées par les nervures.
Les fruits sont irritants pour le tube digestif, attention! Les baies du cornouiller mâle seraient comestibles selon certains: à mon avis, mieux vaut ne pas goûter…
Inusité en phytothérapie, le cornouiller est utile en gemmothérapie: c’est le remède des traumatismes thoraciques fermés (hématome au niveau des côtes; côtes fêlées)
Ses propriétés irritantes (on dit vésicatoires: provoque des cloques) sont mises à profit pour faire tomber un ongle (après un choc, ou une mycose).
L’églantier
Rosa canina Rosacées
Le rosier des chiens, son fruit s’appelle cynorhodon ou plus prosaïquement poil à gratter, voire gratte cul!
Le fruit séché débarrassé de ses akènes selon la formule consacrée (c’est-à-dire sans les poils qui se trouvent à l’intérieur ) est riche en vitamine C: on en fait des tisanes, et une délicieuse confiture (si vous avez la patience, il faut récolter les fruits après les premières gelées, et n’utiliser que la partie charnue).
L’églantier, en orée des bois, semble protéger sa forêt: de même, le bourgeon est utilisé chez l’enfant, comme protecteur pour l’hiver (macérat mère de bourgeon).
L’érable sycomore
Acer pseudoplatanus Acéracées
Voici un arbre dont le nom est bien trompeur: faux-platane du fait de la ressemblance entre les feuilles des deux espèces, et sycomore, par la ressemblance avec le figuier sycomore (et pour corser l’affaire, sycomore vient de deux mots grecs συκον la figue et μóρον la mûre.)
En fin d’été, il est facile à reconnaître, avec ses feuilles alternes et ses fruits, des samares: les petits hélicoptères avec lesquels les enfants aiment jouer.
Il n’a pas de propriétés médicinales connues. C’est un arbre d’ornement et d’alignement (il y a environ 1500 érables faux-platane à Paris) et un arbre cultivé pour son bois noble.
Il est touché par deux maladies: les taches noires sur les feuilles sont dues à un champignon (Rytisma acerinum) , les feuilles tomberont précocement.
Une autre maladie, mortelle celle-là, est la maladie de la cime, due à un autre champignon, dont les spores sont redoutées par les écorceurs car responsables d’une maladie professionnelle.
Ces deux maladies semblent liées à la pollution atmosphérique, elles sont rares dans les forêts de feuillus, mais beaucoup plus fréquentes dans les parcs urbains. Elles semblent aussi favorisées par des périodes de canicule.
Depuis une dizaine d’années, l’érable est source de préoccupation pour les éleveurs de chevaux: il est considéré comme responsable d’une maladie saisonnière du cheval, la myopathie atypique, d’une mortalité élevée.
La myopathie atypique est attribuée à la présence d’une toxine dans les graines de certains érables. (des articles en français ici et là)
Le frêne
Le gaillet gratteron
Galium aparine, Rubiacées
(Même famille que garance des teinturiers, caféier, quinquina…)
Ses noms vernaculaires la décrivent parfaitement: saigne-langue, anis sucré, herbe collante… en Anglais : everlasting frienship, loveman ! (comme philanthropon en grec).
C’est une plante nitrophile, souvent associée à l’ortie: elle pousse de préférence sur des sols riches en nitrates (en général issus de l’activité humaine: décomposition d’engrais, décharges…)
La tige et graines portent de petits aiguillons (comme sur les fruits de la bardane) qui s’accrochent aux animaux et permettent la dissémination des graines. C’est qui aurait donné l’idée du velcro à son inventeur… Les aiguillons sont dirigés vers le haut sur la face supérieure et vers le bas sur les côtés. Les fleurs sont blanches, actinomorphes (en forme d’étoile) de 2 mm .
Les feuilles apparaissent comme verticillées par 6 ou 9.
C’est une adventice redoutée des cultures (la baisse de rendement peut atteindre 60% par effet de verse).
Ses fruits sont un excellent succédané de café : récolte qd commencent à brunir, torréfaction.
La racine séchée et torréfiée s’utilise comme la chicorée.
Les feuilles et jeunes tiges (avant imprégnation de silice) sont comestibles crues ou cuites (attention tout de même si vous les mangez crues, il peut être irritant, l’un de ses noms communs est saignelangue!)
Usages médicinaux anciens : diurétique (« prompte, puissante et durable selon Cazin ) et diaphorétique, antispasmodique, hypotenseur en infusion.
Pour Culpeper’s (médecin anglais du XVIème siècle): on en fait une lotion cicatrisante et une tisane sédative. L’usage externe est repris pat Mathhiole en France à la même époque, qui donne le gaillet comme vulnéraire, pour les plaies récentes et les gerçres du mamelon.
Comme la garance, la racine est tinctoriale.
Parmi les usages anciens: c’est un fourrage pour les volailles, on peut rembourrer des matelas avec le gaillet séché.
Déodorant naturel : tiges et feuilles froissées (comme aspérule odorante, mais ne prend pas l’odeur de vanille de l’aspérule, car à la différence de cette dernière, pas de production de coumarine par fermentation au séchage)
Le houblon
Humulus lupulus Cannabacées
Une plante de la même famille que le chanvre indien ou marijuana… mais sans le THC!
La partie active du houblon est le strobile ou cône femelle.
Retenons deux grandes propriétés pour le houblon: sédatif et estrogénique
Sédatif d’abord: une infusion de houblon est un bon hypnotique. Une autre manière de profiter des vertus du houblon sur le sommeil: deux ou trois poignées de houblon séché dans un linge glissé sous votre taie d’oreiller garantissent un sommeil de marmotte! Changer les cônes tous les 8-10 jours.
On raconte que les cueilleuses, travaillant en hauteur, étaient obligées de chanter : ce qui permettait de détecter les signes de somnolence, et de procéder au changement d’équipière avant l’accident.
Une autre propriété du houblon : son effet estrogénique, c’est à dire semblable à l’hormone féminine (estrogène). Le houblon soulage ainsi les bouffées de chaleur de la ménopause, mais attention: il convient d’observer les mêmes précautions qu’avec un traitement substitutif allopathique! (certains auteurs décrivent un effet protecteur sur le cancer du sein , mais les résultats des études ne sont pas assez tranchés pour permettre une conclusion définitive).
L’autre indication classique liée à cet effet estrogénique est l’augmentation de la lactation: l’époque où les jeunes mamans recevaient de la bière pour « faire monter le lait » n’est pas si lointaine… Le houblon a la caractéristique d’augmenter l’appétit, effet souvent redouté, parfois souhaité!
Le lamier blanc
Lamium album Lamiacées
La partie utilisée est la fleur ou la sommité fleurie (le haut de la plante avec les fleurs).
Son nom vernaculaire Ortie blanche est trompeur: elle n’a rien d’une ortie! Si la forme des feuilles peut prêter à confusion, il s’agit d’une autre famille botanique, pas de poils urticants, floraison très différente.
Le lamier est une plante un peu passée de mode, pourtant bien intéressante, de par son abondance et ses propriétés: la tisane facilite le travail du foie et des reins, et en applications externes, elle améliore les démangeaisons du cuir chevelu tout en réduisant les pellicules.
En Allemagne, les indications autorisées sont plus larges, puisq’elle est reconnue pour dégager les voies aériennes supérieures (nez bouché, toux grasse), les inflammations de la bouche et de la gorge, et aussi les « pertes blanches ».
Le lierre grimpant
Hedera helix Araliacées
On le nomme aussi bourreau des arbres, herbe à cors, herbe à cautère…
Malgré sa réputation de parasite, le lierre n’affaiblit pas l’arbre qui le porte: il le protège des variations brutales de température, apporte un humus riche, héberge une flore variée… Seule difficulté: lorsqu’il s’installe sur un mur, qu’il protégera de l’humidité, ne pas le laisser s’immiscer dans la toiture: elle n’y résistera pas.
La partie active est la feuille récoltée au printemps ou le bois.
Attention aux baies de lierre qui sont hautement toxiques: elles sont émétiques (= font vomir ) et purgatives, et peuvent être responsables d’intoxications graves chez l’enfant, dès l’absorption de deux ou trois baies. Les intoxications peuvent être mortelles . Cette toxicité rend d’autant plus surprenant une prescription ancienne (1864) d’un médecin anglais, confirmant un usage de l’Antiquité: 7 à 11 baies macérées dans de l’eau permettraient d’éliminer des calculs rénaux… une expérience à ne tenter sous aucun prétexte! Les baies sont délaissées des oiseaux, mésanges et grives en picorent parfois, en dernier recours. Mais le lierre est réputé toxique pour les oiseaux de volière.
Les feuilles de lierre récoltées au printemps peuvent se prendre en tisane contre la toux , même dans la coqueluche que peu de médicaments savent apaiser, ainsi que le bois.
Alors que les feuilles fraîches sont parfois irritantes, elles sont recommandées sous forme sèche comme adoucissant de la peau. Et le lierre a eu son heure de gloire dans des produits « amincissants » ou présentés comme anti-cellulite! (Elancyl)Et l’écorce était jadis employée « contre la syphilis et les dartres » selon le dictionnaire Dorvault de 1945, qui ne donne pas la formule du remède.
Les Anciens utilisaient le lierre comme plante médicinale, parée de vertus magiques. Dioscoride le recommande aussi pour décolorer les cheveux. Le lierre est avec la vigne un des attributs de Dionysos. Parmi ses indications traditionnelles: une couronne de feuilles fraîches calme les effets d’une consommation excessive d’alcool… L’emploi contre les céphalées est repris par Matthiole au XVIème siècle, sous forme de macérat huileux.Un vieux remède oublié (mais le lierre n’a pas été surnommé l’herbe-aux-cors pour rien): faire macérer une feuille neuf jours dans du vinaigre, puis appliquer pendant 9 jours sur le cor au pied.
Savez-vous que le lierre est une lessive naturelle? Riche en saponines, vous pouvez préparer une lessive liquide:
150g de feuilles en décoction dans 2 litres d’eau (laisser bouillir 20 minutes), filtrer
Le lierre terrestre
Glechoma hederaceum Lamiacées
Rondotte, couronne-de-terre, courroie de St-Jean
Les feuilles sont cordiformes (en forme de cœur: c’est un caractère qui les différencie facilement du lamier pourpre) ,crénelées et velues sur la face inférieure.
NB: le nom latin Glechoma vient de glechon menthe pouliot (peut-être du fait de leut saveur?)
Les usages médicinaux anciens sont encore en vigueur, pour la toux, les affections bronchiques bénignes. Éviter un usage prolongé (risque de diarrhée)
Il a aussi été considéré comme tonique, et anti scorbutique
En bains, soulagerait les douleurs de la sciatique
Jusqu’au XVIème siècle, huile de macération comme cicatrisant.
Jeunes feuilles, condiments pour les salades et les soupes
Abeilles en tirent un nectar si les corolles sont percées par un bourdon
Avant l’utilisation du houblon, il servait à clarifier et conserver la bière, et donner amertume
Il a été proposé en protection contre les intoxications au plomb (peintres à Londres XIXème)
La mauve sylvestre
Malva sylvestris Malvacées
Dans la mauve, on utilise la fleur et la feuilles séchées pour préparer des tisanes. Riches en mucilages, elles ont des propriétés reconnues pour adoucir la gorge et calmer les toux d’irritation, calmer les brûlures d’estomac et pour lutter contre la constipation: c’est un laxatif doux adapté aux futures mamans et aux enfants.
Vous pouvez aussi utiliser l’infusion pour tamponner la peau en cas de démangeaisons, d’eczéma, et une fois bien filtrée et tiédie, lotionner les yeux fatigués par une atmosphère enfumée, une baignade en mer ou en piscine, un effort visuel prolongé…
La mauve fait partie des « espèces pectorales« , avec le bouillon-blanc, la violette, le tussilage, le coquelicot, la guimauve et le pied-de-chat.
Ne laisser pas reposer trop longtemps votre infusion: les mucilages vont épaissir et transformer le liquide en une gelée!
Le nénuphar jaune
Nuphar lutea,Nymphéacées
Le nénuphar jaune est répandu sur les eaux calmes ou dormantes.La partie utilisée est le rhizome.
Il est aujourd’hui utilisé sur la base des usages traditionnels, mais n’a pas fait l’objet d’études pharmacologiques. L’ Agence du médicament lui avait reconnu pour un usage externe, intégré à des préparations cosmétiques, des propriétés adoucissantes de la peau, pour les crevasses, gerçures, les brûlures superficielles, l’érythème fessier du nourrisson etc.
Les auteurs anciens sont plus diserts à son égard: les médecins de l’Antiquité et du Moyen-Âge lui ont fait une réputation d’anaphrodisiaque, et Henri Leclerc le confirme au début du XXème siècle: le nénuphar peut « calmer l’excitation sexuelle et conjurer les phantasmes (sic) malsains »
Certains présentent les graines comme comestibles, en les faisant éclater comme les pop corns.
Les orties
La pâquerette
Le pissenlit
Les plantains
La ronce
Rubus fruticosus Rosacées
Vous connaissez son fruit, la mûre sauvage si délicieuse .
Ne confondons pas la ronce, arbrisseau épineux de la famille des rosiers, avec les mûriers (noirs ou blancs), qui sont des arbres, portant des fruits semblables aux mûres sauvages, et dont les feuilles (pour le mûrier blanc) nourrissent les vers à soie… Pour une fois, référons nous à l’anglais: la mûre sauvage, c’est la blackberry, la mûre du mûrier , c’est la mulberry, qui peut-être whiteou black, plus fade et qui se vend souvent séchée.
Riche en tanins, la feuille de ronce est un appoint dans le traitement des diarrhées. Mais la tradition le destine aux maux de gorge et aux toux d’irritation.
La feuille de ronce fermentée puis séchée produit un succédané de thé tout à fait acceptable.
Les fruits sont comestibles bien sûr, riches en anthocyanes, ils sont anti oxydants. Ils représentent une bonne source de fibres, de vitamines C et E, et de manganèse.
Une plante de la même famille a la réputation de faciliter l’accouchement: c’est le framboisier Rubus idaeaus (ronce du mont-Ida). Si aucune étude n’a prouvé l’efficacité du remède, la tradition est bien ancrée, et la plante est, avec certitude, non toxique: pas d’hésitation si vous êtes concernée (infusion de feuilles, 2-3 tasses par jour, le dernier mois de grossesse… malheureusement, les framboises n’ont pas les mêmes vertus!)
Les saules
Le sureau noir
Sambucus nigra Adoxacées (ex- caprifoliacées)
Arbre-de-Judas
Attention à ne pas confondre avec le sureau hièble: le sureau noir a un tronc ligneux, comme un arbre.
Feuilles et seconde écorce sont réputées toxiques (elles contiennent une faible proportion d’acide cyanhydrique).
Les fleurs font d’excellents beignets, au printemps, ainsi qu’un cordial réputé (en Angleterre), et un sirop rafraîchissant.
Les fleurs séchées sont diurétiques, sudorifiques et fluidifient les sécrétions bronchiques: c’est la tisane des rhumes, des états grippaux.
Les fruits crus sont irritants voire toxiques. Un extrait de fruits est néanmoins immunostimulant.
Le sirop de sureau est un bon anti-viral: à préparer pour un état grippal cet hiver.
Faire bouillir 10 minutes un litre d’eau avec 1kg de sucre, ajouter 1 kg de baies sans tiges pour 4 minutes, 30g d’acide citrique (pour la conservation) ou le jus de 2 citrons ou des clous de girofle, laisser tiédir , filtrer, porter de nouveau à ébullition et stocker en bouteilles stérilisées.
Se conserve 6 à 9 mois environ. Pour les rhumes, états grippaux: 3 à 6 cuillerées à soupe par jour.