À l’époque Romaine, le centre de culture des noisetiers était la Campanie, autour de la ville d’Avella, aujourd’hui Avella (au Nord du Vésuve): c’est ce nom qui est à l’origine de avellana, mais aussi d’un autre nom commun de la noisette: aveline (et avelinier pour l’arbuste), ainsi que des noms italien et espagnol (avellana).
Corylus, le nom de genre, a donné l’autre nom du noisetier: le coudrier.
Le noisetier se retrouve dans des noms de lieux: de coudrier dérivent Coudray (Eure, Mayenne, Loiret…), de avelanier dérive Lavelanet ( Ariège), et le pré-celtique Vaissa a donné La Vaissie en Dordogne: le noisetier est bien présent ! le mot noisetier est trop récent pour avoir des laissé des marques toponymiques.
On trouve des noisetiers partout en Europe, la France en cultive peu (2000 ha environ, à peine 10% de la consommation), le reste est importé de Turquie principalement, ainsi que d’Espagne et d’Italie
Botanique
Pourquoi un noisetier n’a t-il pas toujours de noisettes en automne?
Le noisetier annonce le printemps! dès février, il fleurit. Cette floraison précoce est précieuse pour les abeilles. Les chatons de noisetier ne passent pas inaperçus: ce sont les fleurs mâles. En revanche, la fleur femelle reste très discrète: on ne voit que de courts stigmates rouge vif qui dépassent d’un bourgeon. L’arbuste porte des fleurs mâles d’une part, des fleurs femelles d’autre part, sur le même pied: c’est une espèce monoïque (étymologiquement, mâle et femelle dans la même οἶκος « maison »: sur le même arbre).
Le pollen des chatons (plusieurs millions de grains par chaton, tout de même!) est transporté par le vent et finit par se déposer sur une fleur femelle pour la féconder. Alors pourquoi un noisetier isolé ne porterait-il pas de noisettes? Parce que les fleurs mâles et femelles d’un même pied ne sont pas « compatibles »… et que, pour davantage de sécurité, les fleurs mâles d’un arbre sont à maturité avant les fleurs femelles: tout est fait pour éviter un risque de consanguinité. Il faut donc compter sur le vent pour déposer le pollen d’un autre noisetier sur nos fleurs femelles.
Usages médicinaux et alimentaires
On pense aux noisettes évidemment: les hommes préhistoriques les consommaient déjà, il y en a des trabces dans eds sépultures néolithiques.C’estun fruit sec riche en magnésium, en lipides insaturés (60%), en protéines en vitamines du groupe B (thiamine et B6), en vitamine E, mais peu de vitamine C. Les noisettes fournissent une huile dont la composition est proche de celle de l’huile d’amande et un excellent véhicule pour les huiles essentielles.
Les feuilles renferment des tanins: la tradition les utilise pour soulager les jambes lourdes, , les mains et pieds froids, contre la diarrhée, les maux de gorge. En usage externe, l’infusion de coudrier soulage une poussée hémorroïdaire.
L’écorce, par sa richesse en tanins, était connue comme fébrifuge, cicatrisante et astringente.
Pas de contre-indication connue: une plante d’usage traditionnel sans risque.
En gemmothérapiele noisetier agit à l’étage des poumons, pour limiter la sclérose et faciliter les échanges. Au niveau mental, la noisette bien à l’abri de sa coque est le symbole de la sagesse intérieure.
Une tradition plus ancienne (mais un peu de gourmandise ne peut nuire) propose un lait de noisette (piler longuement les noisettes jusqu’à les transformer en « beurre » et ajouter un peu d’eau ou de lait: aujourd’hui, on utilise simplement un mixer) pour soigner un rhume qui s’éternise.
Sainte Hildegarde en recommandait les fruits contre l’impuissance.
Et je ne résiste pas à cette recette de Mathiole (1554): la cendre de noisettes mêlée à de la graisse d’ours fait repousser les cheveux des chauves!
Ethnobotanique
Dans la Rome antique, on brûlait des torches de noisetier aux mariages pour apporter du bonheur aux époux.
Le bois de coudrier, flexible et facile à tresser, fournit des barrières légères. Les tiges souples maintiennent les chaumes des toits, sont tressées en paniers. Le bois plus ancien forme des bâtons de marche , des tuteurs pour les jardins.
Et la baguette de coudrier: tantôt baguette de maudite du sorcier, tantôt baguette bénéfique du sourcier! elle indique la présence la présence d’eau avec une précision remarquable, souvent supérieure aux études géologiques! c’est la baguette divinatoire.
La mythologie grecque attribue à Apollon une baguette divinatoire en noisetier.
Les avis sont partagés : d’aucuns affirment que le caducée des médecins est en bois de noisetier, d’autres en platane. Si la baguette centrale est un noisetier, c’est le symbole de l’amour : Mercredi, jour de Mercure (Hermès), est le jour du noisetier, de la concorde entre les Hommes.
Quelques traditions, un peu éloignées des usages médicinaux:
Pour les Celtes, c’est l’arbre de la connaissance. Il fait partie des sept arbres chefs des Druides (Chêne, Houx, Pommier, Noisetier, If, Pin et frêne)
Autrefois, les écoliers anglais n’allaient en classe le 14 septembre (Holy Cross Day) pour ramasser les noisettes.
Une tradition d’Halloween: les amoureux font rôtir des noisettes, si elles restent entières, leur amour est solide, dans le cas contraire, disputes à prévoir!
Dans une autre tradition, les noisettes donnent le nom des soupirants: les jeunes filles jettent les noisettes au feu, c’est le craquement le plus sonore qui désigne le l’heureux élu.
À l’est de l’Angleterre, les tiges de noisetier cueillies le jour des Rameaux et placées devant une fenêtre protègent la maison de la foudre.
Et Saint-Patrick aurait chassé les serpents d’Irlande avec un baguette (magique) de coudrier. C’est aussi une baguette de coudrier qui peut protéger des maléfices lancés par les sorcières.
Dans le Devon, une vieille femme accueille la future mariée à l’église avec un panier de noisettes pour garantir la fertilité.
En Irlande, royaume des elfes s’il en est, trois arbres, le pommier, l’aubépine et le noisetier, forment la frontière entre le monde réel et celui des elfes et des fées.
Le mot de la fin…
à Pierre de Ronsard, où l’on retrouve une variante de les vertus divinatoires du noisetier:
Je mis, pour t essayer encores devant-hier,
Dans le creux de ma main des fueilles de coudrier :
Mais en tappant dessus, nul son ne me rendirent,
Et flaques sans sonner sur la main me fanirent ;
Vray signe que je suis en ton amour moqué,
Puis qu en frapant dessus elles n ont point craqué
Amours de Cassandre, 1552
Pour aller plus loin
Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
Michel Dubray Guide des contre-indications des principales plantes médicinales Ed.Lucien Souny
Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus
Francis Hallé Stéphane Hette Frédéric Hendoux Les arbres amoureux Ed. Salamandre, 2018
Marie-Antoinette Mulot herboriste diplômée Secrets d’une herboriste Éd.Dauphin
Jean-Marie Pelt Des fruits. Petite encyclopédie gourmande. J’ai lu 2009
Michel Pierre Les plantes du bien-être, les remèdes de A à Z éd. du chêne
Henriette Walter , Pierre Avenas La majestueuse histoire du nom des arbres Ed.Robert Laffont, 2017
Chauds les marrons, chauds! Eh non, ces marrons-là ne se mangent pas ! (ce sont les fruits du châtaignier qui deviennent des marrons glacés, et pas les fruits du marronnier!). Mais on nomme aussi marrons les fruits de certains châtaigniers cultivés!
L’if à baies est l’espèce européenne. Il se caractérise par ses feuilles (« aiguilles ») sur deux rangs, ses fruits en forme de baie rouge et charnue, renfermant une seule graine. Il est totalement dépourvu de résine.
Tous les ifs ne portent pas de fruits: l’arbre est dioïque (il existe des pieds mâles et des pieds femelles): seuls les arbres femelles portent les fruits. C’est le vent qui transporte le pollen , mais la fleur femelle est réduite à un ovule enserré dans des écailles: difficile de capter le pollen. Lorsque l’ovule est prêt, la fleur sécrète un liquide sucré qui suinte au sommet des écailles: le pollen y adhère et atteint ainsi l’ovule.
C’est un arbre d’une rare longévité: on estime à 3000 ans l’âge du plus gros if connu (en Écosse).
Ethnobotanique
L’if était un symbole de mort: d’une part, il est particulièrement toxique, d’autre part, c’est un arbre sacré (chez les Celtes, il fait le lien entre les morts et les vivants, il existait quelques ivaies sacrées ).
Les forêts d’ifs en Europe occidentale ont disparu depuis longtemps: arrachés par les éleveurs pour éviter les empoisonnements du bétail, exploitation du bois pour les arcs et les flèches pendant la guerre de Cent-Ans, utilisation du bois en menuiserie et ébénisterie.
Luthiers, ébénistes et armuriers
Le bois d’if est imputrescible, ce qui a permis d’en trouver des traces dans des fouilles archéologiques: un arc daté d’environ 100 000 ans est le plus ancien objet connu en bois, découvert dans l’Essex. Un peu plus proche de nous, une sagaie en if fichée dans les côtes d’un mammouth a été mise au jour en Basse-Saxe. Le bois dur de l’if servait de pointes de flèches. Les feuilles fournissaient un poison pour les flèches.
C’est la fabrication d’armes, arcs, arbalètes, flèches, qui représente la plus forte utilisation d’ifs: à telle enseigne que les forêts locales ne suffisant pas, un commerce fort lucratif se mit en place. En Angleterre, les ministres incitaient la population à planter des ifs , des Plantagenêts au Tudors. Rien paraît -il ne surpasse l’if pour la qualité d’un arc: souple et élastique.
Résistance au pourrissement, dureté: le bois d’if a servi à la fabrication d’objets ménagers, d’outils, de tuyaux, depuis l’Antiquité.
Le bois d’if est apprécié des luthiers, pour les luths et les violes au XVIème siècle.
Et aussi…
Rien à voir ou presque: les ifs sont souvent taillés en forme de pyramide. Par analogie, on nomme if les supports coniques servant à égoutter les bouteilles!
Un arbre toxique
Toutes les parties de l’if sont toxiques, sauf l’arille, la partie charnue qui entoure la graine . Même la poudre de bois qui se dégage lors du travail artisanal est toxique. Ni la dessiccation, ni la cuisson ne détruisent le poison, la chair des animaux empoisonnés devaient aussi toxique. Pline raconte que des tonneaux fabriqués en Gaule en bois d’if ont empoisonné le vin qu’ils contenaient.
Traditionnellement plantés dans les cimetières, les ifs étaient un véritable danger pour les chevaux qui tiraient les corbillards: gare au cocher inattentif qui laissait ses chevaux goûter aux rameaux verts. Il s’est produit de nombreux empoissonnements de chevaux pendant la Première Guerre Mondiale. En 2000, deux ours du zoo de Nancy sont morts, empoisonnés par des branches d’ifs que leur avait tendues un visiteur. En 2003, c’est une femelle chimpanzé qui meurt empoisonnée par de l’if. En revanche, certaines espèces semblent insensibles au poison: lapins, chats… Des oiseaux sauvages sont friands de ses fruits: la graine, non mâchée, ne les empoisonne pas et sont répandues dans les déjections, favorisant ainsi la dissémination.
La graine est particulièrement amère: en général, les enfants curieux la recrachent immédiatement, ce qui limite le danger. Néanmoins, il faut appeler un centre anti-poison en cas d’ingestion de la graine ou d’aiguilles d’if. Pour les animaux, on considère en général que l’ingestion de la baie ne présente pas de risque si elle n’est pas mâchée, mais comme toute la plante est toxique, les herbivores sont exposés (la dose mortelle est estimée à 0.5 à 2g/kg de poids corporel chez le cheval par exemple). Les équidés sont particulièrement vulnérables.
La molécule toxique est la taxine, c’est un poison du cœur et du système nerveux, un anesthésique narcotique (la mort survient par paralysie du cœur et asphyxie.
Du poison au médicament
Les arilles, c’est-à-dire la partie rouge charnue qui entoure la graine, étaient utilisées jusqu’au XIIIème siècle, comme adoucissantes et laxatives (présence de mucilages) . C’est un usage totalement disparu aujourd’hui.
D’un poison de flèche à un poison du fuseau
Dans les années 1960 aux États-Unis le National Cancer Institute lance une série de tests dans l’espoir de développer de nouveaux médicaments anti-cancéreux, 35 000 plantes sont testées, dont l’if. L’if du Pacifique est prometteur: en 1972, Wall isole une première molécule, le paclitaxel ou taxol, anti cancéreux (classé dans les « poisons du fuseau »: il agit au moment de la division cellulaire). Mais, plusieurs inconvénients: la synthèse est très délicate et de mauvais rendement, l’extraction de l’if nécessiterait l’écorce de 6 ou 7 ifs centenaires pour un seul traitement, et la molécule est difficile à administrer. La recherche se poursuit pour améliorer la synthèse. En 1979, des chercheurs français font avancer les expérimentations: des ifs bordant une route sont abattus, toutes les parties des arbres sont récupérées et de nouveau étudiées: Guénard découvre une molécule proche du taxol dans les aiguilles. L’idée est simple: « yaka » partir de cette molécule et la transformer pour fabriquer ce fameux taxol, c’est ce qu’on appelle une hémi-synthèse, plus simple techniquement que la synthèse totale. Mais la science est pleine de surprises: une erreur de manipulation conduit à la production de taxotère (docétaxel) et non du taxol attendu. Et miracle de sérendipité, ce taxotère est deux fois plus actif que le taxol.
Aujourd’hui, paclitaxel et docétaxel sont utilisés dans les traitements de certains cancers du sein de l’ovaire, des broches, de la prostate, de l’estomac. Ce sont des médicaments puissants, aux effets indésirables parfois sévères.
Le mot de la fin
Il ne faut pas plus d’argent pour construire une vilaineprison que pour faire une maison agréable. Il n’en coûte pas plus pour planter unjardin bien entendu que pour tailler ridiculement des ifs, et en faire desreprésentations grossières d’animaux.
Voltaire, Dialogue avec un contrôleur général.
Pour aller plus loin
Actes de la journée d’étude Le bois : instrument du patrimoine musical – Cité de la musique – 29 mai 2008 Les bois dans la facture des instruments de musique en Europe, XVIe et XVIIe siècles. Joël Dugot, conservateur, Musée de la musique, Paris
http://www.toxophilus.org/articles/francais/if_bois.html (consulté le 11 octobre 2018)
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus
Jacques Fleurentin, Jean-Claude Hayon Des plantes toxiques qui soignent Ed. Ouest-France 2011
Henriette Walter , Pierre Avenas La majestueuse histoire du nom des arbres Ed.Robert Laffont, 2017
Un bel arbre, des feuilles imparipennées (avec un nombre impair de folioles) de 7 à 15 folioles. Un arbre facile à reconnaître, avec ses bourgeons noirs. (D’ailleurs,en grec moderne, le frêne s’appelle Μέλεγος c’est-à-dire: noir. )
Ses feuilles forment un bon humus; c’est également aliment de qualité pour le bétail.
Les fruits sont aussi surnommés Langue d’oiseau.
Le frêne peut atteindre 30m de haut.
Botanique
Une sexualité débridée
Le frêne fait partie des angiospermes: les plantes à fleurs. Ses fleurs qui apparaissent en avril-mai sont réduites aux organes sexuels: ni pétales, ni sépales décoratifs, c’est le vent qui disperse le pollen (plante anémophile): il ne dispense ni nectar ni pollen aux abeilles. Il porte des fleurs mâles (pour produire le pollen) et des fleurs femelles (avec un ovaire qui une fois fécondé devient le fruit). Jusque là, c’est simple et banal. Mais le frêne complique un peu le tableau: il porte aussi des fleurs hermaphrodites (avec des organes mâles et femelles), des fleurs à dominance mâle ou femelle (et fonctionnelles: étamines développées et pistil réduit mais fonctionnel…ou l’inverse). Et pour simplifier le tout, les fleurs sont regroupées en inflorescences… qui peuvent être du même sexe, ou avec une proportion variable d’hermaphrodites. Un champion de la diversité sexuelle! en botanique, on parle de plante trioïque (on dit monoïque quand il existe des fleurs uniquement mâles et uniquement femelles sur le même individu, dioïque quand il existe des arbres uniquement mâles et des arbres uniquement femelles, et les deux tiers des plantes à fleurs sont hermaphrodites: les fleurs portent à la fois les organes mâles et femelles).
Propriétés médicinales
La feuille de frêne est diurétique et anti inflammatoire, adaptée aux terrains goutteux. Les samares (semences) étaient utilisées à la place des feuilles, mais cet usage traditionnel n’a pas été retenu dans la Pharmacopée. Une plante d’usage traditionnel, pour laquelle on n’a décrit aucune contre-indication, ni effet indésirable et qui n’interagit pas avec des médicaments: c’est assez rare pour être souligné!
Elle entre dans les compositions des « tisanes du centenaire« : il en existe plusieurs variantes. Celle-ci garde un goût agréable (frêne et cassis améliorent le confort articulaire, le cassis agit sur la circulation sanguine, frêne et reine-des-prés ou genièvre aident au travail des reins et la menthe poivrée facilite la digestion, et donne bon goût à l’ensemble), les plantes se préparent en parties égales
Frêne feuilles
Cassis feuilles
Reine-des-prés sommités ou genièvre baies
Menthe poivrée feuilles
La sagesse voudrait que cette tisane soit prise en cures espacées , la tradition la fait boire chaque jour! (genièvre et reine des prés ne sont, en toute rigueur, pas recommandés en usage prolongé… vous pouvez aussi préparer votre tisane sans ces deux plantes une semaine sur deux par exemple)
L’usage anti inflammatoire du frêne est mis à profit pour les jeunes enfants: une tige de frêne à mâcher soulage les douleurs des poussées dentaires (sous étroite surveillance!)
La poudre d’écorce est fébrifuge (elle fait baisser la fièvre): c’est un usage qui a perduré durant les périodes de conflit, lorsque le quinquina faisait défaut. Le frêne est parfois surnommé le quinquina d’Europe.
Un arbre fluorescent? D’après Dorvault, le frêne contient un glucoside spécifique, la fraxine, qui aurait des propriétés fluorescentes.
Des études récentes laissent entrevoir un effet hypoglycémiant d‘un extrait de frêne chez le rat. Quelques études chez l’homme sont encourageantes (mais de trop faible ampleur) . Mais on est encore loin d’un médicament anti diabétique. Des études à suivre! (réf en fin d’article)
Récoltez la feuille de préférence au début de l’été, dans des zones qui ne soient ni urbaines (pollution automobile), ni en agriculture intensive (pollution phyto-sanitaire) ni proches de zones industrielles et veillez à récolter sur des arbres sains (voir ci-dessous).
Il existe un autre frêne, le frêne à manne ou orNe ou frêne à fleurs: sa sève de printemps donne une sorte de sirop fort sucré, d’où son nom de manne.
Ethnobotanique
Des histoires
On dit que le frêne isolé attire la foudre (alors que le chêne au contraire la repousserait… mieux vaut tout de même ne pas essayer)
Le frêne est présent dans la mythologie grecque: c’est l’arbre de Poséidon, le dieu de la mer , mais aussi des tremblements de terre, le dieu qui attire la foudre. Le javelot d’Achille est en bois de frêne si l’on croit l’Iliade.
Dans la mythologie scandinave, le frêne représente l’Univers , il fait le lien entre la Terre et le Ciel. C’est Yggdrasil, l’arbre des mondes, à son pied jaillit une source, dans ses branches un aigle qui combat le serpent des racines: de là son supposé pouvoir anti-venimeux?
Après l’univers, survinrent les dieux et les géants, puis les plantes et enfin les dieux créèrent le premier couple d’humains: Ask , l’homme, à partir d’un frêne (Ash tree en anglais) et Embla, la femme, à partir d’un orme (Elm en anglais, Ulmus en latin).
Des usages
Une utilisation culinaire oubliée: les fruits verts macérés dans du vinaigre servent de condiment, comme les câpres. C’est une recette qui demeure traditionnelle en Allemagne et en Angleterre.
Le bois de frêne est apprécié pour son toucher doux après polissage, il est solide, flexible et peu cassant: on l’utilise pour les manches d’outils. Des fouilles archéologiques ont mis au jour des manches en bois de frêne datant du néolithique. Il est assez souple pour former la hampe des arcs. Ovide le nomme: arbre à javelot.
Plus près de nous, le bois de frêne a servi à la construction aéronautique jusqu’aux années 1930. Et la firme automobile britannique Morgan utilise le frêne pour ses voitures de sport.
Les feuilles et l’écorce ont des propriétés tinctoriales: on obtient un jaune olive ou un gris vert, selon le mordançage (alun pour le jaune, fer pour le gris).
La frênette
C’est une boisson traditionnelle dans le Nord de la France, faiblement alcoolisée (2-3° environ). Il en existe beaucoup de variantes, ici une recette de Belgique.
La chalarose
La situation des frênes en Europe est aujourd’hui préoccupante: ils subissent l’attaque de champignons microscopiques qui se dispersent par le vent. La maladie touche d’abord les arbres jeunes: 85% des jeunes frênes meurent. L’arrivée de cette maladie n’est pas liée au réchauffement climatique, mais plutôt à l’imprudence de l’Homme: c’est l’importation massive de frênes asiatiques dans les pays baltes il y a une quarantaine d’années qui a introduit le champignon en Europe. il semble toutefois qu’un faible pourcentage de frênes puisse résister à cette maladie, ce qui devrait permettre le maintien de l’essence dans nos forêts.
Un contemporain de Ronsard et du Bellay, Jean Vauquelin de la Fresnaye (1536-1607), le bien nommé, nous a laissé un fort élégant poème sur l’arbre de son patronyme:
Frêne hautain, forestier et champêtre
L’arbre premier de tant d’arbres divers,
L’arbre immortel au renom de mes vers,
L’arbre aux serpents toujours odieux maître ;
Le coudre rompt, mais tu te fais connaître
Propre à la guerre et jamais de travers
De toi tortu les monts ne sont couverts,
Ains haut et droit toujours as voulu naître ;
Je fais mes dards, pour tous mes arcs, de toi,
Les forestiers en font de même moi,
Et Panarèthe en fait les siens encore :
Phébus aussi en patronne ses traits,
Sa chaste sœur son carquois en décore,
Ainsi au bois as tous noms satisfaits.
Pour aller plus loin
Francis Hallé Stéphane Hette Frédéric Hendoux Les arbres amoureux Ed. Salamandre, 2018
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
lesarbres.fr consulté le 8 octobre 2018
Henriette Walter , Pierre Avenas La majestueuse histoire du nom des arbres Ed.Robert Laffont, 2017
Dorvault L’officine, répertoire général de pharmacie pratique dix-huitième édition-bis, Vigot frères, éditeurs, 1945
Michel Dubray Guide des contre-indications des principales plantes médicinales Ed.Lucien Souny
Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus
Jacques Fleurentin, Jean-Claude Hayon, Jean-Marie Pelt Des plantes qui soignent Ed. Ouest-France2018
En ce qui concerne les effets sur la glycémie (articles en anglais) (consultés en octobre 2018)
C’est rose vif, c’est bon, facile, rapide, ça se mange sur une tartine , avec des crudités, dans un bouddha bowl ou à l’apéro.
Ingrédients
Pas de proportions précises: la photo des ingrédients pour vous donner une idée des quantités utilisées.
des haricots secs cuits (j’ai mis de mojettes de Vendée, c’est aussi bon avec des haricots mungo, des haricots rouges, des haricots noirs, des haricots roses, des pois chiches…)
une betterave rouge cuite,
de l’oignon rouge
du jus de citron ou d’orange
du citron conservé au sel
et plein d’épices et d’aromates, selon votre goût: gingembre, coriandre, piment d’Espelette, tout est bon!
et un peu de graines de cumin, de carvi, de fenouil, de nigelle pour la déco et le goût
Prévoir aussi de l‘huile de colza ou de noix (et du tahini, facultatif)
Tout mixer, ajuster l’assaisonnement.
Voilà, c’est tout!
Bénéfices santé
Des fibres, des légumes bourrés d’antioxydants , polyphénols, flavonoïdes ( betterave et oignon rouge), des protéines grâce aux haricots (si vous mangez ce houmous tout rose avec un peu de céréales: du sarrasin, du riz, des pâtes, un bon pain…), vous aurez un plat végétarien équilibré, des bonnes graisses grâce à l’huile de colza ou de noix (des omega-3), des glucides avec un index glycémique bas (pas de coup de barre dans les heures qui suivent!) , un cocktail de minéraux (potassium, phosphore, magnésium, un peu de fer dont l’assimilation est facilitée par le jus d’agrumes, un peu de calcium, de manganèse et de sélénium), le plein en vitamines du groupe B, de la vitamine C , des pigments (bons pour les yeux et la peau…) . Et un autre bénéfice: c’est un plat alcalinisant.
Un genre très varié, de la même famille botanique que le hêtre et le châtaignier: environ 450 espèces dénombrées et 150 hybrides!
On connaît le chêne-vert et le chêne-liège, mais aussi le tauvin et le vélani (ses glands sont comestibles). Les deux chênes les plus répandus dans notre région sont le chêne rouvre, c’est celui-ci que les Gaulois vénéraient, et le chêne pédonculé (c’est en général celui auquel on pense quand on parle du chêne sans précision).
C’est une recette facile, inspirée d’un magazine de cuisine britannique (BBC good food): à première vue, des haricots dans un gâteau, c’est un peu déroutant…. mais lancez-vous: c’est délicieux! et les gâteaux se congèlent très bien.
Ingrédients
300g de mojettes de Vendée* cuites
100g de flocons d’avoine
3 ou 4 cuillerées à soupe de miel
3 cuillerées à soupe d’huile de noix ou d’olive
2 œufs
1 cuillerée à café de cannelle en poudre (ou moitié cannelle-moitié cardamome)
1 cuillerée à café de bicarbonate de sodium ou de poudre à lever
100g de carottes râpées
3-4 gouttes d’HE orange douce (ou un zeste râpé)**
80g de noix, amandes, noisettes, noisettes (j’ai mis des noix de Pécan): une partie coupée, quelques unes réservées pour décorer
100 g de raisins secs ou abricots secs (coupés )
Préparation
Mixer les haricots, les flocons d’avoine, les œufs, la levure, la cannelle, le miel et l’huile.
Ajouter les carottes, le zeste d’orange (ou l’huile essentielle), les raisins et les noix (penser à en garder quelques unes)
Verser dans les moules à muffins (j’ai fait une douzaine de petits muffins), poser une noix sur chaque muffin.
Enfourner pour 25 minutes environ à 180°C (préchauffage inutile)
Intérêt nutritionnel
Un petit gâteau sans sucres raffinés (pas sans sucre, puisqu’il contient des carottes, des fruits secs et du miel), avec des protéines (grâce aux œufs et aux haricots), des fibres (les carottes, raisins, haricots). Il est pauvre en graisses saturées, contient des « bonnes graisses » via les noix, l’huile végétale, il contient aussi des minéraux (magnésium, calcium, zinc, sélénium …)
C’est un vrai petit-déjeuner rapide (il suffit d’ajouter un verre d’eau ou une bonne tasse de thé par exemple) et un fruit cru pour la vitamine C et les fibres: simple et nourrissant, et pas de fringale à 11 heures!
Pratique aussi en collation ou après le sport.
* ou des haricots blancs ou des haricots rouges cuits: la pâte sera plus foncée mais tout aussi bonne
**l’huile essentielle, si elle est de bonne qualité, permet d’éviter les produits de traitement trop souvent présents sur les agrumes. Et d’éviter la consommation d’oranges hors-saison!
Ses noms vernaculaires la résument bien: sourcil-de-Vénus en référence à sa feuille finement découpée, herbe-à-la-coupure, herbe-de-Saint-Joseph ou herbe-des-charpentiers pour ses vertus cicatrisantes. On en dénombre une douzaine d’espèces différentes.
En tisane, elle est tonique digestive, hémostatique (arrête les saignements, épistaxis = saignement de nez notamment), anti hémorrhoïdaire. elle a la réputation de « faire venir les règles » qui sont « bloquées » suite à une émotion forte ou coup de froid.
En externe, on mettait des cataplasmes d’achillée pour cicatriser des plaies qui ne saignent plus.
La partie active de la plante (la drogue) est la sommité fleurie.
Une précaution à connaître: si vous voyez apparaître boutons ou plaques rouges sur la peau lors de la cueillette ou après une ou deux tasses de tisane, n’en consommez plus. C’est très rare, mais le signe d’une intolérance ou d’une allergie.
L’armoise Artemisia vulgaris Astéracées
L’herbe-aux-cent-goûts
Un chapelet d’armoise jeté dans le feu de la Saint-Jean, avec l’incantation » que toute ma malchance parte avec ceci » garantit une année de prospérité et de bonheur…
Une herbe que les cuisiniers remettent à l’honneur: en Occident, elle parfume les volailles, en Chine et au Japon, le riz gluant.
Son purin est un insectifuge efficace.
Elle est anthelmintique (vermifuge) comme la tanaisie, stomachique (facilite la digestion).
Les infusions soulagent les douleurs de règles, elle serait emménagogue .
L’armoise présente un risque abortif, même en tisane: ne jamais donner à la femme enceinte, il s’agit d’une véritable contre-indication.
La feuille d’armoise: la face inférieure est argentée.
Son huile essentielle est réglementée en raison de la présence de thuyone, qui peut provoquer des crises d’épilepsie et des avortements. La législation française est protectrice (vente exclusive en pharmacie), hélas, on la trouve sur Internet sans le moindre contrôle. Elle est réellement à risque: ne l’utilisez pas.
L’armoise est parfois fumée comme la marijuana. Les bâtonnets d’armoise servent de moxa.
Le genre Artemisia comporte deux autre plantes que vous connaissez, l’estragon (Artemisia dracunculus) et l’absinthe (Artemisia absinthium).
En Ukrainien, armoise se traduit par herbe (bylj) noire (tcherno): c’est l’étymologie de Tchernobyl.
Un arbre d’une longévité remarquable: un individu est estimé vieux de 1700 ans en Mayenne.
Son nom latin évoque la puissance (cratos en grec: le pouvoir, la puissance)
Une médicinale remarquable, grande apaisante nerveuse, calme les palpitations sur coeur sain, l’anxiété… On utilise les fleurs ou les sommités fleuries.
La berce spondyle Heracleum spondylium Apiacées (ex- Ombellifères)
Tarte-à-lapins, patte-d’ours, herbe-du-diable
Consacrée à Hercule, du fait de sa robustesse?
Une belle plante commune, à ne pas confondre avec la géante berce-du-Caucase, irritante et non comestible.
La berce spondyle est photosensiblisante et peut être irritante. Elle est néanmoins comestible: les feuilles jeunes et graines.
Feuilles bouillies et graines fermentées donnent une bière.
En Suède, la feuille est un remède de dysenterie. La feuille fraîche est un résolutif des furoncles et abcès.
La graine fait partie des « graines chaudes » comme l’anis ou le cumin: une digestive et carminative (pour les ballonnements intestinaux)
La graine a un goût délicat, qui évoque les agrumes: incorporées à un quatre-quarts aux noix, c’est un délice.
Carotte, cerfeuil et ciguës: éviter les accidents
Chaque année, des confusions se produisent entre cerfeuil sauvage ou carotte sauvage (parfaitement inoffensifs et comestibles en ce qui concerne les jeunes feuilles de cerfeuil) et les ciguës (petite ciguë et ciguë tachetée: le redoutable poison administré à Socrate).
La carotte (Daucus carota), le cerfeuil (Anthriscus sylvestris) et la ciguë (Conium maculatum) appartiennent à la même famille botanique: les Apiacées, autrefois nommées Ombellifères.
Un point de repère: les tiges de carotte et de cerfeuil portent des poils ou du duvet, alors que les ciguës sont glabres (pas de poils, pas de duvet).
La grande ciguë porte des taches sur sa tige, alors que carotte et cerfeuil ont des tiges de couleur hologène.
Surtout, ne récoltez que si vous êtes absolument certains de l’identité de la plante!
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Le charme Carpinus betulus Bétulacées
Pour différencier le charme du hêtre, un moyen mnémotechnique à l’humour potache qui se transmet inlassablement… un être à poil charme Adam (hêtre à poils: poils sur le bord des feuilles de hêtre, charme à dents: feuilles doublement dentées du charme).
Le bois dur du charme donnait les essieux et les moyeux des roues.
Les feuilles sont riches en tanins, astringentes:
utilisation en gargarismes dans les maux de bouche et de gorge, dans les diarrhées
Le bourgeon est indiqué en complément dans les thrombopénies (manque de plaquettes sanguines), les sinusites et bronchites.
L’écorce renferme un colorant jaune.
Le chêne Quercus robur Fagacées
Un genre très varié, de la même famille botanique que le hêtre et le châtaignier: environ 450 espèces dénombrées et 150 hybrides!
L’écorce, la feuille, les glands, les galles (sorte de « tumeur » pathologique qui se développent sur les feuilles) sont riches en tanins: ceci explique le caractère irritant des infusions ou décoctions de chêne pour leb tube digestif.
On a utilisé ses proprités astringentes pour traiter la dysenterie et des diarrhées: le café de gland peut s’ajouter à du café ou de la chicorée pour cet effet ant-diarrhéique.
En usage externe, l’écorce séchée réduite en poudre arrête les saignements.
Les glands ont une important valeur nutritive: une fois torréfiés, ils sont moins astringents et permettent de préparer un succédané de café. Moulus, on en tire une farine. La récolte des glands a été réglementée. Il s’agit d’une activité qui ne demandait pas un travail trop pénible: ramasser des glands… c’est glander!
Essence abondante, le chêne a laissé sa marque dans les noms de lieux: Oakland, Le Chesnay, Dubrovnik… et dans des noms de personnes: Chénier, Queneau, Ducasse (comme Isidore, dit comte de Lautréamont)
Et n’oublions pas que notre robuste robur a donné son nom a l’un des héros de Jules Verne, Robur le conquérant!
La clématite des haies Clematis vitalba Renonculacées
C’est l’herbe-aux-gueux ou le berceau-de-la-Vierge.
Les jeunes pousses sont comestibles, cuites comme les asperges, ou au vinaigre en condiment.
Mais attention à la cueillette: si elle s’appelle couramment l’herbe-aux-gueux, ce n’est pas sans raison. Les mendiants avaient coutume de s’en frotter la peau, pour créer de faux ulcères et attirer la pitié des passants… spectaculaire mais moins sérieux qu’ils n’y paraissait: la nature fournissait aussi le pansement, la simple feuille de blette qui agissait comme cicatrisant.
La grande consoude Symphytum officinale Boraginacées
Les fleurs sont caractéristiques, insérées d’un seul côté du rameau qui les porte.
La consoude est mellifère, mais les abeilles ne peuvent l’utiliser que si des bourdons ont percé sa corolle.
La racine coupée est employée en usage externe uniquement, sur des traumatismes articulaires ou osseux: de là son nom d’herbe aux charpentiers, profession suejette aux hématomes et fractures.
La consoude est-elle comestible?
Elle est connue comme telle depuis au moins deux mille ans, mais les analyses récentes ont semé le doute: la consoude contient en effet en faible proportion des substances toxiques, cancérigènes, toxiques pour le foie, le poumon, tératogènes (qui entraîne des malformations du fœtus), abortives. L’OMS en déconseille donc la consommation.
Des calculs savants laissent penser qu’une consommation exceptionnelle serait sans danger: à vous de juger, un lien ici vers un article très bien documenté.
Les cornouillers Cornus mas , C.sanguinea Cornacées
Le cornouiller sanguin prend une couleur rouge à l’automne , ses rameaux au soleil sont rouges aussi.
Sa feuille est caractéristique: déchirée en deux, les parties restent attachées par les nervures.
Les fruits sont irritants pour le tube digestif, attention! Les baies du cornouiller mâle seraient comestibles selon certains: à mon avis, mieux vaut ne pas goûter…
Inusité en phytothérapie, le cornouiller est utile en gemmothérapie: c’est le remède des traumatismes thoraciques fermés (hématome au niveau des côtes; côtes fêlées)
Ses propriétés irritantes (on dit vésicatoires: provoque des cloques) sont mises à profit pour faire tomber un ongle (après un choc, ou une mycose).
L’églantier Rosa canina Rosacées
Le rosier des chiens, son fruit s’appelle cynorhodon ou plus prosaïquement poil à gratter, voire gratte cul!
Le fruit séché débarrassé de ses akènes selon la formule consacrée (c’est-à-dire sans les poils qui se trouvent à l’intérieur ) est riche en vitamine C: on en fait des tisanes, et une délicieuse confiture (si vous avez la patience, il faut récolter les fruits après les premières gelées, et n’utiliser que la partie charnue).
L’églantier, en orée des bois, semble protéger sa forêt: de même, le bourgeon est utilisé chez l’enfant, comme protecteur pour l’hiver (macérat mère de bourgeon).
Les épilobes Epilobium parviflorum, E. hirsutum, E.angustifolium Œnothéracées
Le laurier de Saint-Antoine, en Autriche on l’appelle « cheveux de femme »
Messieurs, elle est à vous! Les épilobes soulagent les troubles masculins: inconforts liés aux adénomes de la prostate, mais aussi complément utile dans les inflammations (prostatite, épididymite, orchite…), et les cystites, tant chez l’homme que chez la femme.
Un autre usage moins fréquent: une décoction de racine (à raison de 30g par litre) est un remède contre les aphtes.
Les feuilles sèches remplacent le thé en Russie.
L’érable sycomore Acer pseudoplatanus Acéracées
Voici un arbre dont le nom est bien trompeur: faux-platane du fait de la ressemblance entre les feuilles des deux espèces, et sycomore, par la ressemblance avec le figuier sycomore (et pour corser l’affaire, sycomore vient de deux mots grecs συκον la figue et μóρον la mûre.)
En fin d’été, il est facile à reconnaître, avec ses feuilles alternes et ses fruits, des samares: les petits hélicoptères avec lesquels les enfants aiment jouer.
Il n’a pas de propriétés médicinales connues. C’est un arbre d’ornement et d’alignement (il y a environ 1500 érables faux-platane à Paris) et un arbre cultivé pour son bois noble.
Il est touché par deux maladies: les taches noires sur les feuilles sont dues à un champignon (Rytisma acerinum) , les feuilles tomberont précocement.
Une autre maladie, mortelle celle-là, est la maladie de la cime, due à un autre champignon, dont les spores sont redoutées par les écorceurs car responsables d’une maladie professionnelle.
Ces deux maladies semblent liées à la pollution atmosphérique, elles sont rares dans les forêts de feuillus, mais beaucoup plus fréquentes dans les parcs urbains. Elles semblent aussi favorisées par des périodes de canicule.
Depuis une dizaine d’années, l’érable est source de préoccupation pour les éleveurs de chevaux: il est considéré comme responsable d’une maladie saisonnière du cheval, la myopathie atypique, d’une mortalité élevée.
La myopathie atypique est attribuée à la présence d’une toxine dans les graines de certains érables. (des articles en français ici et là)
On l’appelle herbe-de -Sainte-Cunégonde: en Allemagne, elle fut considérée comme une panacée, aussi miraculeuse que le tombeau de la sainte…
Les temps ont changé, elle est désormais considérée avec méfiance car elle contient en faible quantité des substances toxiques pour le foie, surtout en cas d’usage chronique (alcaloïdes pyrrolizidiniques pour les curieux): je ne peux donc plus la recommander.
Les tisanes étaient réputées apéritives (qui ouvrent l’appétit) et toniques, diurétiques et sudorifiques (augmentent la sudation: utile dans les fièvres).
Un usage encore possible: la feuille fraîche est cicatrisante.
Elle a été utilisée en cataplasmes contre la cellulite et la couperose.
La teinture calme les inflammations de la bouche (diluer dans de l’eau, ne pas avaler).
Le frêne Fraxinus excelsior Oléacées
Un bel arbre, des feuilles imparipennées de 7 à 75 folioles. Un arbre facile à reconnaître, avec ses bourgeons noirs. Ses feuilles forment un bon humus; également aliment de qualité pour le bétail.
Son bois est dur et résistant, tout en gardant une certaine ouplesse: à ce titre il est apprécié en ébénisterie.
Dans la mythologie scandinave, il représente l’Univers (les racines dans les ténèbres et les branches dans les cieux)
La feuille de frêne est diurétique et anti inflammatoire, adaptée aux terrains goutteux.
Il existe un autre frêne, le frêne à manne ou orNe ou frêne à fleurs: sa sève de printemps donne une sorte de sirop fort sucré, d’où son nom de manne.
La frênette
C’est une boisson traditionnelle dans le Nord de la France, faiblement alcoolisée (2-3° environ). Il en existe beaucoup de variantes, ici une recette de Belgique.
La chalarose
La situation des frênes en Europe est aujourd’hui préoccupante: ils subissent l’attaque de champignons microscopiques qui se dispersent par le vent. La maladie touche d’abord les arbres jeunes: 85% des jeunes frênes meurent. L’arrivée de cette maladie n’est pas liée au réchauffement climatique, mais plutôt à l’imprudence de l’Homme: c’est l’importation massive de frênes asiatiques dans les pays baltes il y a une quarantaine d’années qui a introduit le champignon en Europe. il semeble toutefois qu’un faible pourcentage de frênes puisse résister à cette maladie, ce qui devrait permettre le maintien de l’essence dans nos forêts.
Une plante de la même famille que le chanvre indien ou marijuana… mais sans le THC!
La partie active du houblon est le strobile ou cône femelle
Retenons deux grandes propriétés pour le houblon: sédatif et estrogénique
Sédatif d’abord: une infusion de houblon est un bon hypnotique. Une autre manière de profiter des vertus du houblon sur le sommeil: deux ou trois poignées de houblon séché dans un linge glissé sous votre taie d’oreiller garantissent un sommeil de marmotte! Changer les cônes tous les 8-10 jours.
Une autre propriété du houblon : son effet estrogénique, c’est à dire semblable à l’hormone féminine (estrogène). Le houblon soulage ainsi les bouffées de chaleur de la ménopause, mais attention: il convient d’observer les mêmes précautions qu’avec un traitement substitutif allopathique! (certains auteurs décrivent un effet protecteur sur le cancer du sein , mais les résultats des études ne sont pas assez tranchés pour permettre une conclusion définitive).
L’autre indication classique liée à cet effet estrogénique est l’augmentation de la lactation: l’époque où les jeunes mamans recevaient de la bière pour « faire monter le lait » n’est pas si lointaine… Le houblon a la caractéristique d’augmenter l’appétit, effet souvent redouté, parfois souhaité!
Le lamier blanc Lamium album Lamiacées
La partie utilisée est la fleur ou la sommité fleurie (le haut de la plante avec les fleurs).
Son nom vernaculaire Ortie blanche est trompeur: elle n’a rien d’une ortie! Si la forme des feuilles peut prêter à confusion, il s’agit d’une autre famille botanique, pas de poils urticants, floraison très différente.
Le lamier est une plante un peu passée de mode, pourtant bien intéressante, de par son abondance et ses propriétés: la tisane facilite le travail du foie et des reins, et en applications externes, elle améliore les démangeaisons du cuir chevelu tout en réduisant les pellicules.
En Allemagne, les indications autorisées sont plus larges, puisq’elle est reconnue pour dégager les voies aériennes supérieures (nez bouché, toux grasse), les inflammations de la bouche et de la gorge, et aussi les « pertes blanches ».
Le lierre Hedera helix Araliacées
Encore plante (injustement) mal aimée!
On la nomme aussi bourreau des arbres, herbe à cors, herbe à cautère…
Malgré sa réputation de parasite, le lierre n’affaiblit pas l’arbre qui le porte: il le protège des variations brutales de température, apporte un humus riche, héberge une flore variée… Seule difficulté: lorsqu’il s’installe sur un mur, qu’il protégera de l’humidité, ne pas le laisser s’immiscer dans la toiture: elle n’y résistera pas.
La partie active est la feuille récoltée au printemps ou le bois.
Attention aux baies de lierre qui sont hautement toxiques: elles sont émétiques (= font vomir ) et purgatives, et peuvent être responsables d’intoxications graves chez l’enfant, dès l’absorption de deux ou trois baies. Les intoxications peuvent être mortelles . Cette toxicité rend d’autant plus surprenant une prescription ancienne (1864) d’un médecin anglais, confirmant un usage de l’Antiquité: 7 à 11 baies macérées dans de l’eau permettraient d’éliminer des calculs rénaux… une expérience à ne tenter sous aucun prétexte! Les baies sont délaissées des oiseaux, mésanges et grives en picorent parfois, en dernier recours. Mais le lierre est réputé toxique pour les oiseaux de volière.
Les feuilles de lierre récoltées au printemps peuvent se prendre en tisane contre la toux , même dans la coqueluche que peu de médicaments savent apaiser, ainsi que le bois.
Alors que les feuilles fraîches sont parfois irritantes, elles sont recommandées sous forme sèche comme adoucissant de la peau. Et le lierre a eu son heure de gloire dans des produits « amincissants » ou présentés comme anti-cellulite!
Et l’écorce était jadis employée « contre la syphilis et les dartres » selon le dictionnaire Dorvault de 1945, qui ne donne pas la formule du remède.
Les Anciens utilisaient le lierre comme plante médicinale, parée de vertus magiques. Dioscoride le recommande aussi pour décolorer les cheveux. Le lierre est avec la vigne un des attributs de Dionysos. Parmi ses indications traditionnelles: une couronne de feuilles fraîches calme les effets d’une consommation excessive d’alcool… L’emploi contre les céphalées est repris par Matthiole au XVIème siècle, sous forme de macérat huileux.
Un vieux remède oublié (mais le lierre n’a pas été surnommé l’herbe-aux-cors pour rien): faire macérer une feuille neuf jours dans du vinaigre, puis appliquer pendant 9 jours sur le cor au pied.
Savez-vous que le lierre est une lessive naturelle? Riche en saponines, vous pouvez préparer une lessive liquide:
150g de feuilles en décoction dans 2 litres d’eau (laisser bouillir 20 minutes), filtrer et utiliser pour le lavage. (source: le chemin de la nature)
La matricaire Matricaria recutita (ou Chamomilla recutita) Astéracées
Une des nombreuses camomilles!
La partie médicinale est la fleur. C’est la tisane familiale par excellence : en dehors de l’allergie (rarissime), on ne lui connaît pas de contre-indication.
Elle est calmante, anti spasmodique, elle facilite la digestion. Elle soulage les règles douloureuses, rend grandement service aux migraineux (migraines digestives, migraines liées à la fatigue et aux contrariétés notamment).
En usage externe, elle calme les démangeaisons et les coups de soleil, soulage les inflammations de la bouche (les aphtes, mais aussi les lésions provoquées par certaines chimiothérapies: une simple infusion de matricaire additionnée de bicarbonate de sodium calme l’inflammation et la douleur), l’infusion soigneusement filtrée apaise l’irritation des yeux et des paupières.
La tisane de matricaire ne présente pas de contre-indications ou de précautions particulières (en dehors d’une allergie aux astéracées), mais son huile essentielle est à éviter chez la femme enceint.
La mauve Malva sylvestris Malvacées
Dans la mauve, on utilise la fleur et la feuilles séchées pour préparer des tisanes. Riches en mucilages, elles ont des propriétés reconnues pour adoucir la gorge et calmer les toux d’irritation, calmer les brûlures d’estomac et pour lutter contre la constipation: c’est un laxatif doux adapté aux futures mamans et aux enfants.
Vous pouvez aussi utiliser l’infusion pour tamponner la peau en cas de démangeaisons, d’eczéma, et une fois bien filtrée et tiédie, lotionner les yeux fatigués par une atmosphère enfumée, une baignade en mer ou en piscine, un effort visuel prolongé…
La mauve fait partie des « espèces pectorales », avec le bouillon-blanc, la violette, le tussilage, le coquelicot, la guimauve et le pied-de-chat.
Ne laisser pas reposer trop longtemps votre infusion: les mucilages vont épaissir et transformer le liquide en une gelée!
Un mélilot Melilotus albus Fabacées
Trèfle des chevaux
Le mélilot est une belle plante mellifère… encore une mauvaise herbe qui porte mal son nom!
Ce n’est pas l’espèce officinale, mais en partage les propriétés: le mélilot augmente le débit veineux et le débit de la lymphe, il lutte contre les œdèmes. Comme toujours dans les cas des « jambes lourdes », les études cliniques sont décevantes, mais l’usage est bien établi. La présence de coumarines fait craindre des interactions avec les médicaments anticoagulants: soyez prudents si vous êtes concernés.
Cette indication sur la circulation veineuse et lymphatique n’était pas mise en avant par les auteurs anciens: le mélilot était surtout connu pour son effet sédatif, voire hypnotique selon la dose et la sensibilité individuelle, diurétique, digestif, antispasmodique.
L’infusion aujourd’hui s’utilise peu, par crainte d’un effet toxique sur le foie (mais il faudrait des doses colossales: 5 à 18 fois supérieures aux doses usuelles, selon Bruneton!) et par confusion entre la coumarine (qui n’est pas anti coagulante par elle-même) et un de ses dérivés, le dicoumarol* (qui est bien anticoagulant !), produit seulement si le mélilot est contaminé par un champignon. Ce dicoumarol est responsable de la maladie « du mélilot gâté »: hémorragies parfois mortelles chez le bétail consommant un mélilot mal conservé.
En usage externe en revanche, le mélilot fournit un collyre pour les inflammations des paupières, les irritations. Des auteurs ont proposé des emplâtres contre les rhumatismes (hélas, les composants sont introuvables ou presque: gomme ammoniaque, suif…)
Un bouquet séché est réputé éloigner les mites des lainages!
*les anticoagulants « anti vitamine K » utilisés en médecine dérivent de ce dicoumarol.
Les menthes Mentha x sp Lamiacées
Les menthes sont des espèces communes, il suffit de froisser leurs feuilles pour reconnaître leur odeur caractéristique.
Elles sont comestibles.
On dit parfois de la menthe qu’elle est menteuse, tant sa faculté d’hybridation est grande.
La menthe est entourée de nombreuses légendes: Chez les Grecs, la nymphe Minthe tenta de séduire Pluton, et sa femme la métamorphosa en menthe, Pluton ne pouvant exorciser ce sort cruel lui donna son parfum suave. Dans une variante, Perséphone surprenant les ébats entre Pluton et la nymphe piétine celle-ci jusqu’à la réduire en miettes: ainsi naquirent les plants de menthe… Les jeunes filles en tressaient leur couronne de mariée.
Dans l’Antiquité toujours, Pline conseille de porter une couronne de menthe pour favoriser le travail intellectuel.
Les propriétés de la menthe sont fort nombreuses: les feuilles de menthe froissées appliquées sur le front soulagent les maux de tête (de même avec une goutte d’huile essentielle de menthe poivrée). Une tisane de menthe est tonique, digestive, carminative, antispasmodique. Même La Revue Prescrire, pourtant peu encline à admettre les vertus des plantes, reconnaît du bout des lèvres l’intérêt de la menthe poivrée dans les troubles intestinaux bénins récurrents (1)!
La menthe pouliot Mentha pulegium (du latin Pulex puce) est réputée insectifuge: dès l’Antiquité romaine, cette menthe était mêlée à litière des animaux, au Moyen-Âge elle parfumait les jonchées répandues sur le sol en terre battue des habitations, aujourd’hui encore, l’huile essentielle de menthe pouliot est un bon insectifuge pour vos animaux domestiques (dans leur panier , en vérifiant au préalable que l’animal en accepte l’odeur). Cette propriété insectifuge est réelle avec toute les menthes: vous pouvez porter un bouquet de menthe pour éloigner les moustiques, ou en frotter la peau!
Le nénuphar jaune Nuphar lutea Nymphéacées
Le nénuphar jaune est répandu sur les eaux calmes ou dormantes.La partie utilisée est le rhizome.
Il est aujourd’hui utilisé sur la base des usages traditionnels, mais n’a pas fait l’objet d’études pharmacologiques. L’ Agence du médicament lui avait reconnu pour un usage externe, intégré à des préparations cosmétiques, des propriétés adoucissantes de la peau, pour les crevasses, gerçures, les brûlures superficielles, l’érythème fessier du nourrisson etc.
Les auteurs anciens sont plus diserts à son égard: les médecins de l’Antiquité et du Moyen-Âge lui ont fait une réputation d’anaphrodisiaque, et Henri Leclerc le confirme au début du XXème siècle: le nénuphar peut « calmer l’excitation sexuelle et conjurer les phantasmes (sic) malsains » (ref 1)
Certains présentent les graines comme comestibles, en les faisant éclater comme les pop corns.
Les orties Urtica dioïca, U.urens, Urticacées
Vous les connaissez: les feuilles piquent! c’est pourtant une plante comestible (se munir de gants pour la cueillette) car les poils urticants sont inactivés par la cuisson. (les conseils de cueillette, c’est par ici). C’est une plante médicinale: les parties utilisées sont les feuilles et les racines, avec des indications différentes.
L’ortie est riche en minéraux, en vitamines ( B9 ou acide folique, C, E), en protéines, en anti-oxydants. Elle contient aussi du fer , en quantité extrêmement variable selon la saison, la nature du sol, l’exposition au soleil . (Gardons à l’esprit que le fer végétal est mal assimilé par l’organisme, le fer « héminique » animal est mieux absorbé). un article par là. Avantage dans l’ortie: la présence simultanée de vitamine C qui facilite l’absorption du fer, et d’acide folique qui intervient dans la synthèse des globules rouges.
Parmi ses minéraux, le bore (à condition que le sol en contienne encore!) qui facilite la minéralisation osseuse associé au calcium: une bonne plante pour garantir des os solides. L’ortie contient aussi du sélénium et de la silice, du phosphore, du magnésium en quantité très inconstante, du potassium, du cuivre, du manganèse…
La feuille d’ortie est riche en protéines (5-6 g pour 100g de feuilles fraîches), et surtout contient les 8 acides aminés dits essentiels (alors que les céréales sont dépourvues de lysine et que les légumineuses sont dépourvues de méthionine).
Qui a dit « mauvaise herbe »? La feuille d’ortie est un complément multivitamines et minéraux à elle seule! une recette ici de tarte aux orties
En tisane, la feuille d’ortie est diurétique du fait de ses minéraux, et surtout minéralisante: c’est la plante de base des consolidations de fractures, des cheveux et ongles fragiles, et bien sûr du maintien de la masse osseuse.
Loin des indications officielles, mais une utilisation de bonne femme (et une nouvelle fois, je l’écris avec grand respect car un remède bonne femme est étymologiquement un remède bonne fame, c’est-à-dire de bonne renommée): la feuille d’ortie facilite la montée de lait. Si aujourd’hui peu de jeunes mamans en prennent, les éleveurs ne s’y trompent pas… l’ortie est un complément classique des vaches laitières qui ont la chance de vivre dans un élevage orienté bio.
La racine d’ortie a des indications très différentes: elle soulage les symptômes liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Et n’oublions pas le purin d’ortie, fongicide, insecticide et régulateur de croissance, le favori des jardiniers qui se préoccupent de l’environnement… En outre, l’ortie est un dépolluant naturel car elle assimile l’excès d’azote du sol.
Et un dernier usage: la tige d’ortie est une fibre textile souple, légère et résistante. Son usage est attesté aux XVII et XVIIIème siècles en Europe de l’Est. Supplantée par le coton, elle revient en force, dans le cadre des recherches de textiles écologiques. Une alternative intéressante car l’ortie est peu gourmande en eau, alors qu’il faut environ 10 tonnes d’eau pour fabriquer un kilo de coton… pensez que votre T shirt a nécessité environ 2500 litres d’eau!
La persicaire tachetée Persicaria maculosa Polygonacées
Son ancienne dénomination Polygonum persiacaria la rattache aux renouées: elle est aussi connu sous les termes de pied rouge ou renouée persicaire.
Son nom de persicaire lui vient de la forme des feuilles, semblables aux feuilles de pêcher.
Les graines peuvent être données aux volailles. Elle produit une teinture orange qui fut utilisée pour le lin.
Cazin (1868) rapporte des usages médicinaux: une décoction de persicaire dans du vin rouge, en cataplasmes renouvelés toutes les heures, viendrait à bout de la gangrène… Elle était aussi conseillée dans de multiples cas, diarrhées, hémorragies (ce qui se conçoit par ses principes astringents), mais aussi jaunisse, scorbut…
Les feuilles sont faciles à reconnaître, avec leur chevron pourpre ou brun. Elles seraient comestibles, en tout cas dépourvues de toxicité!
Le plantain lancéolé Plantago lanceolata et le Plantain majeur P.major Plantaginacées
Herbe-aux-cinq-coutures
Une jolie légende: si vous voulez vous faire aimer de qui vous ignore, faites toucher à la personne de l’herbe de plantain, et dévotement, portez l’herbe à votre cou…
La plante fraîche calme toutes les piqûres (orties, moustiques…) : il suffit de froisser les feuilles et de frotter la zone atteinte.
Il existe un collyre à base de plantain destiné aux irritations (piscine, vent, écrans…)
En infusion, les parties aériennes sont des anti inflammatoires des voies respiratoires: rhumes, allergies, sinusites, toux…
La pulicaire Pulicaria dysenterica Astéracées
Pulicaria vient du latin Pulex : puce, car la plante séchée était utilisée comme insectifuge ou insecticide dans les niches et les étables.
C’est une plante astringente, très efficace contre les diarrhées: au XVIIIème siècle, Linné rapporte que les Russes avaient soigné une épidémie de dysenterie lors d’un siège contre les Turcs. (dans cette indication, le remède est constitué par une décoction de racines et sommités fleuries).
Les fleurs sont vulnéraires (=cicatrisantes), parfois mêlées à l’arnica, pour les contusions et les hématomes.
La ronce Rubus fruticosus Rosacées
Vous connaissez son fruit, la mûre sauvage si délicieuse .
Ne confondons pas la ronce, arbrisseau épineux de la famille des rosiers, avec les mûriers (noirs ou blancs), qui sont des arbres, portant des fruits semblables aux mûres sauvages, et dont les feuilles (pour le mûrier blanc) nourrissent les vers à soie… Pour une fois, référons nous à l’anglais: la mûre sauvage, c’est la blackberry, la mûre du mûrier , c’est la mulberry, qui peut-être white ou black, qu’on trouve souvent séchée.
Riche en tanins, la feuille de ronce est un appoint dans le traitement des diarrhées. Mais la tradition le destine aux maux de gorge et aux toux d’irritation.
La feuille de ronce fermentée puis séchée produit un succédané de thé tout à fait acceptable.
Les fruits sont comestibles bien sûr, riches en anthocyanes, ils sont anti oxydants. Ils représentent une bonne source de fibres, de vitamines C et E, et de manganèse.
Une plante de la même famille a la réputation de faciliter l’accouchement: c’est le framboisier Rubus idaeaus (ronce du mont-Ida). Si aucune étude n’a prouvé l’efficacité du remède, la tradition est bien ancrée, et la plante est, avec certitude, non toxique: pas d’hésitation si vous êtes concernée (infusion de feuilles, 2-3 tasses par jour, le dernier mois de grossesse… malheureusement, les framboises n’ont pas les mêmes vertus!)
La salicaire Lythrum salicaria Lythracées
Une plante très repérable! elle contient beaucoup de nectar et attire les insectes. Ses graines deviennent collantes par temps humide, et adhèrent au plumage des oiseaux qui les disséminent.
Les sommités fleuries (la partie fleurie) est astringente: c’est une anti diarrhéique efficace.
On peut la sécher pour les infusions, ou la réduire en poudre pour appliquer sur les intertrigos (« pied d’athlète ») ou préparer une teinture pour usage externe à partir de la plante sèche (1 partie de plante sèche pour 5 d’alcool à 60°, macération 15 jours environ, filtrer et conditionner).
Les saules Salix purpurea, spp. L, Salicacées
Linné en dénombrait 29 espèces, aujourd’hui les botanistes en répertorient environ 500.
Dans la même famille, on trouve les peupliers: chatons pendants pour les peupliers, dressés pour le saule. Il est habituel d’étêter les saules: ce sont des têtards. Ces saules têtards sont des habitats pour beaucoup d’animaux, mammifères, oiseaux… car la cicatrisation de la repousse crée des cavités et des excroissances naturelles: un véritable écosystème à lui seul! On nomme osiers les saules à rameaux longs et flexibles. Les saules contiennent tous des principes actifs analogues.
La partie active est l’écorce de tige, les feuilles sont beaucoup moins concentrées. Les chatons sont réputés anaphrodisiaques (qui calme les ardeurs sexuelles, décrit par Jacques Daléchamps au XVIème siècle), calmants et antispasmodiques.
L’écorce de saule contient une substance remarquable: l’acide salicylique. La décoction de saule est, comme l’aspirine, antiinflammatoire, fébrifuge, antalgique… si la décoction de saule est peu irritante pour l’estomac, il n’en est pas de même pour l’acide salicylique: ce constat a conduit à synthétiser un produit dérivé, l’acide acétylsalicylique, plus connu sous le nom d’aspirine.
Les décoctions d’écorce de saule gardent un grand intérêt pour soulager maux de tête, inflammation, fièvre: moins agressif que l’aspirine, le saule est efficace. À réserver à l’adulte, contre-indiqué chez la femme enceinte, l’enfant (car pas de dosage possible), en association avec les anticoagulants, en cas d’allergie aux salicylés.
Vous pouvez préparer une teinture (une part d’écorce de tige pour 4 parts d’alcool), du vin de saule (50g par litre de vin blanc).
Les racines filtrent l’eau, le saule épure son environnement. Son système racinaire vigoureux protège les berges.
Le sureau noir Sambucus nigra Adoxacées (ex- caprifoliacées)
Arbre-de-Judas
Attention à ne pas confondre avec le sureau hièble: le sureau noir a un tronc ligneux, comme un arbre.
Feuilles et seconde écorce sont réputées toxiques (elles contiennent une faible proportion d’acide cyanhydrique).
Les fleurs font d’excellents beignets, au printemps, ainsi qu’un cordial réputé (en Angleterre), et un sirop rafraîchissant.
Les fleurs séchées sont diurétiques, sudorifiques et fluidifient les sécrétions bronchiques: c’est la tisane des rhumes, des états grippaux.
Les fruits crus sont irritants voire toxiques. Un extrait de fruits est néanmoins immunostimulant.
Le sirop de sureau est un bon anti-viral: à préparer pour un état grippal cet hiver.
Faire bouillir 10 minutes un litre d’eau avec 1kg de sucre, ajouter 1 kg de baies sans tiges pour 4 minutes, 30g d’acide citrique (pour la conservation) ou le jus de 2 citrons ou des clous de girofle, laisser tiédir , filtrer, porter de nouveau à ébullition et stocker en bouteilles stérilisées.
Se conserve 6 à 9 mois environ. Pour les rhumes, états grippaux: 3 à 6 cuillerées à soupe par jour.
La viorne obier Viburnum opulus Adoxacées
Une plante arbustive dont vous connaissez les variétés cultivées sous le nom de « boule-de-neige » . Celle-ci se nomme aussi bois à quenouille, rose de Guèldre, sureau d’eau…
Opulus se rapporte à l’ancien nom de latin de l’érable champêtre (les feuilles se ressemblent un peu).
Les baies si appétissantes sont délaissées par les oiseaux: comme les feuilles, les fruits sont purgatifs et émétiques , mais employés comme toniques cardiaques dans la tradition slave.
Dans la tradition médicinale occidentale, l’écorce de viorne obier est une « plante gynécologique » pour reprendre l’expression du Dr Leclerc: antispasmodique de l’utérus, indiquée dans les règles douloureuses, les hémorragies de la ménopause, les spasmes consécutifs à l’accouchement… ces indications traditionnelles, quelque peu abandonnées aujourd’hui, sont de nouveau étudiées (et confirmées!): une étude ici par exemple.
Une particularité de la fleur de viorne obier: les fleurs centrales, toutes petites, sont les fleurs fertiles, avec pistils et étamines. Les « fleurs »périphériques, si éclatantes avec leurs grands pétales blancs, sont stériles, et servent à attirer les insectes!
Et le nom russe, kalina, est à l’origine de la chanson traditionnelle kalinka (petite baie d’obier). La viorne obier est un symbole national de l’Ukraine.
Bibliographie succincte
1- Premiers choix Prescrire Troubles intestinaux bénins récurrents , actualisation août 2017, 5 pages.
Breverton’s Complete herbal, based on Culpeper’s The English Physitian and Compleat Herball of 1653 Éd.Quercus
Jean Bruneton Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales , 5ème édition, ED.Lavoisier Tec et doc
Dorvault L’officine, répertoire général de pharmacie pratique dix-huitième édition-bis, Vigot frères, éditeurs, 1945
Michel Dubray Guide des contre-indications des principales plantes médicinales Ed.Lucien Souny
Jacques Fleurentin, Jean-Claude Hayon, Jean-Marie Pelt Des plantes qui soignent Ed. Ouest-France2018
Paul-Victor Fournier Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France Éd. Omnibus
Francis Hallé Stéphane Hette Frédéric Hendoux Les arbres amoureux Ed. Salamandre, 2018
Bill Laws Fifty plants that changed the course of History Firefly Books
Marie-Antoinette Mulot herboriste diplômée Secrets d’une herboriste Éd.Dauphin
Aline Raynal-Roques La botanique redécouverte Ed.Belin INRA 2008
Henriette Walter , Pierre Avenas La majestueuse histoire du nom des arbres Ed.Robert Laffont, 2017
Max Wichtl, Robert Anton Plantes thérapeutiques Tradition, pratique officinale, science et thérapeutique 2ème édition, Ed.Lavoisier, Tec et doc